L’idée que Charles Blé Goudé serait dans un deal avec Abidjan fait débat depuis ces dernières quarante-huit (48) heures. Partisans de la thèse d’un « retour négocié » et ceux d’une « véritable et sincère arrestation » ne manquent pas d’arguments.
Ceux qui rechignent à croire à une arrestation sans accord préalable pointent du doigt l’extraordinaire célérité avec laquelle les évènements se sont déroulés : le leader du Cojep, arrêté, le jeudi 17 janvier, dans la matinée, était le vendredi matin, à Abidjan, escorté par une unité spéciale. Il n’a pas eu le loisir d’être approché par ses avocats que Charles Blé Goudé a été transféré vers son pays. Ces critiques relèvent un cas « inédit » d’extradition du Ghana vers la Côte d’Ivoire voisine et observent que la procédure n’a pas respecté les lois ghanéennes. Justin Koné Katinan qui- comme le dernier ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo- fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par Abidjan, n’a pas été extradé avec autant d’agilité, susurre-t-on, dans certains cénacles pro-Gbagbo. Alors, Charles Blé Goudé aurait-il arrangé son arrestation puis son extradition avec des relais sur place à Abidjan ? Partisans du deal y croient fermement. Ils se souviennent que dans le cas « Koné Katinan », les autorités ghanéennes avaient produit un communiqué retraçant son arrestation et précisant que son extradition en Côte d’Ivoire réclamée par le régime serait appréciée dans le respect de la Constitution du Ghana.
Ses détracteurs fustigent encore des « connexions » avec certaines personnalités civiles et militaires en Côte d’Ivoire qui auraient favorisé ce%u2026 « retour au pays » ou cette « arrestation » prétendument négociée. Charles Blé Goudé, conçoivent-ils, avait des contacts réguliers avec le département de l’Intérieur, son chef en tête, et plus récemment, avec un président d’Institution, lointain camarade de la Fesci du « général » de la rue. La rumeur voudrait que Blé Goudé eût obtenu des garanties sécuritaires et de non comparution devant la Cour pénale internationale avant de s’engager à « se faire prendre ».
Il y a aussi le Cojep, son mouvement politique. Charles Blé Goudé l’a fait transformer il y a à peine un mois, en parti politique. Ses représentants à Abidjan l’ont proclamé président de ce nouveau parti quoiqu’en exil. Interprétation des défenseurs du deal avec les autorités : Charles Blé Goudé qui a des ambitions politiques s’est créé un instrument de conquête du pouvoir et a programmé son retour au bercail. Il entend prendre part à la vie politique et se verrait, volontiers, en successeur du mentor, Laurent Gbagbo, en détention à La Haye.
Enfin, il y a ce communiqué laconique lu à la télévision ivoirienne, le vendredi 18 janvier, sur l’affaire « Blé Goudé ». Les partisans d’un « retour négocié » estiment que ce texte, à lui seul, résume le coup politique. Ils en veulent ici au fait que le chef des jeunes patriotes soit mis à l’abri des caméras comme dans un souci de protection de son image, là où Moïse Lida Kouassi, extradé de Lomé, avait été aperçu, à la télévision, les bras menottés dans le dos, couverts d’un blouson.
La thèse d’un deal entre Charles Blé Goudé et les autorités ivoiriennes continue d’être agitée. Elle repose, pour l’heure, sur des faits analysés sans toutefois un commencement de preuve. L’avenir, sans doute, nous situera.
Kisselminan COULIBALY
Soir Info