Des cadres et élus de l’ouest ivoirien ont accusé mardi à Abidjan le gouvernement d’être “directement” responsable des tueries de vendredi à Duékoué, dénonçant un “génocide planifié”.
“Nous accusons formellement l’Etat de Côte d’Ivoire, à travers son gouvernement, d’être directement responsable des tueries massives dont est victime notre peuple”, a déclaré le porte-parole des élus et cadres, Nahi Doh, lors d’une conférence de presse.
Vendredi à Duékoué, plusieurs centaines de jeunes de la communauté Malinké (originaire du nord) ont mené une expédition punitive sur le camp de déplacés de Nahibly où vivaient 5 538 personnes toutes de la communauté autochtone Wê.
L’attaque en représailles à un braquage qui a coûté la vie à quatre personnes de la communauté Malinké et imputé à des pensionnaires du camp a fait officiellement 11 morts et plusieurs dizaines de blessés.
Le camp de Nahibly a été incendié par les “FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, armée nouvelle) et les dozo ( chasseurs traditionnels du nord, supplétifs des FRCI)” qui ont ” massacré au moins 211 personnes”, selon Nahi Doh qui cite des sources proches de la Croix rouge.
“L’attaque et l’incendie du camp ainsi que les tueries perpétrées par les FRCI et les dozos se sont produits sous les yeux des autorités préfectorales, de la police, de la gendarmerie et des Casques bleus de l’Onuci”, souligne le porte-parole cadres et élus Wê.
“Cette expédition punitive contre une communauté par l’Etat, à travers les FRCI, et en présence du préfet est indigne et inadmissible”, a-t-il poursuivi.
L’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) dont des Casques bleus du contingent marocain assurent la sécurité à l’entrée et autour du camp et le gouvernement ivoirien se sont rejeté la responsabilité de la protection des pensionnaires du camp.
En janvier dernier, suite à un braquage dans lequel a péri une femme Malinké, des violences avaient éclaté et neuf personnes avaient été tuées au sein de la communauté Wê.
“Le scénario est chaque fois le même : on part d’une attaque au cours de laquelle des ressortissants du nord sont soit blessés soit tués et la machine répressive se met en marche, sans aucune enquête préalable et sans établir de lien de cause à effet”, a dénoncé Nahi Doh qui parle d’un “génocide savamment planifié et méthodiquement exécuté”.
Pour les cadres et élus Wê, les “massacres” à Duékoué s’inscrivent dans 9 de leurs terres par les ressortissants du Burkina Faso ou les Malinké, fortement implantés dans cette région de culture du cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial.
Les cadres et élus Wê appelle le gouvernement à prendre “sans délai” la décision de relever “immédiatement” tous les représentants de l’Etat dans le département, de retirer des forêts les “seigneurs de guerre” qui les occupent illégalement et de mettre en place une commission d’enquête internationale “hors CEDEAO” afin que les coupables de ces tueries soient recherchés et que justice soit faite.
“La prise de ces mesures constitue une opération de salubrité publique et la condition pour restaurer la confiance entre le peuple Wê et le gouvernement”, souligne le porte-parole des cadres et élus