by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 5 novembre 2014 10 h 35 min
« Il est bon de rappeler que c’est le président Blaise Compaoré qui a donné un passeport diplomatique à monsieur Laurent Gbagbo, chef de fil du Fpi pendant que ce parti se prétendait dans la clandestinité pour se rendre en exil ». C’est un extrait d’un communiqué officiel du Rdr, parti d’Alassane ouattara, signé de son porte-parole principal Joël N’guessan.
Un communiqué bâtit sur du faux.A la suite du porte-parole principal du Rdr, voilà ce qu’écrivent, entre autres, les journaux du parti au pouvoir: «Le plus gros et beau geste en faveur de Laurent Gbagbo reste incontestablement l’établissement d’un passeport diplomatique à Laurent Gbagbo qui se faisait appeler Abdoulaye Cissé. Vêtu d’un grand boubou basin et déguisé comme un commerçant malinké sous l’identité d’Abdoulaye Cissé, Laurent Gbagbo a été accueilli par Blaise Compaoré à Ouagadougou avant de lui offrir un passeport sous cette même identité ». Tout cela est faux !
Quand on ne sait pas, on s’informe. Pourchassé par Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo est allé en exil en France via l’ex-Haute Volta en 1982. Or en 1982, la Haute Volta qui deviendra après Burkina-Faso sous Thomas Sankara était dirigée par le colonel Seye Zerbo. Il a été renversé le 03 Août 1983 par Thomas Sankara. Et c’est le 15 octobre 1987 que Blaise Compaoré a tué Thomas Sankara pour se revêtir du manteau de chef d’état.
N’étant donc pas au pouvoir en 1982, Blaise Compaoré n’avait donc pas les moyens institutionnels pour délivrer un passeport diplomatique à qui que ce soit.
En ce qui concerne le nom «Abdoulaye Cissé», l’histoire a été racontée par le président Gbagbo, lui-même. Voici les faits :
Le 28 mars 1982, Laurent Gbagbo devait partir en exil en france. Et comme il ne pouvait pas passer par l’aéroport d’Abidjan pour ne pas se faire prendre par les services d’Houphouët, il fallait transiter par un pays limitrophe. Et c’est la Haute Volta qui avait été choisie. Le voyage devait s’effectuer par train. A cette époque, les autorails (c’est ainsi qu’on appelait les trains) avaient des wagons-lits. Et on exigeait que le nom du passager soit mentionné sur son ticket. Et c’est le docteur Richard Kodjo, ex-ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Burkina-faso, fort heureusement encore en vie et actuellement un des vice-présidents du Fpi, qui était chargé d’acheter les tickets de Laurent Gbagbo et
de maître Kouassi André, lui aussi en vie et actuel membre de la direction du Fpi.
Les acteurs sont donc là et peuvent être consultés par Joël N’guessan. C’est donc Richard Kodjo qui a mis sur le ticket de Laurent Gbagbo, le nom Abdoulaye Cissé et sur celui de maître Kouassi André, il a marqué Touré Adama. C’est simplement des noms de camouflage. Sinon Laurent Gbagbo a voyagé avec son passeport ivoirien. Laurent Gbagbo et Kouassi sont arrivés au Burkina-faso le 29 mars 1982 dans la matinée. L’après-midi, il a acheté son billet d’avion sur le vol UtA. Parce que c’est le vol qui ne faisait pas d’escale à Abidjan. Et le lendemain 30 mars, il s’est envolé pour la France avec son passeport ivoirien.
Gbagbo n’a donc passé que 24 h à Ouagadougou. Et non « plusieurs semaines » comme le disent le Rdr et ses journaux. Laurent Gbagbo n’a jamais eu de passeport étranger, encore moins voltaïque. Tout comme il est faux de dire que Gbagbo a été accueilli à Ouagadougou par Blaise Compaoré.
Laurent Gbagbo et maitre Kouassi André ont été accueillis à Ouagadougou par Arba Diallo qui a été par la suite ministre des Affaires étrangères de Sankara. Il était membre du parti africain pour l’indépendance (PAI) qui était dirigé par Philippe Ouédraogo. En fait Gbagbo avait beaucoup de bagages composés essentiellement de ses livres et sa valise. Or dans l’avion, il n’avait droit qu’à 40 kilogrammes de bagages. Il était donc parti avec sa valise et c’est Arba Diallo qui lui a envoyé ses livres par la suite.
Voilà la vérité.
En ce qui concerne l’argent que Blaise Compaoré aurait donné à Gbagbo, nous refusons de nous aventurer sur cette voie car personne ne peut en apporter la preuve matérielle. Par contre ce que l’on sait, c’est que Gbagbo n’a jamais aliéné sa liberté pour l’argent. C’est l’un des rares dirigeants africains, à n’avoir aucun compte à l’étranger.
Notre Voie du mercredi 5 novembre 2014
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