Affaire Katinan: Dlamini-Zuma, Mbeki et Rawlings suivent le dossier
by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 28 août 2012 13 h 27 min
[1]Deux mois et demi après le «mensonge d’Etat» sur la fausse arrestation du ministre Koné Katinan au Cameroun, le régime a ravivé le «dossier», cette fois-ci en ventilant dans ses canaux locaux, le samedi 25 août 2012, une information relative à l’arrestation et à l’extradition imminente du porte-parole du président Laurent Gbagbo du territoire ghanéen vers la Côte d’Ivoire. Par la suite, le week-end a été riche en annonces et en démentis, en coups tordus et en opérations de manip’ plus ou moins réussies. Que s’est-il passé exactement ? Tout par d’un déplacement en Afrique du Sud du ministre Justin Katinan Koné, porte-parole du président Laurent Gbagbo, invité par l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki à Johannesburg pour prendre part aux travaux de l’African Forum, plateforme regroupant notamment d’anciens chefs d’Etat africains. C’est en compagnie de Me Lucie Bourthoumieux, une des avocates de Gbagbo, que Katinan séjournera du dimanche 19 au vendredi 24 août dernier en Afrique du Sud.
A la fin de son séjour fort enrichissant, au vu de la densité et de la qualité des personnalités rencontrées, le ministre du Budget du Gouvernement Aké N’Gbo et l’avocate Me Lucie Bourthoumieux regagnent la capitale ghanéenne d’où ils sont partis. C’est par un vol régulier de la South African Airways qu’ils atterriront à l’aéroport international Kotoka d’Accra. Après les formalités d’usage, c’est à leur sortie de l’aéroport, qu’ils seront apostrophés par des agents de la police ghanéenne. Et pour cause : une short-list de personnalités ivoiriennes en exil a été transmise par les autorités ivoiriennes. Justin Koné Katinan figure sur la fameuse short-list. Très clairement, le régime Ouattara l’accuse d’être impliqué dans les récentes attaques armées contre des cibles militaires en Côte d’Ivoire. En procédant ainsi, il espère faire prospérer sa demande d’extradition auprès d’un pays qui s’est toujours refusé à lui livrer ses opposants politiques.
C’est donc en raison de ces accusations fallacieuses que Koné Katinan sera interpellé par les services de l’immigration et gardé depuis lors dans les locaux du Bureau of national investigation (BNI), l’équivalent de la Direction de la surveillance du territoire (DST) ivoirienne. Et avant même que les autorités ghanéennes ne communiquent sur l’affaire, c’est curieusement Abidjan qui a ventilé l’information de l’arrestation du ministre Katinan et de son «imminente extradition» dans la journée du samedi dernier.
La Constitution ghanéenne, le rempart de Katinan
Une extradition qui n’est jusque là pas encore intervenue. Parce que contrairement au Togo, le Ghana est pointilleux sur le respect des lois et des procédures. Et dans le cas de l’affaire Katinan, les autorités ghanéennes butent principalement sur les dispositions de la Constitution ghanéenne de 1992, qui sont assez strictes concernant tout ce qui est relatif à l’extradition et au non refoulement. De plus l’ex-ministre du Budget du gouvernement Aké N’Gbo bénéficie du statut de réfugié reconnu par les autorités ghanéennes et le HCR. On se souvient que c’est à la veille de la visite de Ouattara à Accra, le 6 octobre dernier, que le Parlement ghanéen avait voté à l’unanimité une disposition reconnaissant le droit d’asile et favorisant le statut de refugié aux dizaines de milliers d’Ivoiriens qui avaient trouvé refuge dans ce pays voisin.
Si le Ghana a confirmé l’interpellation de Katinan Koné qui revenait du pays de Nelson Mandela, son extradition est loin d’être acquise. Selon les informations en notre disposition, cette «garde à vue» prolongée est en réalité une mesure sécuritaire prise par les autorités ghanéennes à l’endroit de celui qui porte la voix du président Laurent Gbagbo. Devant la tournure et la sur-médiatisation de cette affaire, les autorités ont jugé bon de le mettre à l’abri le concerné. Qui a pu rencontrer des membres de sa famille dans la soirée de samedi dernier.
Une action longtemps préparée par le régime Ouattara
Selon nos sources, des informations à la précision troublante sur l’arrestation d’un «gros poisson» parmi les exilés politiques au Ghana circulaient depuis quelques temps. Les autorités ivoiriennes, notamment le ministre des Affaires étrangères, au cours de sa conférence de presse du lundi 20 août dernier, avaient annoncé l’accélération des procédures avec le Ghana sur les extraditions. De son côté, le ministre de l’Intérieur avait subtilement laissé entendre au cours d’une rencontre que le Ghana était disposé à collaborer. C’est pour cette raison qu’Abidjan a été la première capitale à ventiler l’information sur l’arrestation de Katinan. Avant d’annoncer le samedi matin avoir dépêché des juges (et des éléments de la Dst) à Accra pour obtenir son extradition. Cette délégation a-t-elle réellement quitté Abidjan ? En tout cas, les autorités ghanéennes ne confirmeront pas la venue d’une délégation ivoirienne pour négocier l’extradition du porte-parole de Laurent Gbagbo. Alors s’agissait-il d’un coup de bluff médiatique destiné à faire pression sur Accra ? Une chose est sûre : le régime d’Abidjan est prêt à tout pour obtenir la «tête» de Katinan sur un plateau d’argent. Celui dont l’arrestation et l’extradition ont été plusieurs fois annoncées y compris par Ouattara lui-même.
Dlamini-Zuma, Mbeki et Rawlings suivent le dossier
Le Ghana va-t-il céder à la pression «ouattaresque» ? Pas si sûr. Surtout que c’est volontairement que les autorités ghanéennes ont «construit» un mur juridique en béton armé qui protège les exilés politiques. De plus, Katinan et ses camarades jouissent du regard protecteur de l’ex-président John Jerry Rawlings qui ne ménage aucun effort quand il s’agit des pro-Gbagbo. Selon les informations en notre possession, ce dernier est au fait de cette affaire et ne tient pas à ce que son pays «vende» des frères ivoiriens. Plus loin d’Accra, le dossier est très suivi par les autorités sud-africaines. Notamment, la présidente de la Commission de l’Ua, Mme Nkozasana Dlamini-Zuma, et l’ex-président Thabo Mbeki qui ont eu des entretiens avec le ministre Katinan Koné lors de son récent séjour à Johannesburg.
De leur côté, les proches de Katinan Koné sont confiants et assurent qu’il ne sera pas extradé et recouvrera la liberté assez rapidement. Pour l’heure, l’affaire reste entre les mains de John Dramani Mahama, le successeur constitutionnel de John Atta Mills.
Source: Le Nouveau Courrier
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