Johannesburg – Huit policiers sud-africains ont chacun écopé mercredi de 15 ans de prison pour le meurtre en 2013 d’un chauffeur de taxi mozambicain, traîné sur la chaussée par un fourgon de police, un supplice filmé par des amateurs et qui avait suscité l’indignation.
« Chacun d’entre vous est condamné à 15 ans de prison », a déclaré le juge Bert Bam à la Haute Cour de Pretoria, qualifiant de « barbare et totalement inacceptable » l’attitude des huit policiers.
Ce fait divers qui s’était produit à Daveyton, dans la banlieue de Johannesburg, avait profondément choqué l’opinion publique, grâce à une vidéo amateur qui montrait le supplice infligé au chauffeur de taxi, Mido Macia, un Mozambicain de 27 ans.
« Les images parlent d’elles-mêmes : (…) tirer un individu derrière un véhicule est totalement inutile, illégal et absolument injustifiable », a souligné le juge mercredi.
« Mais ce qui rend l’attitude (des policiers) encore plus répréhensible est l’attaque lâche qu’ils ont commise en cellule sur un homme sans défense et déjà gravement blessé », a-t-il poursuivi, en référence aux coups portés au jeune Mozambicain au commissariat de police après le supplice de la fourgonnette.
Le juge Bam a ajouté que les accusés n’avaient « malheureusement » pas exprimé de remords. « Ils ont maintenu qu’ils étaient innocents. La contrition est un élément important qui aurait pu atténué la peine » infligée, a-t-il précisé.
En février 2013, après une altercation avec la police à propos d’un stationnement gênant, Mido Macia avait été menotté et attaché par les mains à l’arrière d’un véhicule de police, alors qu’une foule assistait à la scène.
Sur la vidéo amateur qui a fait le tour du monde, on voit le véhicule de la police démarrer et avancer, et un policier soutenir les jambes du chauffeur de taxi. Quand le fourgon prend de la vitesse, le policier renonce, laissant le jeune homme traîné à terre sur la chaussée.
Après ce calvaire, Mido Macia avait été tabassé en cellule au commissariat, selon l’autopsie qui a fait apparaître des plaies à la tête, des marques de lacérations et des hématomes. Il avait ensuite été retrouvé mort baignant dans une mare de sang dans sa cellule.
En août 2015, les huit policiers jugés pour sa mort avaient été reconnus coupable de meurtre, un crime passible d’au moins quinze ans de prison.
A leur procès, ils avaient affirmé que Mido Macia avait résisté durant son arrestation et les avait insultés. Le chauffeur du fourgon de police avait lui assuré de ne pas savoir que le Mozambicain était accroché derrière le véhicule quand il a démarré.
Le juge Bam avait rejeté la ligne de défense des policiers, estimant qu’elle était « bourrée d’incohérences et d’affirmations improbables ». Il avait retenu la thèse du parquet selon laquelle ils avaient voulu « donner une leçon » au taxi après qu’ils les eut insultés.
La mort de Mido Macia avait eu d’autant plus de retentissement qu’elle était intervenue quelques mois seulement après une autre bavure de la police, le massacre de Marikana (nord) où 34 mineurs en grève avaient été abattus par la police en août 2012.
La police sud-africaine a commis de nombreux dérapages ces dernières années, attribués à un manque de professionnalisme, qui s’explique notamment par la présence de dirigeants inexpérimentés ou corrompus.
Angop