ADDIS-ABEBA – Une importante réunion tripartite sur la crise en Côte d’Ivoire a eu lieu samedi soir, à Addis-Abeba, entre représentants de l’Union africaine (UA), de l’ONU et les présidents des pays d’Afrique de l’Ouest, a constaté un journaliste de l’AFP.
La réunion s’est déroulée au siège de l’UA, à la veille de l’ouverture du XVIème sommet des chefs d’Etat de l’organisation continentale qui doit rassembler les dirigeants des 53 Etats membres, et dont l’un des principaux sujets de débats sera la crise ivoirienne née de la
présidentielle du 28 novembre dernier.
Les présidents du Nigeria Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao), le sénégalais Abdoulaye Wade, le malien Amadou Toumani Touré, le béninois Boni Yayi, le Togolais Faure Gnassingbé, le burkinabé Blaise Compaoré, le mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, ainsi que le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi étaient présents.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, accompagné de son représentant spécial en Côte d’Ivoire Choi Young-Jin, ont assisté à la réunion, à laquelle participe également le président de la Commission de l’UA, Jean Ping. « On se consulte, on se concerte », a dit
simplement M. Ping, qui s’est ensuite entretenu brièvement en tête-à-tête avec le secrétaire général de l’ONU.
Cette réunion de « concertation », à huis-clos et de près de trois heures, intervient au lendemain d’une autre importante réunion sur la crise, avec le Conseil de paix et de sécurité (CSP) de l’UA qui a annoncé vendredi soir, la création d’un panel de chefs d’Etat sur la crise
ivoirienne.
Ce panel, qui doit être constitué d’ici lundi, comprendra des chefs d’Etat des cinq sous-régions d’Afrique, ses décisions seront rendues d’ici à un mois et seront « contraignantes » pour toutes les parties ivoiriennes, selon l’Union Africaine.
Sa création vise « à amener Alassane Ouattara à exercer la réalité du pouvoir » dans le pays « par la négociation », et ne remet pas en cause la reconnaissance par l’UA de sa victoire à la présidentielle du 28 novembre, a assuré samedi M. Ping.
L’UA, au diapason du reste de la communauté internationale, avait reconnu la victoire d’Alassane Ouatarra dès début décembre, et suspendu la Côte d’Ivoire tant que le président sortant Laurent Gbagbo n’aurait pas cédé le pouvoir.
Union africaine : Communiqué final de la 259ème réunion du Conseil de paix et de sécurité
CONSEIL DE PAIX ET DE SECURITE
259EME REUNION
28 JANVIER 2011
ADDIS ABEBA, ETHIOPIE
PSC/AHG/COMM(CCLIX)
COMMUNIQUE
PSC/AHG/COMM(CCLIX)
COMMUNIQUE DE LA 259ème REUNION DU CONSEIL DE PAIX ET DE SECURITE
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), en sa 259ème réunion, tenue le 28 janvier 2011, au niveau des chefs d’Etat et de Gouvernement, a adopté la décision qui suit sur la situation en Côte d’Ivoire :
Le Conseil,
1. Prend note de la communication du Président de la Commission sur la situation en
Côte d’Ivoire. Le Conseil prend également note des déclarations faites par le Président
Goodluck Jonathan de la République fédérale du Nigéria, en sa qualité de Président en
exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le
Président Blaise Compaoré du Burkina Faso, en sa qualité de Facilitateur du Dialogue direct
inter‐ivoirien, ainsi que par le Président de la Commission de la CEDEAO, Victor Gbeho;
2. Réaffirme ses décisions antérieures sur la situation en Côte d’Ivoire, en particulier le
communiqué de presse publié à l’issue de sa 251ème réunion tenue le 4 décembre 2010 et le
communiqué de sa 252ème réunion tenue le 9 décembre 2010, ainsi que les communiqués
de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO des 7 et 24 décembre
2010, respectivement, reconnaissant M. Alassane Dramane Ouattara comme Président élu à
l’issue du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, sur la base des résultats certifiés par le
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, conformément à la résolution
1765 du 16 juillet 2007 et aux différents Accords signés par les parties ivoiriennes et
entérinés par la CEDEAO, l’UA et les Nations unies ;
3. Se félicite des initiatives prises par la CEDEAO et la Commission de l’UA, en vue de
trouver une solution pacifique à la crise dans le respect du choix démocratique des Ivoiriens.
En particulier, le Conseil rend hommage au Président en exercice de la CEDEAO, aux
Présidents Thomas Yayi Boni du Bénin, Pedro Pires du Cap Vert et Ernest Bai Koroma de
Sierra Leone, ainsi qu’au Premier Ministre Raila Odinga du Kenya et aux anciens Présidents
Thabo Mbeki d’Afrique du Sud et Olusegun Obasanjo du Nigeria, pour leur contribution à la
recherche d’une solution pacifique à la crise en Côte d’Ivoire. Le Conseil se félicite
également des efforts déployés par les différents partenaires de l’UA et la communauté
internationale dans son ensemble et souligne l’importance que revêt la mobilisation d’un
soutien coordonné aux efforts de l’Afrique à laquelle revient la responsabilité première de la
gestion et du règlement de cette crise, conformément à tous les instruments pertinents de
l’UA et de la CEDEAO ;
4. Exprime sa profonde préoccupation face à la grave crise politique qui prévaut en
Côte d’Ivoire, depuis la proclamation des résultats du second tour de l’élection
présidentielle tenue le 28 novembre 2010. Le Conseil condamne fermement les exactions et
autres violations des droits de l’homme, les menaces et actes d’intimidation, ainsi que les
actes d’obstruction de l’action de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), et
déplore les pertes en vies humaines et actes de destruction de biens intervenus dans
certaines parties de la Côte d’Ivoire;
5. Réaffirme la nécessité d’une solution pacifique rapide qui permette de préserver la
démocratie et la paix, à travers le respect de la volonté du peuple ivoirien telle qu’elle a été
exprimée le 28 novembre 2010, et favorise une réconciliation durable entre tous les
Ivoiriens, à travers le dialogue;
6. Décide, à la lumière de ce qui précède, de mettre en place, sous l’autorité de l’Union
africaine, un Groupe de haut niveau pour le règlement de la crise, dans des conditions qui
préservent la démocratie et la paix. Le Conseil décide que le Groupe, dont la composition
sera finalisée, après consultations appropriées, au cours de la 16ème session ordinaire de la
Conférence de l’Union prévue les 30 et 31 janvier 2011, opérera comme suit :
a) le Groupe sera assisté par une équipe d’experts et travaillera, en tant que de
besoin, en étroite coopération avec les partenaires de l’UA, notamment les
Nations unies,
b) le Groupe est mandaté pour évaluer la situation et formuler, sur la base des
décisions pertinentes de l’UA et de la CEDEAO, une solution politique
d’ensemble,
c) le Groupe conclura son travail dans un délai qui ne dépassera pas un mois, et ses
conclusions, telles qu’elles seront entérinées par le Conseil, seront
contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes avec lesquelles elles auront été
négociées ;
7. Exige la levée immédiate du blocus de l’Hôtel du Golf et l’arrêt de tous actes de
violence et exactions contre la population civile, ainsi que les appels ayant pour effet
l’incitation à la haine et à la violence, d’où qu’elles viennent ;
8. Souligne, dans le contexte du règlement de la crise dans son ensemble, l’importance
de la poursuite des efforts requis en vue du parachèvement des aspects pendants du
processus de paix, en particulier la tenue des élections législatives, la réconciliation
nationale, la réunification du pays, le désarmement des ex‐combattants et le
démantèlement des milices, la réforme du secteur de la sécurité et la restauration de
l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire ;
9. Décide de rester activement saisi de la question.
Message de Gbagbo à Dos Santos
Le Chef de l’Etat angolais, José Eduardo dos Santos, a reçu vendredi, à Luanda, un message verbale du président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, qui lui a été transmis par son conseiller spécial en matière de la Défense et Sécurité, Kadet Bertin.
Se confiant à a presse au sortir de l’audience qu’il a eu au palais présidentiel, l’émissaire ivoirien a informé que dans le message, Laurent Gbagbo a manifesté sa volonté de dialoguer avec les parties impliquées pour surmonter la crise post-électorale qui prévaut en Côte d’Ivoire.
Il a souligné que le président dos Santos avait réaffirmé la position du gouvernement angolais déjà assumée, à maintes reprises, qui prône le dialogue et les négociations pour la sortie de l’impasse.
L’envoyé spécial de Laurent Gbagbo a rencontré le président angolais, quelques heures avant la tenue du 16ème Sommet de l’Union africaine (UA), prévu pour les 30 et 31 janvier, à Addis-Abeba, en Ethiopie, et qui discutera de la situation « ‘préoccupante’ en Côte d’Ivoire, entre autres questions.
La Guinée-Conakry satisfaite de la position de l’Angola sur la Côte d’Ivoire
Le Président de la Guinée Conakry, Alpha Condé, s’est dit vendredi, à Luanda, satisfait de la position de l’Angola par rapport à résolution pacifique de la crise en Côte d’Ivoire, au cours d’une conférence de presse, à l’aéroport international « 4 de Fevereiro », à l’issue d’une visite de 48 heures dans le pays.
Le chef de l’Etat guinée s’est déclaré satisfait pour avoir écouté son homologue angolais, José Eduardo dos Santos, que l’Angola défend une positionqui devra avoir une solution pacífique quipasse par le dialogue, ajoutant que l’utilisation de la force pourra détruire le pays et affecter les autres pays voisins.
Selon lui, la Guinée Conakry n’a pas participé à la réunion de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), parce que le pays avait quelques problèmes à résoudre.
« Nous avons également une frontiére commune avec la Côte d’Ivoire et s’il y aura une guerre dans ce pays, elle pourra s’étendre en Guinée Conakry. Les étrangers pourront évacuer leurs concitoyens, mais le problème restera au peuple de ce pays », a-t-il indiqué.
L’UA créera prochainement une commission destinée à traiter la crise ivoirienne
Une commission destinée à traiter la crise ivoirienne sera mise en place d’ici 48 heures, selon un communiqué rendu public vendredi dans la nuit par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA).
La commission sera composée de représentants au niveau de chef d’Etat de différentes régions et ces représentants bénéficieront du soutien d’une équipe d’experts, a décidé le CPS après une réunion tenue au siège de l’UA à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, consacrée à la situation en Côte d’Ivoire.
Les noms des représentants seront annoncés au maximum d’ici 48 heures, selon le communiqué.
La commission est chargée d’évaluer la situation en Côte d’Ivoire et de formuler un plan de sortie de crise sur la base des décisions déjà prises de l’UA et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).
La commission doit conclure ses travaux en moins d’un mois et sa conclusion, une fois approuvée par le CPS, sera contraignante pour toutes les parties ivoiriennes, selon le communiqué.
Cette décision intervient à la veille du 16ème Session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, prévue les 30 et 31 janvier à Addis Abeba.
Le Gouvernement d’Aké N’Gbo dénonce les incidents survenus à l’Ambassade de Côte d’Ivoire en France
Dans la matinée du mardi 25 janvier 2011, une cinquantaine de militants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Paix (RHDP), se sont rendus à l’Ambassade de Côte d’Ivoire, sise à l’Avenue Raymond Poincaré, à Paris pour y installer Monsieur Aly Coulibaly, désigné par le Premier Ministre d’Alassane Ouattara comme Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France. Lire l’intégralité du communiqué.
Les manifestants, conduits par Monsieur Aly Coulibaly lui-même, ont pénétré dans l’enceinte de l’Ambassade, forçant le portail. Ils sont ensuite montés à l’étage abritant le bureau de l’Ambassadeur et forcé également les serrures, en l’absence de ce dernier.
Une fois dans le bureau du Chef de la Mission ivoirienne, Monsieur Aly Coulibaly est apparu au balcon, faisant le signe de la « victoire » devant la foule qui hurlait, chantait et dansait.
Face à ces actes d’une extrême gravité, les agents des CRS français, pourtant postés non loin de la Chancellerie ivoirienne, sont restés curieusement sans réaction.
Quelques instants plus tard, les manifestants ont mis le cap sur un bâtiment annexe de l’Ambassade, situé au Boulevard Suchet. Là aussi, ils forcent l’entrée, pénètrent dans le bâtiment et en ressortent peu de temps après.
Dans leur volonté de prendre tous les locaux de l’Ambassade, les manifestants iront, cette fois-ci, à l’assaut de la Résidence de l’Ambassadeur, à la Rue LOTA, dans le 16ème arrondissement, mais ne pourront pas y pénétrer, en raison de mesures de sécurité que l’Ambassadeur Pierre Aimé KIPRE, alerté auparavant de leur arrivée, avait personnellement prises.
Le Gouvernement ivoirien condamne, avec la dernière énergie, ces actes de vandalisme qui n’honorent, ni leurs auteurs, ni leurs commanditaires et ternissent davantage l’image de la Côte d’Ivoire, suffisamment mise à mal par une crise politique totalement absurde
Métier noble, fait de mesure, de retenue et d’élégance dans le comportement, la diplomatie ne peut s’accommoder d’actes de violence. Agir comme il a été donné au monde de voir, au nom de cette profession, est bien étrange façon d’exercer ce noble art. Ces actes sont d’autant plus condamnables qu’ils prennent pour cibles des biens publics, propriétés de la collectivité nationale et sont, en définitive, dirigés contre les intérêts de la Nation que l’on prétend pourtant représenter.
Par ailleurs, le Gouvernement ivoirien dénonce la passivité des agents de police français qui n’ont rien fait pour empêcher la violation des locaux de l’Ambassade de Côte d’Ivoire. Il considère cette attitude comme un grave manquement des autorités françaises à leurs obligations découlant des dispositions pertinentes de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques.
Le gouvernement ivoirien rappelle également les autorités françaises à leurs devoirs internationaux, en ce qui concerne la sécurité de certains membres du personnel diplomatique ivoirien et de leurs familles, qui seraient l’objet d’ostracisme, d’intimidations, voire de menaces, de la part de militants du RHDP.
Fait à fait à Abidjan le 27 janvier 2011
Le porte-parole du Gouvernement ivoirien
Ahoua DON-MELLO