by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 17 juin 2013 12 h 11 min
Les spectaculaires casses des agences de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) font le buzz sur la toile depuis 48h. A la faveur de la visite effectuée par le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, au Sénégal la semaine dernière, un site sénégalais a exhumé l’affaire. On se souvient qu’un an après l’éclatement de la rébellion en septembre 2002, soit en 2003, les agences de la Bceao de Bouaké puis Korhogo et Man avaient été braquées par des rebelles d’alors. L’on avait spéculé sur les sommes faramineuses sorties des coffre-forts des différentes agences. La Banque elle-même n’avait pas communiqué au grand public, le montant exact emporté lors de ces attaques. Au Sénégal où le leader de l’ex-rébellion, Guillaume Soro, était en visite la semaine dernière, le dossier des casses de la Bceao a fait et fait encore grand bruit. C’est que des journalistes sénégalais s’y étaient intéressés au point de mener des investigations, ayant abouti à des accusations portées contre l’ancien président Abdoulaye Wade. Selon eux, l’ex-chef de l’Etat sénégalais était trempé dans l’affaire en permettant aux auteurs des casses de blanchir leur butin à Dakar.
1O38 MILLIARDS VOLES
S’agissant des billets sortis des coffre-forts, l’on avance maintenant la faramineuse somme de 1038 milliards de F. CFA. « Une évaluation complète du préjudice causé à la Banque centrale a été faite. Les montants dérobés dans les trois agences s’élèvent à 1038 milliards de FCFA. Cet argent a d’abord été placé au Burkina Faso, base arrière de l’ex-rébellion, avant d’être convoyé au Sénégal en avion», rapporte en effet le site d’information sénégalais derniereminute, cité par Koaci.ci.
L’argent volé aurait été blanchi avec des complicités au plus haut sommet du gouvernement sénégalais d’alors et la direction de la Bceao. «Parce que, sans la complicité de la BCEAO elle-même, il était impossible de blanchir cet argent qui a été par la suite injecté dans le circuit», croit savoir le confrère, qui ajoute que ce trésor a été investi dans l’immobilier, la restauration et l’hôtellerie au Burkina Faso et dans bien des pays africains et même au Brésil, où certains auteurs de ces casses se sont offert des ranchs. Le confrère avance par ailleurs que, suite à une enquête promise par Charles Konan Banny, gouverneur de la Bceao à l’époque, toutes les personnes impliquées dans ce coup fumant ont été listées, mais l’affaire est restée sans suite. «Dix ans plus tard, on a vu les résultats. Les cerveaux de ces attaques n’ont jamais été inquiétés et aucune communication n’a été faite sur les pertes causées à la banque», note le site sénégalais.Et pourtant, l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, avait déposé à l’époque des faits, une plainte contre X, après avoir reçu le rapport que lui avait adressé la »mission exploratoire », suivie de la »mission pluridisciplinaire » dépêchée par Banny sur les lieux en son temps. C’est du moins ce que rapportait Jeune Afrique dans son édition du 20 décembre 2003.
DES CHEFS D’ETAT DANS LE COUP
Mais, ces poursuites judiciaires sont restées sans suite. A l’époque, la France, rapporte pour sa part le confrère »L’Eléphant déchaîné », avait voulu faire arrêter tous les cerveaux des attaques, mais des chefs d’Etat, dont les pays ont tiré parti du fruit de ces casses, n’ont pas voulu s’associer à l’initiative des autorités françaises, au risque de se mettre en difficulté. Dix ans après ces braquages, le dossier ne semble pas être sorti des esprits. Au Sénégal où l’affaire avait conduit à des poursuites contre un journaliste et un homme politique du nom de Amath Dansoko, sous le régime d’Abdoulaye Wade, le dossier des casses de la Bceao est loin d’être rangé au placard. La preuve, dans une interview accordée il y a quelques jours au site sénégalais seneweb, Amath Dansoko est revenu sur ses accusations quant au rôle joué par les anciens dirigeants sénégalais dans cette affaire. «Je maintiens que l’argent a été blanchi ici à Dakar. Le ministre des Finances ivoirien de l’époque l’a dit ici, et personne n’a protesté. Il (Ndlr. : Wade) s’acharnait contre Banny (Ndlr. : ancien directeur de la banque) (…). Lors d’une conférence de presse à Dakar, Banny a dit qu’il ne sait pas si demain il sera encore vivant, évoquant une menace de mort, mais nous savons que de hautes autorités ont blanchi l’argent de Bouaké et Korhogo et nous rendrons la liste publique dans quelques jours. Dès le lendemain, Abdoulaye Wade est allé s’agenouiller devant lui pour le supplier de ne pas le faire», a notamment déclaré ce ministre d’Etat dans le gouvernement Malick Sall.
Assane NIADA – L’Inter
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