by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 23 octobre 2023 21 h 04 min
Nombreux sont les Ivoiriens et Africains qui se demandent pourquoi les grands griots Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly ont tari en inspiration alors que la Côte d’Ivoire traverse une véritable zone de turbulence.
Avant toute chose, il est impérieux de noter que ces deux artistes (Alpha Blondy et Tiken Jah) n’ont jamais été des esprits épris de justice pour tous les Ivoiriens. En 1990 déjà Alpha Blondy s’était pleinement engagé aux côtés des fondateurs de la Charte du Nord qui portera Alassane Ouattara au pouvoir en 2011.
En fait, c’est quoi cette charte dite du nord ? Dans les années 1990, des Ivoiriens du nord, se sentant marginalisés dans la prospérité économique et même sociale du pays s’étaient réunis pour fonder une charte pour défendre les droits des nordistes en Côte d’Ivoire.
Souvenons-nous que même si aujourd’hui les mêmes énergumènes clament que l’Ivoirité a débuté sous Bédié et s’est corsée sous Gbagbo, c’est déjà du temps de Félix-Houphouet-Boigny que les Djoula se disaient lésés en Côte d’Ivoire. Ils avaient même proposé la scission du pays en 2 sous une forme de sécession entre le Nord et le Sud.
Selon certaines langues bien introduites dans les secrets de feu Houphouët-Boigny, le premier président ivoirien ne comprendra jamais cette prise de position qu’il trouvait injustifiée et malhonnête, car à travers les festivités tournantes des fêtes de l’indépendance, il avait toujours investi dans la partie septentrionale du pays.
Assurément, l’ex-président de la République n’était pas le seul à trouver incongrue la création de la Charte du Nord. Les Ivoiriens dans leur grande majorité, à part bien sûr les griots de cette charte ne comprenait pas l’attitude de l’élite des nordistes. En dépit de tout ce qui était fait par le pouvoir d’alors pour équilibrer le développement dans les régions, les Dioula du nord n’étaient jamais satisfaits.
Ils s’organisèrent structurellement et Alpha Blondy devint leur porte-voix. Il commença alors à systématiquement décrier tout ce qui se faisait dans le pays. Dans chacun de ses albums, et Dieu seul sait combien il en faisait en ce temps, il ne manquait aucune opportunité pour mettre à terre les autorités nationales. Car l’artiste ne se voyait pas ivoirien mais nordiste, membre de la charte du nord.
Tiken Jah qui commença sa carrière pendant cette période emboîta le pas à son ainé nordiste Alpha Blondy. Ils étaient à eux seuls les meilleurs critiques de chaque pouvoir politique en Côte d’Ivoire des années 90 à 2011.
Oui, 2011, l’année pendant laquelle Alassane Ouattara, l’un des membres fondateurs de la Charte du Nord accéda au pouvoir après que la France ait forcé Laurent Gbagbo à organiser une élection présidentielle alors que tout le nord du pays était sous contrôle absolu des bandes armées de la rébellion du nordiste Soro Guillaume.
C’est tout naturellement que les résultats qui provenaient de la zone CNO (rébellion de Soro Guillaume) étaient loin d’être démocratique. Laurent Gbagbo qui se rendait à l’évidence que la France l’avait floué en lui promettant d’envoyer l’armée française veillait sur la bonne tenue du scrutin, tenta de résister. Mal lui en prit ! Sarkozy le fit bombarder par les forces françaises pour installer son ami personnel Alassane Ouattara.
Dès lors, depuis 2011, Alpha Blondy et Tiken Jah ont tari d’inspiration sur les malversations politiques et pourtant Dieu seul sait que Ouattara est le pire président que la Côte d’Ivoire ait connu depuis son indépendance en 1960.
D’ailleurs, Tiken Jah a ouvertement dit que l’on ne compte pas sur lui pour prêter sa voix aux critiques du pouvoir en place. C’est son droit dans les faits. Nul ne peut forcer à un artiste à s’exprimer d’une manière ou d’une autre.
En revanche, ce qui choque, c’est la malhonnêteté manifeste de ces griots du nord qui clament porter le drapeau de la Côte d’Ivoire mais qui dans les faits ne se reconnaissent que dans une partie du pays.
Une attitude encore incongrüe car il est difficile d’identifier les actions concrètes de ces artistes dans le nord du pays. Alpha Blondy est bien campé à Assinie-Mafia, loin du grand nord. Et Tiken Jah, lui, est plus basé à Paris avec ses seuls studios et radio ouverts à Abidjan et non dans le nord du pays où tant de jeunes talentueux attendent le petit coup de pouce pour les propulser dans leurs destinées.
Ces jeunes personnes dont Alassane Ouattara se moquent éperdument et publiquement, déclarant, comme à ses habitudes, dans l’un de ses discours mensongers, qu’il décaisse au quotidien un milliard de francs CFA pour la jeunesse.
Quand ce même Ouattara s’imposa en 2020 pour un troisième mandat anticonstitutionnel et qui faisait courir le risque d’une autre guerre civile en Côte d’Ivoire, les griots de la Charte du Nord restèrent bien cloîtrés dans leur silence de cimetière. Pour eux tant que c’est Ouattara qui dirige le pays peut s’embraser.
Un silence bien plus que nauséabond qui se voulut macabre quand des jeunes Dioula conduits dans des Gbakas verts étaient transportés de localité en localité pour tuer les manifestants qui s’opposaient à ce mandat de trop du dictateur Ouattara.
Ces jeunes Dioula se sentant poussés des ailes et protéger par l’armée nationale avaient même jouer au football, se filmant, avec la tête tranchée du jeune Toussaint à Daoukro. Nos deux griots d’alors regardèrent de côté car Daoukro, ce n’est pas le nord. Et tant que c’est Ouattara qui gouverne tout les arrange.
Par Serge Dezi
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