Le moins qu’on puisse dire, c’est que la tendance des Ivoiriens qu’ils soient d’un camp ou de l’autre, va au-delà de la mauvaise humeur : Elle est à la colère depuis le scrutin présidentiel du 28 novembre dernier. Cette colère s’en trouve aggravée par les stratégies mises en place pour obliger le président constitutionnellement reconnu à quitter le pouvoir afin d’installer celui que la communauté internationale reconnaît comme le cacique qui doit conduire la destinée de la Côte d’Ivoire pendant les cinq années à venir.
La raison profonde de cette colère, c’est que cette élection finalement survenue dans la douleur de la crise qu’a vécue le peuple de Côte d’Ivoire depuis la tentative de coup d’état du 19 septembre 2002, devait permettre au pays de sortir de ses difficultés pour retrouver la paix en mettant fin à tous les traumatismes. Au lieu de cela, c’est tout le contraire qui se produit avec des tueries de masse ou des atrocités qui provoquent encore la déstabilisation de centaines de populations à travers la Côte d’Ivoire. Certains esprits mal tournés vont jusqu’à faire mine d’être affecté par ce spectacle affligeant en laissant entendre que le peuple civil est délibérément tué à l’armement lourde des FDS uniquement (Forces de sécurité loyales à Mr Gbagbo). Pourquoi du reste, l’armement des FDS serait-il plus mortel pour les civils que celui des rebelles ? Est-ce parce que l’armement de ces rebelles est muni d’un système GPS programmé pour ne tuer que les éléments des FDS sans faire de mal aux civils ?
Ces mensonges grotesques relayés par la plupart des presses internationales nous rappellent celui qui a conduit aux évènements d’Irak où une bonne partie du peuple a été massacrée en se débarrassant de son président, en l’occurrence Saddam HUSSEIN. Il ne s’est trouvé personne à ce moment là pour parler de faillite morale !! Que dire alors du peuple civil de Côte d’ivoire crevant sous les tirs de l’armée française du haut d’hélicoptères en 2004 comme on tir sur du gibier !! Et personne non plus n’a oublier les évènements de novembre 2004 devant l’hôtel Ivoire où cette même armée française a explosé des crânes de populations civiles non armées à l’aide de lance-roquettes et de chars d’assaut (des photos sont encore exposées sur le site : parti-ecologique-ivoirien.org dans le volet « hommage aux martyrs » en cliquant sur la rose). A aucun moment, l’ONU, l’UA ou la CEDEAO n’ont manifesté leur émotion, pas même certains leaders politiques ivoiriens !! Alors pourquoi cet acharnement sur les Forces De Sécurité uniquement en faisant porter la responsabilité au président considéré comme sortant par la communauté internationale ? Pour en avoir une idée, j’invite ceux qui veulent réellement comprendre à écouter attentivement le message vidéo sur le lien suivant :
http://www.youtube.com/watch?v=ES78gfdyAEI
Sans doute que beaucoup de gens comme moi n’y avaient pas vraiment prêté attention avant l’élection présidentielle de novembre dernier. Mais il est frappant de voir comment le schéma de la crise tel qu’annoncé dans ce message vidéo correspond tout à fait aux évènements tels que nous les vivons depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Il semble donc peu probable que la situation post électorale que nous vivons en ce moment soit le fait d’un hasard. Même les niais sont aujourd’hui en mesure de mieux comprendre pourquoi l’ONUCI, l’UA et la CEDEAO n’ont jamais été insistants sur le désarmement des rebelles malgré toutes les concessions faites.
Toutes les manigances à même de contraindre le président constitutionnellement reconnu à céder le pouvoir s’étant heurtées à la force de caractère de la Côte d’Ivoire, le temps semble venu pour l’ex-colonisateur de passer à la phase de l’attaque frontale en commençant par déposséder l’armée ivoirienne de ses armes. Pour cela et avec la complicité du Nigéria, elle a de déposé au conseil au conseil de l’ONU, un projet de résolution pour l’interdiction d’armes lourdes. Ceci parait-il, pour protéger la population civile qu’elle-même prend le soin de tuer à petit feu en interdisant l’approvisionnement de la Côte d’Ivoire en médicaments. Qui plus est, cette action est combinée avec le passage à l’offensive déclenchée le 28 mars sur trois fronts en simultané (DOUEKOU à l’ouest-DALOA centre ouest-BONDOUKOU à l’est). Technique de combat avec une importance de matériel et de soldats qui révèle que les rebelles bénéficient du concours de l’Ecomog (armée sous régionale) et de l’ONUCI.
Ces réalités jettent un peu plus de lumière sur des pratiques infâmes qui mènent ce continent à la mort. A tort ou à raison, les Ivoiriens se berçaient encore de l’illusion qu’un panel de chefs d’Etats avec l’aval de l’ONU leur trouverait une solution pour éviter la guerre. C’était tout simplement oublier que lorsque ces Maitres du monde font un pas dans le crime, ils se persuadent qu’il est impossible de reculer, et ils s’abandonnent à la fatalité du mal. Le cas de la Libye en est un exemple frappant : L’objectif pour eux est désormais le départ du pouvoir de KADAFI, malgré la décision de la Ligue arabe et celle du conseil de sécurité de l’ONU pour la limitation d’une zone aérienne afin de protéger les civils des avions bombardiers du colonel. C’est aujourd’hui le cas en Côte d’Ivoire où la guerre est bien de fait, hélas !
Nul doute que cela rendra les partisans pro-Gbagbo plus ardents dans la cause qu’ils défendent avec leur foi habituelle que Dieu se sert de l’adversité comme d’un marchepied pour élever les hommes. Par conséquent, lui seul fera de ce pays ce qui lui plaira quel que soit le temps que cela prendra.
Quel sera dès lors le sort de la Côte d’Ivoire livrée à elle-même ?
Certes, dans ce jeu médiatique d’accusation de crimes contre l’humanité, l’objectif de la communauté internationale est de s’assurer que Mr Gbagbo soit écarté du pouvoir en étant traduit devant la Cour pénale internationale (CPI) ; cela laisserait la liberté à celui qu’elle reconnaît comme le Président de la Côte d’Ivoire, d’exercer ses fonctions en toute tranquillité. Mais connaissant le tempérament des Ivoiriens, cela ne va-t-il pas plonger précipitamment la Côte d’Ivoire dans un abîme de maux qui la rendrait ingouvernable ? A moins d’avoir l’intention de faire de Mr Ouattara un président singulièrement répressif pour contenir cette population qui deviendra permanemment exaltée en lui étant hostile.
Quoi qu’il en soit, la Côte d’Ivoire n’est pas le Soudan et Mr Gbagbo n’est pas Mr Béchir. Alors, je doute fort qu’agiter le spectre d’une poursuite judiciaire internationale ou même envisager une élimination physique le pousse à céder, persuadé qu’en tant que président, il se doit à sa patrie plus que les autres.
Dans cette hypothèse et loin de ressembler à une kermesse, la vie entre les différentes communautés de ce pays se fera probablement dans la douleur, la déchirure et la rupture avant que le peuple ivoirien ne naisse à nouveau. Quant aux Maîtres du monde dont ce n’est pas le souci majeur, ils ont encore une fois réussi leur coup ! C’est qu’en effet, cette élection n’avait pas pour eux le but de contribuer à une évolution quelconque de la démocratie dans notre pays, mais de le faire croire. Ils y sont parvenu cette fois encore et le « business » pourra bientôt reprendre sous leur contrôle. A la fin de toute cette pagaille, il ne leur restera plus qu’à boucler l’opération en faisant une petite place aux ONG pour faire bonne figure..
Jean KIPRE
Membre du Bureau de représentation du
Parti écologique ivoirien en France (BRPEI)
Parti-ecologique-ivoirien.org