L’analyse de notre consultant sur la visite des émissaires africains cette semaine à Abidjan

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 5 janvier 2011 11 h 22 min

BrasdeFer

Trois chefs d’Etat membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les présidents du Cap-Vert Pedro Pires, de la Sierra Leone Ernest Koroma et du Bénin Boni Yayi et le premier ministre Kenyan, Raila Odinga à Abidjan étaient à Abidjan pour tenter de concilier les positions entre le président Laurent Gbagbo et le premier ministre Alassane Ouattara, les deux grands acteurs de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Notre Consultant, le Dr. Emmanuel Zagbla, échange sur la situation avec Daniel Attéby. Interview…

IvoireDiaspo : Dr. Zagbla, quelle leçon tirer après le déplacement des chefs d’état africains en Côte d’ivoire cette semaine pour tenter de colmater les bouts?

Dr.Zagbla : C’est d’abord une grande déception ! Comme Africain, je ne peux pas accepter cette comédie qu’on vient jouer chez nous ! Les règles élémentaires de la diplomatie sont piétinées dans cette crise ivoirienne. Le manque de respect de certains auteurs les disqualifie automatiquement de leur rôle de pacificateurs.

IvoireDiaspo : Pourquoi parlez-vous de déception alors que les résultats ne sont pas si négatifs ? Qu’est ce qui vous choque tant?

Dr.Zagbla : La présence du Premier Ministre Kenyan. Il aurait dû renoncer à son mandat. Après avoir déclaré publiquement que le Président Gbagbo devrait être chassé par la force, qu’est-il venu faire, la diplomatie ? Il s’agit aussi d’une question de dignité et de respect de soi !

IvoireDiaspo : Malgré les pressions, le Président Laurent Gbagbo est toujours à son poste…

Dr.Zagbla : En effet, certains pensaient trouver le Président Gbagbo dans l’attente, avec les valises déjà faites! Les détracteurs seront déçus, et ils auront honte car le Président Gbagbo restera le Président de la République de Côte d’Ivoire pour les cinq prochaines années.

IvoireDiaspo : Que pensez-vous des sanctions de l’Union européenne contre le Président Gbagbo et tous les membres de son gouvernement ?

Dr.Zagbla : Je n’ai jamais compris l’approche de l’Union Européenne à la crise ivoirienne. Quels sont les fondements juridiques et politiques qui inspirent ces sanctions ? Qu’à fait notre pays contre l’Union Européenne ? Un cas électoral litigieux entre deux candidats comporte en premier lieu l’étude de la situation et ensuite une proposition d’intermédiation. Etant un problème interne à la Côte d’ivoire, il est difficile de comprendre les prises de positions contre le Président Laurent Gbagbo.

IvoireDiaspo : Alors que préconisez-vous pour résoudre la crise?

Dr.Zagbla : N’oublions pas que la Côte d’Ivoire a une Constitution. Le président du Conseil constitutionnel l’a bien signifié. Si le Président Gbagbo était contraint à la démission, le Prof. Mamadou koulibaly pourrait assurer l’intérim de la Présidence en organisant de futures élections avec l’exclusion de tous les candidats à problème. Mais ce n’est pas là le problème.

IvoireDiaspo : Quel est donc le problème?

Dr. Zagbla : Le problème, c’est l’ingérence extérieure dans les affaires africaines. Si nous voulons construire une Afrique digne avec moins d’obstacles, l’Afrique devrait s’isoler, en quittant toutes les organisations internationales. Le cas Ivoirien démontre que pour la sécurité du continent, il serait paradoxalement envisageable que tous les pays Africains quittent les Nations-Unies pour mieux se concentrer sur les problèmes internes du continent.

IvoireDiaspo : Une ambition pratiquement utopique puisqu’aucun continent ne peut se couper du reste du monde

Dr. Zagbla : C’est l’unique solution si nous envisageons un développement réel, une indépendance réelle. La Côte d’Ivoire va donner l’exemple sous peu, en quittant la zone Cfa pour créer sa propre monnaie. Les africains doivent oser, ils ne sont pas les derniers sur la terre.