by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 3 juin 2013 15 h 21 min
On croyait que l’annonce de la nomination du chorégraphe Georges Momboye, en juillet 2011, était un pas du nouveau régime ivoirien dans la bonne direction. Erreur par delà la scène. Alassane Ouattara semble nous apprendre qu’il s’est trompé.
Il danse. Le chorégraphe Georges Momboye danse. Mais Alassane Ouattara et Maurice Bandaman ne le regardent pas. Momboye devient la risée de tous au cabinet du ministère de la Culture et de la Francophonie où il s’épuise à faire des va-et vient. Le nouveau directeur du Ballet national de Côte d’Ivoire veut se mettre au travail pour lequel il a été nommé en juillet 2011. Il attend qu’on lui dise mot. Momboye attend le signal fort de Maurice Bandaman qui le tourne en bourrique. Le ministre de la Culture et le chef de l’Etat ivoirien tentent de mettre en évidence la petitesse de ce chef de l’état de la danse ivoirienne. Momboye danse. Ouattara et Bandaman se ferment les yeux.
Le chorégraphe nommé n’a toujours rien à se mettre sous la dent, ni en poche : aucun décret en bonne et due forme signé en sa faveur, pas de décret d’attente non plus. Il brûle d’impatience. Momboye veut se mettre au travail. Bandaman le sait. Momboye danse. Ouattara et son ministre ferment les yeux. Ils le méprisent lorsqu’ils feignent de s’intéresser à lui, ils méprisent l’art. Ils ont raison. C’est le nouveau régime qui fait la pluie et le beau temps en Côte d’Ivoire, depuis avril 2011. Mais pas encore de beaux artistes. Il les nourrit de vent depuis. Ce qu’il appelle pompeusement nominations, pour certains Ivoiriens, n’est que de la poudre aux yeux. De la communication longuette pour plaire. Car, comme Georges Momboye, ils sont légions, ces Ivoiriens nommés sans le moindre décret.
Et pourtant, nos Eléphants qui poussent des « ailles de pigeon »…
Avec la danse et bien d’autres domaines, le problème du régime Ouattara, c’est qu’il n’a rien à y gagner en espèces sonnantes et trébuchantes. La vache est maigre malgré « la pluie des milliards » promise, lors de la campagne présidentielle. On veut faire disparaître le grand Momboye, le réduire à sa plus simple expression, en l’ignorant, après lui avoir annoncé sa nomination qu’il avait d’ailleurs bien accueillie.
Manifestement, à l’horizon 2020, le régime Ouattara fera de la Côte d’Ivoire un pays émergeant, comme il l’a juré. Mais apparemment sans le chorégraphe Momboye. Et pourtant, notre Drogba national qui danse après avoir remuer les filets adverses de foot, c’est du Momboye. Et pourtant nos Eléphants qui poussent des « ailles de pigeon », se contorsionnent, grimacent tels de vieux singes pour saluer leurs exploits, c’est du Momboye. Et pourtant, la danse, c’est une vie aux innombrables fonctions sociales. Regarder Momboye faire le pied de grue au cabinet du ministère de la Culture, voir Momboye à la porte de son bureau et faire la moue au moment où il s’en va les jambes ankylosées, c’est refuser de jeter les dozos à la chasse des Ivoiriens. Une tragédie sous nos tropiques. L’art ne sera pas désarmé au profit des armées légendaires au contour mal défini et aux instincts incertains. Laissez vivre la danse dans la forêt des dozos et leur danse macabre, c’est aimer la culture. Les dozos déversés, même dans les coins et recoins de la Côte d’Ivoire, ne tueront point la danse des hommes qui fait vivre les Momboye et autres. Les Ivoiriens veulent exister avec un Moboye qui danse. Regardons son ballet qui reflète la Côte d’Ivoire et la réconcilie avec elle-même. Sans tambour ni trompette présidentiels !
Le régime Ouattara est-il tiraillé entre la politique et le professionnalisme d’un homme. Tout porte à croire que le chorégraphe a tort d’avoir été nommé trop tôt. Sinon où est la bête ? Ne donnez point à César ce qui appartient à Momboye !
Schadé Adédé – Notre Voie
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