by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 16 novembre 2012 9 h 13 min
Depuis quelques semaines déjà en Côte d’Ivoire, les rumeurs de remaniement de l’équipe installée au pouvoir depuis mars allaient bon train. Mais la décision, mercredi, du président Alassane Ouattara de dissoudre son gouvernement a créé une véritable surprise dans le pays. «On ne s’y attendait pas du tout», assure un conseiller d’un ministre du gouvernement dirigé par Jeannot Kouadio-Ahoussou.
Officiellement, la dissolution est le fruit d’une mésentente au sein de la coalition au pouvoir qui unit le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié. Cette union avait permis de battre la formation de Laurent Gbagbo lors du scrutin de 2010 et de tenir bon lors de la longue crise postélectorale qui fit plus de 3000 morts. Selon la présidence, le PDCI ainsi qu’un petit groupe satellite, l’UDPCI, ont voté mardi en commission de l’Assemblée nationale contre un projet de loi sur le mariage approuvé en Conseil des ministres. «Cela posait un problème de cohérence», soulignait-on à la présidence pour expliquer la décision du chef de l’État.
Cette explication ne convainc pas la plupart des observateurs. Ce désaccord ne serait qu’un prétexte. «Alassane Ouattara a profité de ce hiatus pour reprendre les rênes», affirme un désormais ex-ministre. Les tensions entre le RDR et le PDCI sur la conduite des affaires et le partage des responsabilités sont de notoriété publique. «Le PDCI se sentait floué et de RDR accusait son partenaire de traîner des pieds», confie un membre du PDCI qui ne croit pas néanmoins à une explosion rapide de la coalition.
Une certaine impatience
À la présidence, les critiques contre le gouvernement se faisaient d’ailleurs de moins en moins discrètes. Car, si après 18 mois de pouvoir, Alassane Ouattara peut se prévaloir d’une reprise économique certaine, beaucoup d’autres dossiers restent en suspens. La justice tarde ainsi à se prononcer sur le sort des proches de Laurent Gbagbo incarcérés. Aucun procès n’a encore débuté. Le processus de réconciliation nationale est au point mort et la refonte des services de sécurité ne progresse guère plus.
En coulisses, les diplomates cachent mal une certaine impatience et leur agacement envers une corruption toujours trop élevée. Mais ce serait surtout une série d’attaques attribuées aux derniers fidèles de Laurent Gbagbo qui aurait miné le crédit du gouvernement. Ces raids, en août, septembre et octobre, ont touché l’est de pays mais aussi Abidjan. Elles ont d’un seul coup relancé les tensions, donnant l’impression que la Côte d’Ivoire renoue avec la crise.
Le nouveau gouvernement ne devrait pas être nommé avant plusieurs jours. Les consultations devraient être longues et bien des ministres ne devraient pas retrouver leurs sièges. «Alassane Ouattara devrait pousser son avantage et écarter ceux dont les noms ont été trop décriés ces derniers mois», imagine un ex-ministre. Une seule chose semble certaine: l’ouverture de postes à d’anciens proches de Laurent Gbagbo, dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, semble pour l’instant exclu.
Le Figaro
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