Dans une lettre ouverte adressée à la communauté internationale, cinq ONG internationales appellent les chefs d’état et ministres, dont Bernard Kouchner pour la France, réunis aujourd’hui au sommet sur le Soudan à décider des actions concrètes pour assurer à tous les Soudanais la paix, la sécurité et le développement. Pour les organisations, l’absence d’action pourrait entraîner une nouvelle flambée de violence et menacer l’avenir du plus grand pays d’Afrique, alors qu’il reste à peine plus de 100 jours avant le référendum qui décidera si le Sud doit continuer à faire partie du Soudan.
International Rescue Committee, Oxfam, Tearfund, World Vision et Christian Aid, qui travaillent toutes au Soudan depuis de nombreuses années, ont prévenu aujourd’hui que les prochains mois seront parmi les plus cruciaux dans l’histoire du Soudan. Malgré cette échéance qui se profile rapidement, de nombreuses questions clés restent sans réponse, notamment la démarcation de la frontière Nord-Sud, l’enregistrement des électeurs et le partage des revenus du pétrole. Pour les organisations, les engagements diplomatiques doivent aller de pair avec l’assurance que les civils soient protégés des violences, reçoivent l’aide humanitaire adéquate et que les besoins essentiels de développement soient couverts.
« Nous saurons dans quelques mois si les leaders mondiaux ont réussi ou échoué à propos du Soudan. Le temps presse et l’enjeu d’aujourd’hui est des plus importants. Cette réunion démontrera ou pas leur engagement en faveur d’un investissement à la fois financier et politique indispensable pour aider le Soudan à marcher vers un avenir pacifique. La décision d’aujourd’hui aura des conséquences sur des millions de Soudanais », a déclaré Kirsten Hagon, responsable du bureau d’Oxfam à New York.
L’accord de paix historique de 2005, qui a établi les termes du référendum, a été une grande avancée obtenue en collaboration étroite avec la communauté internationale. Pourtant, les ONG soulignent que ces avancées pourraient être ruinées dans les prochains mois sans un plan d’action fort soutenu par les dirigeants mondiaux et des efforts immédiats pour prévenir les violences.
A l’approche du référendum, la situation sécuritaire au Soudan demeure fragile. Depuis le début de l’année, 188 000 personnes ont été forcées de quitter leur foyer au Sud-Soudan.
Les ONG rappellent également que les leaders politiques ne doivent pas perdre de vue le sort des civils au Darfour où la situation s’est encore détériorée ces derniers mois, avec une augmentation importante des morts et des blessés civils. Les humanitaires ne peuvent accéder à certaines des zones les plus touchées.
Pour les organisations, la violence n’est pas l’unique menace qui plane sur les civils. Après cinq ans de relative paix, le Sud-Soudan reste une des régions les plus pauvres et les moins développées au monde. La moitié de la population n’a pas d’accès à l’eau potable et ne mange pas à sa faim. Routes, écoles et hôpitaux se font rares. Un enfant sur sept meure avant l’âge de sept ans et les taux de mortalité maternelle sont parmi les plus élevés au monde.
« Après des décennies de guerre et de déplacements, le Sud-Soudan repart de zéro et a besoin du soutien du reste du monde, dès aujourd’hui et sur le long terme. La vraie paix et la vraie stabilité ne pourront prendre forme que lorsque les populations auront accès aux droits et services essentiels », conclut Susan Purdin, Directrice d’International Rescue Committee au Soudan.
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