Abel Naki répond à Soro

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 27 décembre 2011 14 h 19 min

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Pour être vainqueur, il faut avoir fait plus de victimes dans le camp adverse !

La Côte d’Ivoire s’apprête à nouveau à être sous les projecteurs des médias ; Avec l’ouverture des enquêtes sur les crimes commis en Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011, par la Cour pénale internationale, la confirmation ou l’infirmation des charges retenues contre l’ancien président, Laurent Gbagbo le 18 juin 2012 et la ratification du traité de Rome, après la mise en place du parlement ivoirien. Mais déjà chaque camp affute sa défense : le départ de la guerre de communication. Et c’est tout naturellement qu’en lieu et place du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, annoncé à la 10e session de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome, c’est le Premier Ministre, ministre de la défense et ancien secrétaire général des forces nouvelles, qui s’y est présenté comme pour montrer aux yeux de la CPI que le prochain débat sur les enquêtes en Côte d’ivoire le concerne au premier chef.

Après une communication digne d’un plaidoyer face aux juges de la CPI et des passages sur les chaînes de télévisions internationales, avec pour seul but le dédouanement de la rébellion de Bouaké, Soro Guillaume fait face désormais à son destin mais aussi aux critiques des ivoiriens. Pour les pro-Gbagbo incarnés par le chef de file de la résistance ivoirienne en France, Abel Naki, Soro Guillaume n’a pas encore tout dit aux ivoiriens.

 

 

 

 

 

Quel commentaire faites-vous du discours du premier Ministre Soro, lors de la 10e session de l’assemblée des Etats parties au Statut de Rome, à New York récemment ?

 

Abel Naki : Merci de nous donner l’occasion de nous exprimer, là où depuis un moment les médias dits internationaux ont choisi leur camp, dans une société où le pluralisme d’opinion devrait être la raison de leur existence. Pour vous répondre, à vrai dire, personnellement je ne connais pas monsieur Soro. Je l’ai entendu et vu pour la première fois en septembre 2002, lorsqu’il a revendiqué la rébellion qui venait d’attaquer mon pays, la Côte d’ivoire. La première question que je me suis posée, c’était de savoir, si cet acte émanait d’un ivoirien digne du nom ou bien était téléguidé par une puissance étrangère. Aujourd’hui, 9 ans après, je conclus que les propos de Soro à l’époque du coup d’Etat de 2002 n’ont pas varié malgré la volonté du peuple de Côte d’ivoire à lui pardonner son comportement d’un enfant égaré. Et pour autant il continue de dire qu’il aurait demandé pardon aux ivoiriens en 2007. Sinon et je le cite « En effet, comme vous le savez, la Côte d’Ivoire a basculé dans la violence et les atrocités à l’issue de la proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle. Le refus obstiné de l’ancien Président de la République, Monsieur Laurent Gbagbo, de reconnaitre sa défaite, et cela en dépit du mandat de certification des Nations Unies, a déclenché un conflit qui a fait plus de 3.000 morts et de nombreuses autres victimes. »

Si ce n’est pas de l’injure faite au peuple de Côte d’Ivoire du haut de la tribune des nations unies, cela ressemble bien à une folie, de dire que la Côte d’ivoire a basculé dans la violence seulement à partir des élections de novembre 2010.

 

Monsieur Soro dit aussi que la rébellion bénéficie d’une amnistie depuis 2003, laquelle amnistie a été prescrite dans les Accords de Ouaga de mars 2007.

 

Abel NAKI : Monsieur Soro peut raconter ce qu’il veut. Jusqu’à présent c’est un citoyen libre de toute opinion. En outre je voudrais lui renvoyer une copie de cet Accord signé de ses proches mains. « Article 3:
Afin de favoriser l’organisation des élections dans de bonnes conditions, les deux parties ont convenu de relancer, sans délai et sous la conduite du Cci et la supervision des forces impartiales, le désarmement, le stockage des armes des deux forces ex-belligérantes, ainsi que la démobilisation des ex-combattants des Forces nouvelles. En tout état de cause, ces opérations devront être achevées au plus tard deux mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle.
Les armes recueillies seront stockées par le Cci, sous la supervision des forces impartiales.
Les Forces nouvelles transmettront sans délai au facilitateur, pour le Cci, la liste des 3.400 éléments proposés pour être commis à des tâches de sécurité aux fins de leur déploiement dans les meilleurs délais aux côtes de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale, sous le commandement du Cci. A l’issue du processus de sortie de crise, ils pourront postuler aux concours de recrutement dans la Police nationale et dans la Gendarmerie nationale sur la base des critères nationaux de recrutement. Leur prise en charge sera assurée par le budget de l’Etat.
Les Forces nouvelles transmettront aussi au Facilitateur, pour le Cci, la liste du quota des 600 éléments issus de l’Accord de Pretoria qui seront déployés sans délai aux côtés de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale sous le commandement du Centre de commandement intégré. A l’issue du processus de sortie de crise, ils seront intégrés dans la Police nationale et dans la Gendarmerie nationale. Leur prise en charge sera assurée par le budget de l’Etat. »

Dites-moi la contribution de monsieur Soro dans ce processus de désarmement qui devait intervenir avant les élections, même si le président Gbagbo aurait cédé au traquenard électoral imposé par la France ? A lecture de cet article de l’APO, on se rend bien compte que les Forces Nouvelles comme le nom l’indique sont bien des forces étrangères aux forces de défense et de sécurité de la République de Côte d’ivoire (FDS). Les militaires qui sont venus du nord et qui sont entrés à Abidjan le 31 mars 2011 étaient-ils issus de l’armée régulière du pays ou de la fameuse armée réunifiée comme le prévoit l’APO ? Enfin, Il ne suffit pas de demander pardon et continuer à entretenir une rébellion et une partition du pays tout en violant tous accords nationaux et internationaux et espérer échapper à la justice.

 

Mais il fallait par tous les moyens contraindre l’ex président ivoirien à céder le pouvoir, y compris par les armes. Et c’est d’ailleurs ce refus qui aurait plongé la Côte d’ivoire dans la guerre, d’où son incarcération à la CPI, avait aussi dit monsieur Soro à New York.

 

Abel NAKI : Je ne suis pas historien, ni universitaire. Mais de mon expérience d’activiste militant, j’ose croire que dans toute l’histoire des guerres, même dans les films western que nous regardions tout petit, pour être vainqueur il faut avoir tué le plus de personnes dans le camp d’adverse. Aujourd’hui, monsieur Soro et monsieur Ouattara sont au pouvoir, donc ont vaincu monsieur Gbagbo sur le champ de la bataille. Ce sont donc eux qui ont tué plus de personnes en Côte d’Ivoire, car les partisans de Gbagbo sont bel et bien des ivoiriens. Je voudrais aussi rappeler à monsieur Soro qu’on ne fait pas 90% dans une localité et vouloir exterminer cette même population. A l’Ouest, région qui a perdu le plus lourd tribut, Gbagbo était majoritaire. C’est absurde qu’il tue par la suite ses propres électeurs ! A mon avis, monsieur Soro n’a pas encore tout dit aux ivoirien. Mais comme l’a dit notre président le 5 décembre 2011 devant la CPI, on ira jusqu’au bout !

Propos recueillis par Joséphine Ahizé.

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