Dans les « no man’s lands » des campus universitaires de Cote d’Ivoire

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 22 mai 2011 23 h 44 min

Le vaste campus universitaire de la commune chic de Cocody, dans l’est d’Abidjan, n’a pas accueilli un seul étudiant depuis plus d’un mois. Reportage en images au cœur de ce symbole d’une Côte d’Ivoire en panne sèche depuis la crise post-électorale.

Les étudiants qui se baladaient nombreux entre les larges allées du campus universitaire de Cocody ont « disparu du décor ». Seuls les lézards, les oiseaux de mauvaise augure et quelques hommes en arme, chargés d’en assurer la surveillance, y ont désormais droit de cité. Dortoirs silencieux, voitures désossées, vêtements laissés à l’abandon, poubelles collectives qui débordent… Le site ressemble à une ville fantôme.

Difficile d’imaginer qu’il y a quelques semaines encore, les 65 000 étudiants de cette université réputée dans toute l’Afrique de l’Ouest préparaient les examens prévus, comme chaque année, en mai et juin  Ou que les membres de la puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), proche de Laurent Gbagbo, y avaient érigé, au lendemain de la présidentielle contestée du 28 novembre 2010, des semblants de barrages destinés à contrôler les nombreuses allées et venues des étudiants et des automobilistes traversant le site pour rejoindre la Riviera, voisine.

Le 13 avril, à l’issue du premier conseil du gouvernement Ouattara, ordre à été donné de fermer l’ensemble des campus et résidences universitaires de la ville pour « réhabilitation et assainissement ». Pour l’heure, les travaux n’ont toujours pas débuté et la date de reprise des cours n’a pas encore été fixée.

Avec France 24

Cités universitaires d’Abobo et de la Riviera 2: Les Frci occupent les chambres – Prostituées et vendeuses se frottent les mains

C`est un secret de polichinelle. Les cités universitaires d’Abidjan n`abritent plus d`étudiants,
depuis la chute du régime du Président Laurent Gbagbo. Loin s’en faut. A
propos, celles d’Abobo 1, Abobo 2 et de la Riviera 2 ne font pas exception à
cette nouvelle réalité. Les locataires actuels de ces cités que nous avons visitées le vendredi 20 mai 2011, ne sont autres que les éléments des Forces républicaines de Côte d`Ivoire(Frci).
Nous nous en sommes rendu compte après y avoir effectué plusieurs détours.
Sur la raison de leur présence en ces lieux, les avis divergent. A la Riviera 2, le caporal Touré Adama qui nous reçoit évoque une question de sécurité. « Nous sommes là pour sécuriser la cité.
Notre équipe est chargée d’empêcher que la cité ne fasse encore
l’objet de pillage. Nous aidons même des étudiants à récupérer leurs affaires.
Parce que les pilleurs sont toujours aux aguets », soutient-il. A la question de savoir si cette présence et l’occupation des chambres de cette cité est officielle, c’est motus et
bouche cousue. « Seul mon chef peut vous répondre sur ce sujet », insiste-t-il. Toutefois, l’homme reconnaît que des éléments y ont trouvé refuge en attendant de retourner en caserne. A Abobo 1, des éléments des Frci sont postés à l’entrée principale, non loin de la place Akpélé Akpélé (Etudiant tué à la suite de tortures à cité d’Abobo dans les années 90 :Ndlr). Tout le long des murs, de jeunes filles sont assises sur des bancs de fortune. Si
certaines sont là pour vendre des beignets et marchandises de tous ordres,
d’autres par contre, ont à cœur de vendre leur charme. D’ailleurs, le vocable
‘’A chacune son « Frci »’’ que nous entendons d’une des nombreuses filles
qui fréquentent les abords de cette cité ne manque pas de nous faire sourire.
Awa, une de ces filles, fait partie de celles-là. Vêtue d’un pantalon jeans et
arborant une allure aguichante, cette adolescente ne manque surtout pas
d’atouts pour appâter le premier client. De jeunes gérants de cabines, tout
juste à côté, ne s’embarrassent de fioritures pour assouvir leur sexualité
visuelle. Bref. A l’intérieur de
cette cité universitaire, les quatre bâtiments sont squattés par des soldats
volontaires des Frci. Sans eau ni électricité, ces éléments suent sang et eau
pour survivre. D’ailleurs, au nombre du lot des difficultés, notre guide
énumère l’étanchéité dans tous les bâtiments qui, pour la plupart ont subi de
nombreux dégâts et qui ont été décoiffés par endroits. Sur les deux espaces de
jeux, c’est la revue des troupes. Au restaurant, des femmes bénévoles sont à
tâche pour concocter des mets pour les nouveaux locataires. En quelques endroits,
nous remarquons un ‘’grins’’ (Lieu de rassemblement et d’échanges). Une odeur
de thé à la menthe se répand de part et d’autre. Nous partageons un verre de ce
thé avec nos hôtes, avant de mettre le cap sur la cité universitaire Abobo 2 où
le même décor est planté.

DIARRA Tiémoko (Soir Info)

Les Frci occupent les chambres des Cités universitaires d’Abobo et de la Riviera 2
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