Tunis – Accueilli dimanche à Tunis par des milliers de partisans après un exil de 20 ans, l’islamiste Rached Ghannouchi a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la première élection présidentielle de la Tunisie de l’après Ben Ali, l’ex-président qui avait laminé son mouvement.
« Je ne vais pas me présenter à la présidentielle, et il n’y aura aucun (candidat) membre d’Ennahda », a déclaré le dirigeant du mouvement islamiste, dans un entretien à l’AFP au domicile de son frère dans le nord de Tunis. Il est en revanche resté vague quant à une participation d’Ennahda aux législatives, qui doivent théoriquement être organisées, comme la présidentielle, dans un délai d’environ six mois.
« Après 20 ans d’absence, mon parti n’est pas prêt à jouer un rôle sur la scène politique, la priorité est de reconstruire Ennahda », a-t-il expliqué. Sa formation, interdite sous le règne de Ben Ali, a été écrasée dans les années 90, quelque 30.000 de ses membres ou sympathisants supposés arrêtés, tandis que des centaines d’autres étaient contraints à l’exil.
Il n’a pas exclu toutefois une éventuelle participation à l’équipe de transition qui s’est mise en place après la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, à l’issue de quatre semaines d’une révolte sans précédent à laquelle les islamistes ont surtout assisté en
spectateurs.
« Si nous sentons que le gouvernement satisfait les attentes de ceux qui ont pris part à cette révolution, alors pourquoi pas? », a-t-il commenté. C’est la première fois que le leader islamiste adresse, depuis le sol tunisien, un message d’ouverture au gouvernement de transition, qui devra répondre dans les jours à venir à une demande de légalisation d’Ennahda.
Au Caire, la police a disparu des rues et les citoyens s’organisent
Le Caire – Dans la capitale égyptienne, des comités de citoyens aux allures de milice d’auto-défense armés de fusils, de gourdins ou de barres de fer patrouillent la nuit les quartiers de cette métropole de vingt millions d’habitants, bloquant le passage des automobilistes, qui doivent justifier leur présence.
Ils étaient partout, à chaque coin de rue, à chaque carrefour, à chaque place publique, pour contrôler la circulation, assurer l’ordre et incarner la présence d’un Etat égyptien fort. Les policiers sont totalement absents des rues du Caire depuis les manifestation d’une ampleur sans précédent de vendredi contre le régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trois décennies.
« Il n’y a plus de police, elle a disparu. Nous avons donc dû nous organiser », explique un homme d’une cinquantaine d’années, une barre de fer à la main. Dans la capitale égyptienne, des comités de citoyens aux allures de milice d’auto-défense armés de fusils, de gourdins ou de barres de fer patrouillent la nuit les quartiers de cette métropole de vingt millions d’habitants, bloquant le passage des automobilistes, qui doivent justifier leur présence.
Une équipe de l’AFP a dû franchir une quinzaine de ces points de contrôle pendant la nuit ce week-end, afin de passer d’un quartier à l’autre de la ville où la population craint les pillards ayant fui les prisons et les saccages de commerces. De jeunes volontaires organisent la circulation sur les grandes artères, où l’armée s’est déployée en force. Une ceinture de chars s’assaut bouclait dimanche Midan Tahrir, la « place de la libération » dans le centre du Caire, où les manifestations antigouvernementales se poursuivaient.
En Egypte, l’armée reste une institution respectée par la population, qui n’a pas visé les militaires lors des manifestations mais bien la police, considérée comme le visage de l’Etat répressif et dénoncée pour sa brutalité et sa corruption. La disparition subite de la police dans les rues du Caire a vite fait de susciter la méfiance. C’est « un complot de la sécurité pour appuyer le scénario du chaos », titrait en Une dimanche le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom.
Sixième journée de révolte en Egypte
Le Caire – L’Egypte connaît une sixième journée de révolte contre le président Hosni Moubarak, sur qui la pression américaine s’accentue, tandis que tous les regards se tournent vers l’armée égyptienne.
20H21 – Priorité – Hosni Moubarak a demandé au Premier ministre Ahmad Chafic de faire du « rétablissement du calme sa priorité », au cours d’une réunion d’une heure et demie avec le Premier ministre et le vice-président, rapporte l’agence officielle Mena. Il a également appelé a « plus de réformes politiques ».
20h19 – Couvre-feu – La durée du couvre-feu en vigueur dans trois grandes villes d’Egypte, dont Le Caire, va être prolongée d’une heure à partir de lundi, annonce la télévision d’Etat.
20h13 – Police de retour – Le ministre sortant de l’Intérieur Habib el-Adli a ordonné le retour de la police dans la rue à travers l’Egypte, après qu’elle se soit retirée depuis vendredi et que des pillages ont eu lieu dans plusieurs endroits, indique la télévision d’Etat.
20h03 – Téléphone – La chancelière allemande Angela Merkel a eu dans l’après-midi un entretien téléphonique avec Hosni Moubarak faisant le tour de la situation, annonce son porte-parole dans un communiqué. Elle estime « indispensable de dialoguer avec la population, en particulier avec la jeunesse, et de s’occuper de ses demandes légitimes ».
19h30 – Omar Sharif solidaire – L’acteur égyptien Omar Sharif, actuellement au Caire, est « solidaire avec le peuple » égyptien et souhaite le départ de Moubarak. « Cela fait 30 ans qu’il est président, ça suffit », confie-t-il au micro de France Inter.
19h26 – Débat – « Je suis d’accord pour qu’ElBaradei dirige la transition, mais je ne le veux pas comme président parce qu’il n’a pas vécu avec le peuple », déclare un manifestant, Mostafa Mabrouk, 25 ans. Un autre, Amer al-Nabraoui, trouve au contraire qu’ElBaradei est « un homme courageux ». »Je voterais pour lui », ajoute-t-il.
19h22 – « Tragi-comédie » – « Tout ça ce sont des calmants », réagit Oussama
« Mini-sommet » sur le Soudan et la Somalie en marge de la réunion de l’UA
Addis Abeba – Un « mini-sommet » sur la situation au Soudan et en Somalie a débuté lundi matin à Addis Abeba, au deuxième et dernier jour du XVIème sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), a constaté un journaliste de l’AFP.
Co-présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la réunion se déroule notamment en présence du président soudanais Omar el-Béchir et de son premier vice-président, le Sud-Soudanais Salva Kiir.
Cette réunion intervient au lendemain de l’annonce des résultats préliminaires complets du référendum d’autodétermination organisé du 9 au 15 janvier au Sud-Soudan. Une majorité écrasante de 98,83% s’est prononcé en faveur de la sécession, et donc de la partition du plus vaste pays d’Afrique.
Le président Béchir s’est déjà engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan, promettant même des relations « fraternelles » avec le nouveau pays, le 193e au monde.Le « mini-sommet tripartite » d’Addis réunit les représentants de l’ONU, de l’UA et de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement), qui compte six pays d’Afrique de l’est, selon une source au sein de la Commission de l’UA.
Dans son discours dimanche devant un parterre de chefs d’Etat africains, le secrétaire général de l’ONU s’était dit « très inquiet des défis de l’après-référendum » au Sud-Soudan. »M. Béchir a tenu ses promesses. La communauté internationale doit porter à son crédit le bon déroulement du référendum. Nous attendons désormais qu’elle nous apporte son assistance, et n’oublie pas le Nord », a estimé pour sa part une source diplomatique soudanaise.
Les chefs du Pentagone se sont entretenus avec les militaires égyptiens
Washington – Le secrétaire à la Défense Robert Gates et le plus haut gradé américain, l’amiral Mike Mullen, se sont entretenus au téléphone avec leurs homologues égyptiens de la crise en Egypte, a-t-on appris dimanche auprès du Pentagone.
Ces contacts interviennent alors que la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a exclu pour l’heure de suspendre l’aide militaire fournie par Washington à son principal allié dans le monde arabe.
Vendredi, la Maison Blanche avait indiqué que les Etats-Unis pourraient revoir cette assistance –1,3 milliard de dollars par an– en fonction de la réponse du régime aux manifestations.
M. Gates s’est entretenu au cours du week-end avec le ministre égyptien de la Défense, le maréchal Mohamed Hussein Tantawi, a indiqué son porte-parole, Geoff Morrel, qui n’a pas précisé la teneur des discussions. Il a par ailleurs eu un entretien téléphonique avec son homologue israélien Ehud Barak. L’Egypte est le premier pays arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël, en 1979.
Le chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Mike Mullen, s’est pour sa part entretenu dimanche après-midi pendant une dizaine de minutes avec son homologue, le général Sami Anan, qui « l’a informé des derniers développements dans le pays », a indiqué dans un communiqué le capitaine de vaisseau John Kirby, porte-parole de l’amiral Mullen.
« Les deux hommes ont réaffirmé leur souhait de voir le partenariat entre les deux armées se poursuivre et ont promis de rester en contact », a-t-il ajouté.
Le général Anan est rentré vendredi précipitamment d’une visite à Washington, où il conduisait une délégation de 25 militaires égyptiens venue participer au comité de coopération militaire américano-égyptien pour discuter des questions d’aide militaire et d’entraînement ment des forces égyptiennes par les Etats-Unis.
Les Etats-Unis se préparent à évacuer leurs ressortissants d’Egypte
Washington – Les Etats-Unis se préparent à évacuer à partir de lundi des milliers de leurs ressortissants d’Egypte avec des vols charters organisés par le gouvernement, en raison des violentes manifestations antigouvernementales, a annoncé dimanche un haut responsable à Washington.
« Les ressortissants américains en Egypte devraient envisager de partir aussi vite qu’ils le peuvent », a déclaré à la presse Janice Jacobs, secrétaire d’Etat adjointe et responsable des affaires consulaires. Elle a dit ignorer le nombre exact des Américains désireux de quitter l’Egypte, tout en estimant que leur évacuation par avion prendrait plusieurs jours.
Mme Jacobs a cité Athènes, Istanbul et Nicosie comme possibles lieux de repli pour les Américains évacués en attendant que la situation en Egypte se clarifie. L’ambassade des Etats-Unis au Caire avait indiqué auparavant dans un communiqué que l’évacuation se ferait sur une base volontaire.
« L’ambassade des Etats-Unis au Caire informe les citoyens américains en Egypte qui souhaitent partir que le Département d’Etat prend ses dispositions pour assurer le transport vers des lieux sûrs en Europe », dit le texte. « Les vols vers les points d’évacuation
commenceront lundi 31 janvier au départ de l’Egypte », ajoute l’ambassade.
L’Egypte a vécu dimanche une nouvelle journée d’une révolte contre le régime de Hosni Moubarak, qui a fait une centaine de morts en cinq jours, malgré des changements annoncés à la tête du gouvernement. « Le Département d’Etat recommande que les citoyens américains évitent de se rendre en Egypte en raison des troubles politiques et sociaux en cours », explique en outre l’ambassade.