by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 28 septembre 2016 2 h 08 min
Marraine artistique de la télé-réalité « Got Talent », l’artiste comédienne, humoriste, présentatrice était récemment à Abidjan.
Claudia Tagbo, un concentré de bonne humeur en une femme d’exception !
Marraine artistique et co-présentatrice de la version tropicalisée de la téléréalité «Got Talent», «L’Afrique a un incroyable Talent», la comédienne et humoriste française d’origine ivoirienne, Claudia Tagbo, opérait en ce mois de septembre sur les rives du Palais de la culture de Treichville à Abidjan, une sorte de retour à sa terre natale, telle une prophétesse reconnue par les siens.
Car, en effet, ce bout de femme de 43 printemps qu’elle porte avec charme et au talent ô combien immense et auréolée du statut de l’une des personnalités les plus adorées de la scène et du Paf (Paysage audiovisuel français), native d’Abidjan, détonne d’une énergie à l’hilarité contagieuse et qui se fonde sur une foi inébranlable au travail, au sérieux et à la persévérance. Ainsi, de prime abord, sur les attitudes et aptitudes à faire prévaloir, tout en affichant son optimisme quant au rayonnement des arts en Afrique, pour les candidats à l’émission qu’elle présente aux côtés d’Angélique Kidjo et de Fally Ipupa, Claudia Tagbo confie, sans ambages: «Un candidat sélectionné est un candidat qui doit foncer ! «L’émission l’Afrique a un incroyable Talent», c’est une expérience unique à partager et, nous sommes heureux de pouvoir montrer au monde qu’il y a en chacun une graine de talent ».
Au-delà, la comédienne, en plus de cet altruisme professionnel, s’illustre, à maints égards, par une fibre de solidarité inaltérable. Ainsi, elle a profité de son séjour abidjanais pour poser un acte de charité en compagnie de ses pairs susmentionnés. En rendant visite aux jeunes pensionnaires de La Case des enfants, le centre d’accueil de la Fondation Children of Africa, créée par Dominique Ouattara, la Première dame de Côte d’Ivoire, situé au Plateau. C’était le 14 septembre.
Retour sur une vie et une carrière pleines et qui n’ont pas fini de distiller des leçons de courage et une dose inaltérable de bonne humeur. Claudia Tagbo quitte Abidjan, la Côte d’Ivoire et l’Afrique, avec sa famille, lorsqu’elle a 13 ans pour la Lozère, puis le Gard en France. Gamine, elle est une férue d’art sous toutes ses coutures et plus particulièrement de théâtre. À peine cinq années de maturation que la jeune fille se sent pousser des ailes, convaincue qu’il faille décrocher la lune. Alors, elle se lance à la conquête de la capitale, Paris, alors qu’elle n’a que 18 ans. Entre-temps, Claudia achève ses études en comptabilité, et intègre l’université Paris VIII où elle parachève une maîtrise en Arts du spectacle.
La tête bien pleine donc, elle peut donner libre cours à sa passion artistique en sachant où elle va, étant entendu qu’elle sait d’où elle vient. Avec à la clé, une intégration sociale réussie à partir de la province et qui lui fait comprendre qu’être femme et noire, ne saurait être un handicap encore moins, un prétexte pour se voir confiner dans des rôles banlieusards et autres attitudes ghettoïsant dans une France en proie à des troubles identitaires.
Claudia Tagbo fait ses premiers pas sur les planches et sur les plateaux de cinéma simultanément, multi pliant ainsi les supports d’apprentissage. Dès ses débuts, on lui reconnaît un très grand talent pour le stand-up. Outre ses talents de comédienne et d’humoriste, elle a également été choriste. Elle brille notamment au théâtre, dans des pièces telles que Demandez-nous pardonde Mata Gabin, à la télévision dans des téléfilms tels que Fatou la Malienne, et au cinéma dans Mama Aloko, pour ne citer que ceux-là.
En 2006, elle explose et crève l’écran avec l’humour en intégrant le Jamel ComedyClub du bien nommé Debbouze, démarrant ainsi sa carrière d’humoriste. Le succès est immédiat. À la télévision, elle ne se contente pas de jouer dans des téléfilms mais devient également chroniqueuse dans des émissions telles que Le Bureau des plaintes de Jean-Luc Lemoine, ou encore Ce soir avec Arthur ou encore Vendredi tout est permis aux côtés du célèbre présentateur éponyme.
De Cannes aux Nrj Awards à Paris, en passant par Discop Africa à Jo’Burg comme Abidjan, au Fespaco à Ouaga, ou encore du Marrakech du Rire, Claudia arpente les scènes du monde, faisant aussi bien honneur à sa patrie adoptive, la France, que biologique, la Côte d’Ivoire. Actuellement au cinéma dans C’est quoi cette famille?!, l’actrice affiche une filmographie impressionnante, en plus de tourner quasiment toute l’année dans des One woman-show, depuis une décennie. Sans être exhaustif, citons: Je suis à vous tout de suite (2015); Le Crocodile du Botswanga (2014); Bon rétablissement ! (2013); Schengen (2012); Le Sentiment de la chair (2010); Congorama (2006)…
Survivante d’un cancer, ses larmes pour…la Côte d’Ivoire
Côté vie privée, Claudia Tagbo a survécu à un cancer et s’est impliquée à Sidaction en chantant dans le single Kiss & Love. À «la maladie» qu’elle ne nomme jamais mais à qui elle parle volontiers, l’humoriste dit n’avoir accordé aucune place. Mais reconnaît qu’elle a transformé sa vision à elle. À la question, «Comment avez-vous appris votre maladie ?», l’artiste répond avec, bien évidemment le brin d’humour qu’elle a à fleur de peau. «Ça a démarré comme un gag. Un jour, je suis allée chez le médecin à cause d’une bonne crève et je lui ai dit: « Bon, à part ça, ça y est, j’ai 30 ans, l’âge de commencer les tests, les dépistages. Faites-moi faire une mammographie. » Il m’a répondu « Heu…Ok, si vous voulez. » Alors quand on m’a découvert quelque chose, je n’y ai pas cru. J’ai dit en rigolant: « Vous êtes sérieux ? C’est un gag !».
Plutôt que de se laisser abattre, l’humoriste s’est, a contrario, armée de courage pour domestiquer la maladie et la vaincre. Du moins, c’est toujours son combat. «Je suis devenue très gourmande de la vie, je veux en profiter au maximum, parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Avant, je faisais attention à tout, je me créais des angoisses d’allergie. Par exemple, je ne touchais pas à la charcuterie. Je m’étais persuadée qu’elle me donnait des boutons. J’ai arrêté tous ces trucs-là. Je mange, maintenant ! Et je rigole plus fort qu’avant !».
Mais cette détermination, cet engagement au plan personnel, a semblé faillir, voire s’altérer, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, quand la Côte d’Ivoire a traversé ses plus grands moments de braise, à la faveur de la crise post-électorale de 2010/2011. Un patriotisme qui peut sembler inattendu pour celle que la France vénère quasiment et voit le monde lui ouvrir ses bras. Elle confie, un brin larmoyante: «Je trouve ça juste triste. C’est tout ce que j’analyse. Tout ce qui en ressort, c’est que c’est très triste. Quand on a un très beau pays comme la Côte d’Ivoire, où les gens sont forts et généreux, ma voix change mais… on arrivait à vivre les uns avec les autres. Comment on en est maintenant à se taper dessus? À voir ce qui s’est passé à la télé, aux infos, je me suis dit: «Ouah !». Cela m’a juste achevée, frappée, attristée. J’étais très triste de voir mon pays comme ça. Des gens qui se tirent dessus».
Revenant sur son succès et sa relative sur-médiatisation, la native d’Abidjan ne donne pas l’impression d’être une pionnière en tant que femme noire humoriste en France. Bien au contraire, elle estime que «Il y en a plein. Elles sont peut-être moins médiatisées. Mais il y a des femmes comme Shirley Souagnon, Clair… C’est juste qu’elles sont moins médiatisées. C’est comme tout. Si je vous dis de me citer cinq comédiennes noires qui passent à la télé, vous allez sécher. Pourtant il y en a plein. Et encore, vous êtes journaliste. Imaginez celui qui ne s’intéresse même pas au milieu artistique. Ça veut dire qu’on est inexistantes. Je ne me considère pas comme une pionnière. Ce métier, je ne le fais pas toute seule. J’ai eu la chance de faire des rencontres qui m’ont permis d’en être là. Avant moi, il y a eu des femmes comme Félicité Wouassi, Firmine Richard…Toutes ces femmes ont besoin de travailler et sont de très bonnes comédiennes».
Évoquant son aire et son air d’inspiration et son adrénaline créative, Claudia affirme trouver de la matière «dans les gens qui m’entourent, que je vois tous les jours. Dans ce qui m’anime. Mes colères, je les transforme en énergie. J’espère qu’elle est positive cette énergie-là (…) C’est la soif de vivre tout simplement. Le fait d’être en vie. J’ai au moins envie de donner toujours à fond. Je vis comme si c’était le dernier jour».
FratMat
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