by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 28 août 2010 12 h 19 min
Le capitaine des Eléphants, Didier Drogba, n’est pas blessé mais il n’a pas été convoqué par François Zahoui, le nouveau sélectionneur, pour disputer le premier match des éliminatoires de la Can 2012 contre le Rwanda, le 4 septembre au félicia. Au delà d’un simple choix technique, c’est une véritable affaire qui vient d’être dépoussiérée en équipe nationale.
François Zahoui a frappé fort. Très fort même. Le tout nouveau sélectionneur-entraîneur des Eléphants commence sa mission sans Didier Drogba, le meilleur artificier de la sélection. En tout cas pour la rencontre Côte d’Ivoire-Rwanda du 4 septembre qui marque le début des éliminatoires de la Can 2012, les Eléphants se produiront sans leur meilleur atout offensif. Que ce soit clair. La mise à l’écart de Didier Drogba pour ce match Côte d’Ivoire-Rwanda n’a nullement été imposée à François Zahoui.
Comment Zahoui sacrifie Drogba
Cette décision difficile voire douloureuse a fait l’objet d’une discussion entre l’encadrement technique et la haute hiérarchie de la sélection. En tout cas, François Zahoui et son staff ont fait la proposition d’écarter Drogba pour ce match. Arguments à l’appui, ils auraient convaincu les dirigeants fédéraux. Mais pour un entraîneur qui vient à peine de franchir le seuil de la FIF et qui, à la limite, ne connait pas encore vraiment les joueurs, qu’est-ce qui a bien pu motiver une telle décision ? « Ecoutez, sur 22 joueurs, 20 n’aiment pas Didier Drogba. Ils ne veulent pas jouer avec lui. Ils estiment que lui seul est surmédiatisé par rapport à toute l’équipe, et qu’il n’est pas humble, qu’il ramène tout à sa seule personne. Voilà la vérité de l’équipe nationale. Les Académiciens (Ndlr : ancien de l’Académie Mimosifcom), il faut avoir le courage de le dire, ne l’ont jamais aimé.
Ils ont toujours fait semblant. Même Chico qui dort avec lui fait des réunions de clan dans son dos. Or, Zahoui, lui, est tenu par une obligation de résultats », affirme une source fédérale. On le voit, Zahoui, à la limite, n’avait pas vraiment le choix même si le dernier mot lui revenait. Entre un joueur, fusse-t-il Drogba, et l’équipe, il fallait faire un choix. C’est fait. Et vite fait. En prenant la décision de mettre DD à l’écart, le patron technique des Eléphants préserve ainsi son avenir à la tête de la sélection. Quels qu’en soient les risques. « En fait, c’est aussi une façon pour l’entraîneur de dire que personne n’est indispensable. Et que la sélection reste ouverte à tous. Si demain Yaya, Kolo, Maestro font une gaffe, ils seront sanctionnés à la dimension de leur faute ».
Drogba, le début de la fin avec les Eléphants ?
Notre source est formelle. « En fait en prenant cette décision, l’entraîneur veut voir de quoi sont capables les autres sans Drogba. Lui, il est déjà confirmé, donc il faut responsabiliser les jeunes pour voir. Une, deux fois pour voir ce que ça va donner ». Un entraîneur n’est tenu que par les résultats. Si en deux ou trois matches l’équipe gagne sans Drogba, que demande-t-il de plus ? Il va continuer sur cette lancée. Mais si en deux ou trois sorties, les choses ne tournent pas rond et qu’il faille faire appel au buteur de Chelsea, ce dernier acceptera-t-il de ne venir qu’en pompier ? Pas si sûr. A l’analyse, on peut aisément déduire que ça sent le début de la fin pour Drogba en équipe nationale. Même si la porte de la sélection ne lui est pas encore définitivement fermée.
Drogba, un impact sportif et médiatique
La mise à l’écart programmée de Didier Drogba, il faut avoir le courage de la dire, ne sera pas sans conséquences pour la sélection. C’est clair qu’un joueur, quel qu’il soit, n’est pas indispensable. Mais Drogba est, on peut l’affirmer, est un cas à part. Il n’est pas seulement buteur des Eléphants. Sa simple présence influence l’adversaire. C’est un atout offensif mais aussi et surtout psychologique. Les Eléphants avec Drogba sont différents sans lui. Pas que l’équipe ne peut pas aligner deux passes sans lui, mais il a un gros impact sur le jeu d’ensemble de l’équipe.
Ajouté à cela son influence au niveau marketing de la sélection. Les chaines françaises qui suivent du jour le jour les Eléphants et qui y font entrer de l’argent sont là en grande partie grâce à l’ancien buteur de Marseille. Et à cause de lui. Des pays ont demandé à disputer des matches avec la Côte d’Ivoire pour « vendre » Drogba. D’autres ont accepté de jouer contre la Côte d’Ivoire à condition que la star de Chelsea soit de la partie. C’est donc clair, la cote médiatique de la sélection n’est pas la même avec ou sans Drogba. Donc sur ce plan, forcément le capitaine des Eléphants va manquer au groupe. Et le portefeuille des Eléphants pourrait prendre un petit coup.
Kolo a réussi son pari
« Le vrai problème de l’équipe nationale c’est Kolo. Aussi bien au plan sportif que des relations humaines à l’intérieur du groupe ». Notre informateur ne mâche pas les mots. En fait depuis 2000-2001 qu’ils ont fait leur entrée massive en équipe nationale, les académiciens ont toujours voulu avoir la main mise sur le groupe. Pour eux, ils sont les meilleurs. Et le chef de la famille a toujours été Kolo Touré. Seulement il n’a jamais eu le courage de ses opinions. Il a toujours avancé cagoulé en envoyant les plus jeunes au charbon. Et depuis l’arrivée de Drogba en 2003, Kolo et les autres académiciens ne l’ont jamais accepté. L’affaire a pris de l’ampleur quand Drogba a hérité du brassard de capitaine qui, en principe devait revenir à Kalou Bonaventure à l’époque. Un statut que Kolo a toujours revendiqué. Et il n’a pas arrêté de « travailler » dans ce sens. On peut le dire, sans risque de se tromper, que son « combat » a fini par payer. En tout cas sur une bonne période, voire pour le restant de sa présence en sélection, c’est lui qui sera le capitaine.
Son vœu savamment nourri a fini par être exaucé. Si la Côte d’Ivoire, en dépit de la qualité de son groupe, ne réussit pas à gagner de trophée, c’est en grande partie à cause de ce vilain sentiment interne qui la mine. Les joueurs de cette génération n’ont jamais eu une vibration positive commune pour l’équipe. L’égo de chacun a toujours primé. Si l’éviction de Drogba peut ramener la solidarité escomptée et permettre à la FIF version Jacques Anouma de gagner un trophée avec toute l’organisation qu’elle a mise en place, ce serait tant mieux. Mais s’il s’agit de juste faire mal à une personne, ça ne valait pas le coup. En tout cas, un nouveau vent va souffler sur les Eléphants.
Euloge Atsin
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