L’Octobre de la fin du rêve nationaliste ivoirien ?
Les élections du 31 octobre 2010, en attendant d’en faire une analyse plus poussée au plan scientifique, marque d’une part la fin du rêve de l’existence d’une nation ivoirienne et d’autre part, enseigne énormément sur les principes de l’émergence de la démocratie ivoirienne.
- 1- Les Grandes leçons d’une démocratie émergente
Dans le détail des chiffres, nous trouvons réellement la vérité de cette démocratie émergente. Ainsi, le taux de participation démontre clairement que le peuple, en dépit de l’échec total de la politique de l’identification, a pris la grande voie de la démocratie. La guerre civile ivoirienne échoue ici devant la volonté absolue des masses ivoiriennes de régler les conflits politiques par le jeu électoral. Dans la forme, les faits ont prouvé que ce peuple est depuis longtemps mûr pour la démocratie. Car alors que les observateurs s’attendaient à une flambée de la violence en raison de la dimension passionnelle de la joute politique, partout dans le pays, le respect de l’autre a triomphé. C’est comme si les électeurs voulaient que chacun s’exprime pour que la réalité de la pensée individuelle se traduise au grand jour. C’est là l’expression d’une volonté profonde des individus de savoir dans quelle société ils sont, par le choix politique qu’ils assument en toute responsabilité.
Ainsi, on peut dire que le taux de participation exprime la volonté de changement qui est profond dans les populations. La quête de l’identité politique voudrait traduire une aspiration à un nouvel ordre qui viendrait de ces élections. L’on pourrait certainement penser que le choix de cet ordre qui est forcement naissant, serait une aspiration profonde à un mieux-être, une gouvernance qui profite à la majorité, une classe politique qui inscrit son action dans la satisfaction de la volonté populaire. Désormais, les hommes politiques sont avertis car le peuple de Cote d’Ivoire choisira son leadership en toute sérénité. C’est une des raisons qui expliquent cette sortie massive des électeurs. L’argument qui veut que ce soit la première véritable élection démocratique ne tient pas trop la route dans la mesure où les enjeux de ces présidentielles constituaient aussi des raisons de motivation supplémentaire.
Car la Cote d’Ivoire vit un drame, un cauchemar depuis la disparition de son chef historique, le Président Félix Houphouët-Boigny et souhaite revenir à son niveau de développement, sinon le dépassé. Les populations ivoiriennes entendent ainsi mettre en place un pouvoir légitime par les urnes mais avec la nette impression que celui-ci fera en sorte que le pays sorte de la crise économique, sociale et politique. Le premier responsable du pays que chacun pense choisir pour le bien-être de tous devra malheureusement être celui pour lequel nous avons fait le choix. A ce niveau, et nous reviendrons la dessus, le critère de choix n’a pas été forcement objectif, sinon non partisan.
La deuxième grande leçon que nous pouvons tirer de ces élections prouve clairement que la transhumance politique ne paie pas sauf dans quelques cas. Par exemple, si nous pouvons assumer que les résultats de Man ou dans le Zanzan, montrent clairement que le soutien de des leaders locaux, en raison de leur légitimité sociale et politique, Siki Blon Blaise, a été profitable au candidat de la mouvance présidentielle, il n’en ait rien pour les autres dont le résultat a démontré l’ancrage extrêmement personnel des électeurs dans une logique tribale. Dans le cas du succès de la transhumance, c’est plus la personnalité, sinon la légitimité populaire du cacique local, qui explique son impact personnel sur les électeurs. L’échec de la tactique de l’achat des consciences populaires ayant été flagrant, quelles leçons les leaders politiques doivent apprendre pour ne pas donner dans des habitudes contre-productives, sinon nocives à la démocratie?
Dans leur choix des personnes à débaucher, les leaders politiques gagneraient à tenir compte non seulement de la légitimité personnelle de leur cible mais aussi et surtout à faire en sorte que les populations des zones électorales de leurs prochaines recrues ne développent pas de l’aversion pour eux. C’est dire ainsi qu’une des grandes leçons de cette élection reste que l’ère des discours et actions de haine contre les leaders ou les représentants légitimes par leur base ne pourra conduire qu’à un résultat contre-productif. La vraie conquête des électeurs résidera désormais dans la capacité de ceux qui aspirent à un leadership national de mettre en place des stratégies politiques à dimension suffisamment nationale pour réussir leur action.
La troisième leçon est dans le taux anormalement élevé des bulletins nuls. Au plan national, le taux de bulletin nuls est de 4.81 %. Or dans certaines zones rurales comme urbaines, le taux non seulement a dépassé la moyenne nationale, mais est allé même à presque 10%. C’est dire que pour le second tour, les candidats devront prendre du temps pour bien expliquer aux électeurs la manière de voter. Nous sommes ici en plein apprentissage des rudiments de la démocratie.
Toutes ces petites leçons prouvent à tout le moins que le processus de démocratisation du pays est arrivé à un âge de maturité. Les stratégies politiques des partis et des leaders devraient ainsi permettre à la démocratie de bien s’enraciner pour remplacer le vieux système du parti unique dont les maladies infantiles comme le tribalisme ambiant ont véritablement gouverné cette élection, mettant ainsi en danger, la Nation.
- 2- La fin du rêve de l’existence d’une nation ivoirienne
Les résultats des urnes auront choqué plus d’un nationaliste. Car la vérité des chiffres est au-dessus de toute considération ou émotion. Le constat est amer mais c’est la réalité : la Côte d’Ivoire est tout sauf une Nation. C’est en faite une juxtaposition des ethnies, sinon leur cohabitation pour le moment pacifique aussi longtemps que leurs Leaders Charismatiques le souhaitent.
Ainsi, dans le Nord, Ouattara Alassane triomphe avec beaucoup de clameur. C’est une démonstration de force, une adhésion exubérante de toute une région à un parti et un certain attachement absolu à la personne de son leader. Ici, les explications qui emprunteraient la voie la plus réduite qui consiste à accuser les autres et à ne pas voir ses propres turpitudes comme cause de l’échec du projet national, diraient carrément que c’est un lien de cause à effet en référence à la rébellion. Car la présence de la rébellion du MPCI et la carte de la percée électorale du leader des républicains ivoiriens est trop conforme pour ne pas permettre une conclusion hâtive explicative de la subversion. Ici, il nous plait plutôt de voir une résistance populaire à l’idéologie ivoiritaire qui a transformé Ouattara en martyr pour les populations du Nord qui ont refusé, en bloc, de concéder un seul point aux critiques en se désolidarisant de lui. Car un score autrement moins expressif aurait aussi conduit les mêmes analystes à conclure à la non représentativité, sinon au manque de légitimité de Ouattara. Car l’adhésion des électeurs à Ouattara n’est pas forcement leur acceptation de la rébellion mais simplement la conséquence du repli identitaire qui est la conséquence de l’ultranationalisme non éclairé qui a conduit toute une population à se refugier dans une logique de reflexe d’autoprotection. En donnant ses voix à Ouattara, le Nord lance un appel stressant au Sud pour exiger une autre direction idéologique, en ce qui concerne le projet national. Ne pas répondre positivement à cet appel et accentuer les contradictions secondaires seraient prendre le risque d’approfondir les clivages et conduire la fracture ethnique à une dimension de la rupture totale, sinon de la sécession.
Car on note que le vote des régions qui devrait être hostile à Ouattara, a tout aussi été clair . Ouattara fait 4.22% à Bangolo et 4.8% à Toulepleu, deux villes de l’ouest ayant connu des péripéties douloureuses pendant la période intense de la guerre entre le MPCI et les Forces Armées Nationales de Cote d’Ivoire. C’est aussi le même constat dans le pays Baoulé avec 7.7% dans le cumul de la région des Lacs sans Yamoussoukro et 7.20 dans le Nzi Comoé. Ce vote résiduel atteste aussi du rejet de Ouattara par ces populations longtemps travaillées par le discours ivoiritaire qui en a fait le champion des étrangers et celui qui a apporté les malheurs du PDCI, leur parti. Le discours d’Affi Nguessan après les résultats du 1er tour va dans le sens de l’accentuation de cette perception de Ouattara par les populations fidèles au PDCI. Nous ne sommes pas loin de nos craintes énoncées plus haut. Ainsi, si Ouattara est plébiscité par son peuple, il est rejeté par ceux qui lui sont hostiles en raison de l’impact de la politique de l’ivoirité et des discours populistes du pouvoir des refondateurs le décrivant comme le parrain de la rébellion.
Cette situation est tout aussi vraie quand nous nous en référons au vote en faveur ou contre le candidat du PDCI, Henri Konan Bédié. En effet, le triomphe quasi-pharaonique de Bédié dans son bastion du V Baoulé, des Lacs et de la forte concentration ethnique baoulé dans le Bas-Sanssandra, en raison de leur migration dans la nouvelle boucle du cacao-café, atteste aussi un repli ethnique certain. Le PDCI, ancien parti au pouvoir, a perdu des bastions comme l’Ouest montagneux en raison de la crise de 2000 qui a vu le refus de l’électorat baoulé de soutenir le candidat pourtant déclaré PDCI, Guei Robert, qui avait été accusé d’avoir fait le coup d’état et à qui le parti avait refusé sa caution. Des cette période, l’Ouest Montagneux s’est refugié dans une dynamique aussi de repli ethnique qui a permis le triomphe des 14 députés proches du Général Robert Guei, lors des élections législatives de décembre 2000 et la formation, en 2002, d’un parti politique, l’UDPCI. Le score du candidat du PDCI dans cette région, 4.34%, atteste que les populations proches du défunt Général Robert Guei n’ont pas encore digéré cette période de notre histoire commune. C’est le même constat que nous pouvons aussi faire quand nous faisons référence au vote dans le nord. Ainsi, le candidat Bédié, dont une bonne proportion de députés vient de cette région, ne va faire que 5.17% dans le Bafing, 4,12% dans le Worodougou, 4.92 dans les Savanes et enfin 2.52% dans le Denguélé. Ces résultats restent expressifs du rejet total de la politique de l’ivoirité par l’ensemble de cette population qui, il faut le préciser, du point de vue historique, a été un bastion imprenable du parti d’Houphouët-Boigny de 1946 à 1995. Tout comme Ouattara, Bédié est adulé par le peuple du PDCI mais fait une difficile percée dans les zones qui devraient lui être défavorables en raison de sa politique de l’ivoirité. Cette élection confirme exactement ce que les analystes pensaient non seulement de l’impact du discours ivoiritaire mais aussi de son rejet et de la cristallisation des haines et peurs des ethnies, les unes envers les autres, en raison des rancœurs et autres sentiments exacerbés. L’analyse peut-elle être la même de l’électorat du candidat de la mouvance présidentielle?
La dernière élection nationale à laquelle le leader du FPI avait pris part était celle de 1990 puisque celle de 1995 a été boycottée et celle de 2000 reste ambiguë en raison du boycott de fait par les autres composantes politiques à cause du rejet de la candidature de leurs leaders. Si cette élection est considérée alors comme référence, il faut dire que le leader du FPI récolte près de 20% de voix de plus que ses résultats de 1990. En plus, il vient en tête dans beaucoup de régions traditionnellement acquises au PDCI dont le Sud et Moyen Comoé, le Zanzan ainsi que l’Ouest Montagneux. Cette dernière région voit en effet une résurgence du Président du FPI en raison du ralliement de personnalités politiques de premier plan de cette région en dépit de l’accusation d’assassinat du Général Robert Guei qui pèse sur lui. C’est aussi dans le département de ce dernier qu’il enregistre un score faible en comparaison des autres villes de la même région. Ceci confirme aussi que les rancœurs n’ont pas changé et que le peuple proche du Général Robert Guei accuse aussi le coup et se replient dans leur rejet du Président Gbagbo. Dans le Denguélé, le fief attitré de Ouattara, Gbagbo fait 2.56% et dans celui de Bédié, le V Baoulé, le score tourne autour des 10-20%. C’est là le double, sinon le triple de la tendance observée dans les fiefs des leaders qui prouvent au moins que le recrutement de cadres a eu un impact même si leur adhésion n’a pas entraînée celle de la population en général. Les scores du Président Gbagbo pourrait aussi s’expliquer par l’impact de sa position présidentielle mais aussi et surtout du fait que la guerre lui a permis de faire une percée émotionnelle dans le zanzan et le pays Abron, traditionnellement sociétés guerrières, front de résistance à la rébellion, malgré la position d’un de leur fils, le Chef Foffié, Com-zone de Korhogo pour le compte des Forces Nouvelles.
Au total, si Gbagbo est entièrement en aversion dans le nord dominé par le RDR, il semble avoir fait une bonne impression aux populations du V Baoulé et a carrément imposé son organisation dans le pays Agni en partant d’Aboisso à Abengourou et le pays Abron et Koulango dans le Nord Est. Ce sont les effets de sa position de président et de chef de guerre en lutte contre la rébellion qui a traumatisé ces départements, qui malgré leur affection pour le PDCI, ne semblent pas acceptée l’alliance avec le RDR et donne ainsi une note de soutien au Président Gbagbo, comme second choix éventuellement. Cependant, la faiblesse de leur soutien relève de leur appréciation de sa gestion. Les scores du Président Gbagbo dans les tranches de la population qu’il n’avait pas sous sa coupole est un signal fort de l’appréciation de son bilan. Faire semblant de ne pas le comprendre et orienter sa stratégie sur des récriminations ou des discours émotionnels ne seraient pas politiquement et stratégiquement cohérents. La thèse de la guerre comme cause des excès et autres dérives n’a pas absolument été acceptée par le peuple dans toutes ses composantes. Même dans ses bastions traditionnels du Sud Bandama, Fromager, Agneby et Haut Sassandra, les scores sont expressifs d’un certain désarroi des populations face à la gestion et au bilan. La grande question du vote sanction contre les leaders locaux, devenus milliardaires en une saison et arrogants à souhait, reste une hypothèse que le Président Gbagbo ne saurait négliger s’il entend donner des gages et rassurer les populations sur les perspectives de sa gouvernance au cas oú il passerait le titanesque deuxième tour. Car, à l’analyse des votes, l’on pourrait conclure que les promesses n’ont pas suffi et il est possible que les hésitations soient encore un point cruellement difficile pour le candidat de la mouvance présidentielle. Donner aussi dans l’extrémisme religieux ou sociologique, par le biais des agressions des autres populations qui ne l’ont pas voté au 1er tour, serait carrément un suicide politique non seulement pour le second tour mais aussi et surtout pour la suite des opérations électorales.
C’est dire que les avantages comparatifs sont là pour le second tour. Le Président Gbagbo peut être une préférence pour les populations électrices du PDCI si et seulement si la direction, principalement le Président Bédié, ne donne pas un mot d’ordre ferme de soutien à Ouattara. Dans le cas d’un mot d’ordre ferme de la direction du parti, alors le Président Gbagbo devra batailler dure pour faire basculer un certain pourcentage d’électeurs du PDCI dans sa direction. Le discours ivoiritaire ne pouvant certainement plus être payant, il lui faut chercher les arguments ailleurs que dans le populisme, encore moins l’ultranationalisme ou la manipulation de la peur. Nous sommes ici au cœur de ce que nous pourrons appeler la splendeur de la démocratie en marche. Car ici, les acteurs ne peuvent que faire en sorte que le peuple se tourne vers eux, non pas par la force, mais par adhésion à une vision, un projet.
Au total, cette élection présidentielle, tout en marquant la fin de l’existence d’une nation ivoirienne dans laquelle les peuples ont une vision et une idéologie communes, a en elle aussi les des éléments qui prouvent que rien n’est encore perdu et que, de la stratégie électorale et politique des différents leaders politiques, émergera une nation démocratique, forte et absolument engagée dans une stabilité à long terme pour prendre son destin d’un des pays leaders du continent africain. Reste alors de savoir quelles sont les leçons sur lesquelles alors peut-on s’appuyer pour aboutir à ces objectifs que les populations ivoiriennes ont consignées dans ce vote?
- 3- Vers une Nation Démocratique Développée ou la Fin d’une Histoire Africaine
Il découle des analyses précédentes un certain nombre de directives que le peuple ivoirien impose ici aux leaders de la classe politique. Leur capacité à comprendre ces défis et à leur donner une réponse sera la voie qui nous conduira soit à la grandeur, soit à la déchéance d’un pays dont tout destine à la grandeur et à la prospérité.
La première grande leçon reste que le peuple ivoirien veut le changement. Cela ne veut pas dire qu’il entend valider les choix qui ont poussé le pays dans la crise actuelle. Si certains pensent que le vote ethnique est un aval pour leur projet ou leur personne, ils ont absolument tord. Car dans le vote lié au repli identitaire, il faut voir une volonté de fidélité des populations à des leaders qui sont la vindicte d’autres leaders et dont les populations ne veulent pas se désolidariser. C’est là une constance africaine et ce n’est certainement pas parce que le leader a raison. Il lui appartient cependant, à ce moment précis, de tirer les leçons et de voir ce qui est bon pour son peuple dans toutes ses composantes, c’est-à-dire, non seulement ceux qui le soutiennent mais aussi et surtout ceux qui le vomissent et qui ne veulent pas entendre parler de lui. La capacité de grandeur d’un leader politique n’est certainement pas de réprimer les peuples qui le défient mais de comprendre leurs angoisses, leurs peurs et d’y apporter une réponse adéquate. Dans le spot télévisé que la RTI a censuré, le Président Houphouët-Boigny le disait clairement que le but du jeu politique n’est pas le pouvoir mais la satisfaction des intérêts matériels et moraux du peuple.
C’est dire que la grande leçon de cette élection est ainsi d’amener les leaders à s’interroger sur ce qu’ils ont fait de négatifs qui peut expliquer ou justifier leur rejet ou leur aversion par rapport aux autres composantes de la nation et d’en tirer les conclusions positives. Dans le langage autrement plus politique, cela s’appelle faire son autocritique et voir ce qu’il faut faire pour faire amende honorable. Il ne s’agit pas de tenir des discours démagogiques mais de voir la vraie réalité en face et faire avec sincérité ce que le rôle de Président impose, c’est-à-dire, prendre soin de toute la population. L’arrogance et le manque d’humilité n’ont pas leur place ici. Pour réconcilier, il faut alors savoir ce qu’on a fait de mal à l’autre et avoir de la compassion pour lui à cause de ce qu’on lui a fait subir. Sans cette dimension absolument morale de la définition du leadership, la Cote d’Ivoire va vers la catastrophe. En somme, la Cote d’Ivoire, au travers de cette élection, a choisi d’imposer aux leaders l’humilité et la dévotion, la compassion et la détente, l’amour et la capacité de pardonner. Celui qui sera le prochain président devra répondre à ces exigences. Le cas contraire serait encore nous conduire dans les chemins du passé, de la haine, de la violence et de la confrontation par un leader qui n’aurait compris de ces élections que le soutien de ce qu’il aura fait de mal sans avoir à se reprendre de ses méfaits. Et cela augurerait de lendemains pires que ce que nous avons connu.
La deuxième leçon est que le peuple ivoirien, au travers de sa mobilisation exceptionnelle, veut la démocratie. Il ne s’agit pas de faire le choix d’être élu démocratiquement pour après imposer la dictature au peuple. Les populations ivoiriennes entendent choisir leur propre chef parce qu’ils veulent aussi avoir la possibilité de choisir demain les députés, les maires et les conseils généraux qui devront faire leur travail. Or cela n’est possible que lorsque le vote est respecté et non falsifié. Aujourd’hui, les risques de voir certaines personnes ne croire qu’en leur capacité à falsifier le choix du peuple existe en raison des récriminations des différents camps les uns envers les autres. Le peuple ivoirien veut la vérité des chiffres et non la manipulation des données ou des procédures qui aboutissent à des résultats truqués à la fin. Et à ce niveau, il est clair de préciser que nous parlons bien du peuple et non des personnes qu’on aura introduit de façon malhonnête sur les listes et des technologies électorales caduques et frustrantes qui ne feront que fausser le jeu démocratique.
Enfin, il nous semble que le peuple ivoirien ne veut plus de gestion opaque ni de violence. Il veut une classe politique qui accepte la bonne gouvernance comme modèle et entend faire la promotion des vraies valeurs de cette nation qui tournent autour de trois principes fondamentaux : la Liberté, l’Intégrité, et le Travail (LIT). Car la liberté et la démocratie vont créer les conditions de la stabilité politique à long terme. Elles vont aussi permettre aux individus, aux populations et aux leaders d’exprimer leur génie et ainsi faire prospérer notre nation. C’est là le secret de la démocratie comme cause de la prospérité des nations. Car la liberté individuelle va permettre l’explosion des talents. Si la liberté et la démocratie créent le contexte structurel de la prospérité, c’est l’intégrité morale et politique qui la maintenir. Avec une classe politique gangrenée ou un peuple qui érige la corruption en valeur principale, ce sera toujours la promotion des antivaleurs qui primera. Or nous avons le résultat de cette option avec cette décadence de notre pays. Ainsi, avec une société nouvelle émergente qui entend s’imposée des valeurs et des références, le Travail sera l’emblème de toute une nation déjà acquise à cette philosophie du travail comme fondement de la société et prête à relever les défis. Si une longue crise économique et politique n’a pas réussi à casser notre peuple, il est évident qu’il sortira encore vainqueur des défis de l’unité, de la stabilité, de la prospérité et de l’optimisme.
Il reste donc aux différents candidats de tirer les leçons et de nous orienter vers la prospérité et non la déchéance. L’Histoire les regarde et le monde entier a les yeux rivés sur eux. Quel sera leur choix, la route du pardon et de l’humilité ou alors celle du narcissisme et de la décadence? La démocratie ou la barbarie ? Parions sur la démocratie car nus avons foi en leur amour pour leur pays. Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !
Le 7 Novembre 2010
Dr Martial Joseph AHIPEAUD
Enseignant-Chercheur et Ecrivain
Président de l’Union pour le Développement et les Libertés
Fondateur et 1er Secrétaire Général de la FESCI