Gbagbo- Bédié: On soupçonne un deal (L’Inter)
«En politique, il faut s’attendre à tout. Ce qui compte pour nous qui avons été à l’école du Président Houphouët-Boigny, c’est la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi Bédié et Ouattara sont ensemble aujourd’hui. Si demain, Bédié et Gbagbo devaient se mettre ensemble pour sauver le pays, mais il le faudra. De toute façon, allons aux élections et on verra.»
Ces propos ont été tenus en privé, mercredi 29 septembre 2010, par un ancien ministre PDCI, dont nous taisons volontairement le nom. Membre du Bureau politique de l’ancien parti au pouvoir, ce haut cadre PDCI est toujours au service du président Henri Konan Bédié. Les confidences à nous faites hier par un membre du »bois sacré » laissent penser à un deal que le candidat »naturel » du PDCI aurait passé avec le candidat de »La Majorité Présidentielle » (LMP) dans la perspective du 31 octobre 2010. C’est une information qui circule depuis quelque temps à Abidjan, mais qu’aucune voix officielle, tant au FPI qu’au PDCI, n’a confirmé jusque-là. La rumeur, elle, se veut persistante. Laurent Gbagbo, dit-on, aurait conclu avec Bédié un »accord privé » dans le cadre de la présidentielle à venir. Si l’ancien ministre PDCI, qui s’est confié à nous hier mercredi n’a pas mis véritablement le pied dans le plat pour appeler un »chat un chat », il reste que l’élection présidentielle prochaine réserve de grosses surprises. On le sait, les alliances politiques se font et se défont en fonction des intérêts du moment. En 1995, Laurent Gbagbo, alors dans l’opposition, s’était allié à l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, dans un »Front Républicain » FPI-RDR , pour combattre Henri Konan Bédié. Après le coup d’Etat de décembre 1999 qui a contraint le président Bédié à quitter le pays, Laurent Gbagbo et le FPI vont se retrouver avec le PDCI et le PIT pour créer un »Front patriotique ». Une coalition politique qui était, au fond, dirigée contre Alassane Ouattara et le RDR accusés d’avoir commandité le coup d’Etat de 99 pour donner le pouvoir à feu le général Robert Guéi. Quand il est élu président de la République à l’issue »d’élections calamiteuses » en 2000, Gbagbo va faire face à une coalition houphouétiste conduite par Bédié et Ouattara. En mai 2005 à Paris, les présidents du PDCI et du RDR enterrent la hache de guerre et créent, avec l’UDPCI de Mabri Toikeusse et le MFA d’Anaky Kobéna, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le »Tout sauf Ouattara » (TSO) fait place au »Tout sauf Gbagbo » (TSG). Mais ces derniers temps, Henri Konan Bédié a mis beaucoup d’eau dans son vin dans ses rapports politiques avec Laurent Gbagbo. Lorsqu’il s’est posé le problème de plus de 429 personnes frauduleusement inscrites sur la liste électorale provisoire, qu’il fallait soustraire de la liste électorale, Bédié s’est rangé derrière la position de Gbagbo. Quand, en mai 2010, il fallait freiner les jeunes du RHDP qui voulaient organiser des manifestations éclatées pour »secouer » Gbagbo, c’est Bédié que le chef de l’Etat est allé voir »pour le sauver ». «Les jeunes voulaient organiser une marche insurrectionnelle qui durerait au minimum sept jours et qui ne cesserait qu’à la chute du régime Fpi et de Laurent Gbagbo », avait révélé le président du PDCI pour expliquer sa position. Une position qui avait notamment soulevé l’ire de Mabri, président de l’UDPCI, parti membre du RHDP. «Je suis peiné d’entendre des commentaires désobligeants, indignes de ceux qui les prononcent. Ils ont peut-être d’autres motivations», avait dit Mabri, dans une allusion claire au président Bédié. Au RHDP, certains avaient vu, dans le report des manifestions éclatées du 15 mai dernier, les effets collatéraux d’un »deal » Gbagbo-Bédié. Le président du PDCI, qui n’avait jamais mis les pieds au palais de la présidence de la République au Plateau depuis 2002 que Gbagbo est aux affaires, y est allé par deux fois ces deux derniers mois. Ce sont peut-être des signes qui ne trompent pas. Des signes qui n’écarteraient pas une alliance tacite Gbagbo-Bédié selon le cas de figure qui se présentera à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle du 31 octobre 2010.
TRA BI Charles
Rumeurs de deal entre Gbagbo et Ouattara (L’Intelligent d’Abidjan)
A quatre semaines trois jours du 31 octobre, les commentaires vont déjà bon train. Des rumeurs font état d’un deal entre Laurent Gbagbo, candidat de La Majorité Présidentielle (LMP) et Alassane Dramane Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains (RDR). Un accord vraiment mystérieux qui suscite beaucoup d’interrogations.
Rumeurs ou songes ? On ne saurait le dire. Mais le Président-candidat qui est donné favori par des sondages et qui croit fermement en sa victoire pour sa réélection, entamerait déjà des tractations au sommet entre lui et le candidat qui viendrait en seconde position, selon des sources dignes de foi. Le Président sortant parierait sur tout que c’est le candidat du RDR qui l’accompagnerait au second tour. Et qui naturellement, selon ses calculs, serait battu. D’où le deal de proposer une porte honorable de sortie à Ouattara pour non seulement le calmer à accepter les résultats des urnes mais aussi et surtout l’aider à sortir le pays de l’impasse. De peur qu’il ne rende le pays ingouvernable, le poste de Premier ministre aurait été proposé au leader des républicains, qui n’aurait trouvé aucune objection, précise la même source. Mais la rumeur ne dit pas ce que proposerait Ouattara à Gbagbo en cas de défaite de celui-ci. Cela ne serait pas du tout envisagé par les refondateurs qui sont convaincus d’une seule chose : la réélection de leur candidat. On avancerait même que le discours de la victoire de Laurent Gbagbo serait prêt. Que les tractations entre lui et ADO seraient très avancées. Et que ce dernier aurait accepté d’être son premier ministre, soutiennent les rumeurs proches du palais. Si cette rumeur est démentie avec vigueur par les partisans d’Alassane Dramane Ouattara, dans le camp du candidat de LMP, on reste mystérieux en évoquant un deal Gbagbo-Ouattara, contrairement aux apparences. Au niveau du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), on dénonce une intox et une manipulation à travers l’annonce d’un tel arrangement. Pis, les partisans de Bédié reprochent également à la LMP de faire croire aux Akan que Bedié et le PDCI seront de bons derniers. « Car au second tour, c’est Alassane Ouattara qui passera et si les Akan ne se réveillent pas pour faire gagner Gbagbo, la Côte d’Ivoire risque de tomber aux mains d’un étranger », argumente un partisan du camp présidentiel. De l’avis d’un expert de LMP, interrogé sur la question, ce rapprochement Gbagbo-Ouattara n’est en réalité qu’une stratégie de campagne électorale. Pour le RDR, tous ces bruits prouvent bien que la LMP n’est pas sereine et que ce deal relève de la pure imagination de ceux qui veulent casser le RHDP et opposer Bédié à Ouattara. Estimant que si leur candidat avait été approché par Gbagbo, il ne se laisserait pas compromettre pour un poste de Premier ministre. Au cas où ADO viendrait en 3è position, LMP rêverait d’un scénario dans lequel le RDR lâcherait Bédié et PDCI au second tour en faveur de Gbagbo, soutiennent les mêmes sources au RDR. En tout état de cause, faut-il donner du crédit à ces supputations ? Surtout quand on se réfère aux déclarations de Laurent Gbagbo, dans les colonnes de « Jeune Afrique », qu’il ne comptait pas sur une trahison entre les leaders du RHDP, pour gagner la présidentielle. Gbagbo aurait-il changé d’avis ? Cela dit, personne ne prendrait au sérieux ce type de calcul. Car il ne prend pas en compte l’agenda et les calculs personnels de Guillaume Soro, l’actuel locataire de la primature. En effet, le premier ministre n’est pas prêt à faire ses valises. Après la présidentielle dont le 2ème tour est prévu, selon toujours Jeune Afrique, le 28 novembre, Guillaume Soro compte bien organiser les élections législatives, municipales et départementales qui pourraient s’étaler jusqu’en Avril 2011. Soit encore 7 mois à passer à la primature pour le patron des Forces Nouvelles… tout un programme.
Charles Kouassi