by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 23 mai 2012 13 h 44 min
En 2007, à la faveur des élections primaires du parti démocrate aux USA, les africains découvraient, avec surprise et fierté, un américain d’origine africaine désigné par son parti pour être candidat à la présidentielle de 2008. Les africains, dans leur grande majorité, se souvinrent de leurs conditions de vie dramatiques depuis la traite des noirs jusqu’à la colonisation. Ils se rappelèrent aussi les échecs des noirs américains dans leur tentative de lutter contre la discrimination raciale.
Lorsque OBAMA fut coopté par son parti pour la présidentielle de 2008, il bénéficia de nombreux soutiens de la part des noirs, des blancs, des riches ou pauvres pour le financement de sa candidature. OBAMA constitua dès lors un espoir pour les noirs en général et pour les africains en particulier.
A l’occasion de son investiture suite à son élection, toute la planète Terre a suivi en direct la cérémonie grandiose au cours de laquelle, Jesse JACKSON l’un des leaders noirs américains, très ému, a coulé des larmes de joie, sans doute se souvenant des nombreuses souffrances endurées par les noirs aux USA et se rappelant aussi le rêve du célèbre Martin Luther KING « I have a dream ».
Les africains se réjouirent avec l’espoir que prendrait alors fin, le joug pesant des USA et des autres pays occidentaux sur les pays sous-développés, toujours honteusement exploités.
Cet espoir fut entretenu lorsqu’au pouvoir, OBAMA, pour sa première visite en Afrique, déclarait à Accra au Ghana (Afrique Occidentale) qu’il souhaitait pour les pays africains des institutions fortes, sans doute pour consolider la démocratie, lui le démocrate. Il a aussi, concernant la prison américaine de Guantanamo, déclaré son désir de la fermer.
Ces belles déclarations ont-elles été suivies d’effets ? Que nenni ! Les promesses d’OBAMA n’ont engagé, comme toujours, que ceux qui y ont cru.
En effet, s’agissant de sa déclaration d’Accra visant à promouvoir des institutions fortes dans les pays africains, comment cela serait-t-il possible quand OBAMA, qui a accompagné Sarkozy dans les guerres faites à la Côte d’Ivoire et à la Libye à cause de leurs richesses, a royalement bafoué les institutions de ces états pour finalement imposer à leurs peuples un dictateur et des renégats? De quelles institutions fortes a voulu parler OBAMA à Accra quand ses ambassadeurs sont des pièces maîtresses dans le renversement des régimes en place comme en Côte d’Ivoire et en Libye ? Comment les institutions peuvent-elles être fortes quand les coups d’état se succèdent dans des pays où sont implantées des ambassades américaines telles en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée Bissau sans que le pays d’Obama ne s’y oppose mais au contraire utilise les organisations sous-régionales et continentales pour accompagner les putschistes ?
De quelles institutions fortes a parlé OBAMA, quand il félicite celui qui a été imposé aux congolais à l’issue d’une parodie d’élections ?
En Syrie, quelles institutions fortes voudrait voir le Président américain, quand il est à la base de la déstabilisation du régime de Bachar El Assad en déclarant à qui veut l’entendre que la question qui se pose dans ce pays, « ce n’est pas si Assad partira du pouvoir, mais plutôt quand» ?
Au total, Obama l’afro-américain est un espoir déçu pour les africains. C’est sous son règne que le continent africain a le plus connu les pires atrocités des rebellions, des terroristes et surtout la mise à mal des démocraties naissantes comme en Côte d’Ivoire avec le Président renversé Laurent GBAGBO et avec l’assassinat du Guide libyen.
Obama l’africain a fait en Afrique pire que tous les Présidents blancs américains.
En France, l’élection de Hollande pourrait aussi constituer un espoir déçu à l’analyse des faits.
D’abord, en quoi le nouveau Président français serait-il un espoir pour les africains ?
Au soir du jour de l’élection de Hollande, de très nombreux africains ont manifesté leur joie aussi bien en France qu’en Afrique. Les français résidant en Afrique ont d’ailleurs voté dans leur grande majorité le candidat socialiste, eux qui sont imprégnés des aspirations légitimes des peuples africains. Hollande, pour ces africains ; constitue un espoir car il vient de chasser de l’Elysée, leur bourreau.
De plus, ses déclarations opposées à la pratique mafieuse de la Françafrique qui maintient les pays francophones dans le sous développement, son engagement pour la fermeture de la cellule africaine de l’Elysée et son refus de cautionner le semblant d’élection présidentielle en RDC, en décidant de ne pas se rendre au sommet de la francophonie prévu dans ce pays au dernier trimestre de cette année, sont des raisons et des signes du changement prôné par le Président Hollande, pour que les africains se réjouissent de son avènement à la tête de l’exécutif français.
Déjà lors de sa rencontre avec Merkel, la Chancelière allemande, Hollande a privilégié la croissance, respectant ainsi son programme de campagne. De plus, à la rencontre des dirigeants de l’OTAN ; il a su convaincre ses pairs du retaits des combattants français d’Afghanistan en fin 2012, en accord une fois de plus avec la promesse faite aux français pendant la campagne électorale. Ces signes augurent d’un respect des promesses faites aux africains.
Cependant, en se fondant sur la traite des noirs, sur l’expérience passée de l’ancien Président Mitterrand, le socialiste qui n’a pas apporté grand’ chose à l’Afrique et malheureusement, le fait que les blancs ont de tout temps considéré l’africain comme un sous-homme, des raisons d’inquiétude existent.
Hollande saura-t-il tenir ferme devant les pressions de ses multinationales et des réseaux mafieux afro-occidentaux ?
En 2004, à l’issue de la barbarie de l’armée française contre les ivoiriens, Hollande, alors premier secrétaire du parti socialiste, prenant le parti de son compatriote Chirac, a jugé « infréquentable » son camarade socialiste, Laurent GBAGBO. Il a en outre pesé de tout son poids pour que le FPI, parti créé par GBAGBO, soit mis au banc des accusés de l’Internationale Socialiste. Il a dans cette affaire, privilégié, sans discerner ni rechercher la vérité, l’intérêt français faisant ainsi preuve d’un esprit manifestement partisan.
Ces indices amènent à s’interroger si Hollande ne sera pas, comme Obama, un espoir déçu.
En effet, l’on est en droit de se demander si le nouveau Président français voudra concilier les intérêts des multinationales de son pays et des pays occidentaux avec ceux des pays africains. Voudra-t-il au plus vite retirer l’armée d’occupation, la Licorne que ses prédécesseurs de la droite ont installée en Côte d’Ivoire et dont les soldats ont massacré des milliers d’ivoiriens ? Hollande sera-t-il capable de retirer tous les soldats français disséminés partout dans les pays africains ?
Voudra-t-il respecter l’indépendance économique et politique des états africains ? Quel sort réservera-t-il au Franc CFA, premier instrument d’asservissement des pays africains par la France ? Cet outil dangereux pour les pays africains que le premier Président socialiste Mitterrand, durant les quatorze ans de son règne, n’a pas daigné enrayer. Acceptera-t-il de payer au juste prix les matières premières des pays africains, toujours victimes de la détérioration des termes de l’échange ?
La France de Hollande continuera-t-elle à rédiger à l’ONU des résolutions fort humiliantes pour ses ex-colonies ? Pourra-t-il traiter d’égal à égal avec les Chefs d’Etat africains dans les relations diplomatiques ? Maintiendra-t-il dans certaines ambassades des loubards qui s’y sont installés par effraction en molestant d’honnêtes diplomates et leurs collaborateurs ? Continuera-t-il d’imposer aux Chefs d’Etat africains le défilé du 14 Juillet, comme signe de soumission au « trône de France » ? Au lieu de dialoguer avec les ex-colonies, le Président Hollande choisira-t-il comme son prédécesseur, de larguer des bombes et des missiles sur les populations des pays dont les Présidents sont réfractaires à une Afrique vassalisée?
Saura-t-il respecter la dignité des africains quand on sait que son camarade socialiste, le Président GBAGBO est aujourd’hui injustement déporté à la CPI par son prédécesseur, reconnu par la majorité des africains comme le déstabilisateur patenté de leurs pays ? La déportation de GBAGBO ayant été l’œuvre de son prédécesseur au vu et au su de tous, il appartient à Hollande, lui qui a dit « aimer les gens quand d’autres sont fascinés par l’argent », d’innocenter ce patriote africain et tous ces collaborateurs qui sont détenus injustement par Ouattara dans les goulags du nord, une région embastillée depuis dix années par ses criminels analphabètes.
Comme on l’aperçoit aisément, Hollande, comme OBAMA, pourrait être un espoir déçu s’il ne trouve pas les réponses adéquates aux questions ci-avant.
Mais tout dépendra de son engagement à respecter son programme de gouvernement basé sur « le changement, c’est maintenant ». Il est vrai que dès sa prise de fonction, cela s’est vérifié à l’occasion de son voyage en Allemagne où il a dû changer d’aéronef à cause de la foudre qui s’est abattu sur son avion de commandement. Il pourrait continuer sur cette lancée en changeant le mode et la pratique de la diplomatie, de la politique, de l’économie et de la coopération militaire à l’égard des pays africains.
Hollande peut montrer de meilleures dispositions en s’engageant à ouvrir des enquêtes sur les actions menées par son armée et la droite française en Côte d’Ivoire, en Libye et en Syrie. Il doit aussi porter une attention particulière sur l’accord de défense signé précipitamment entre Sarkozy et son filleul Ouattara. Les patriotes africains lui en sauront gré.
A l’instar d’OBAMA, il est reconnu que Hollande a été élu pour défendre les intérêts des français partout dans le monde. Mais comme tous les pays du monde, l’Afrique, appauvrie par les pays développés, aspire à plus de liberté, de dignité et de respect car les pays de ce continent peuvent se développer par leurs propres moyens si la France et les autres pays développés cessent de s’ingérer dans leurs affaires politiques, économiques et même militaires en fomentant des coups d’état à partir des rébellions, des mercenaires et autres engins de destruction massive de vies humaines.
Hollande va-t-il continuer de soutenir les régimes fantoches imposés et entretenus par Sarkozy en Afrique ? La France de Hollande continuera-t-elle de soutenir ces Chefs d’Etat corrompus, rebelles, imposés au pouvoir depuis des lustres, qui se sont enrichis frauduleusement et qui tripatouillent les constitutions de leurs pays pour se maintenir à la tête de leurs états à l’issue de parodies d’élections, mais qui sont contre toute attente adulés par les dirigeants français ? D’ailleurs, ces derniers les tiennent en laisse après avoir réussi à les corrompre et les utilisent pour déstabiliser les régimes dirigés par des africains dignes.
De même que OBAMA a été pour les africains un espoir déçu, Hollande, s’il n’applique pas dans les faits son slogan de campagne à l’endroit de l’Afrique, constituera une déception pour des millions d’africains qui ont jubilé trop tôt au soir du 6 mai 2012. Ils constateront alors amèrement que Hollande est comme OBAMA. Vivement que le Président français ne déçoive pas les minces espoirs placés en lui par les africains. Que le mauvais exemple d’OBAMA, l’afro-américain, ne fasse pas tache d’huile.
KOBAZEYRET Laurent
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