Ce qui se passe à Abobo kilomètre 18 ou si vous préférez PK 18 est tout simplement frustrant. Un désordre, illustré par un conflit armé entre des rebelles soutenus et armés par la France, le Burkina et l’Onu et les forces militaires républicaines ivoiriennes, contraint d’innocentes familles à quitter leurs domiciles. Ils s’en vont le cœur en peine quémander asile ailleurs.
En Libye aussi, c’est la mort dans l’âme et le cœur gros que trente mille Chinois et plusieurs dizaines de milliers d’Européens retournent dans la galère qui les attend dans leurs pays respectifs. Sur la question libyenne, la tonitruante communauté internationale a perdu tous ces repères ; elle marche quasiment en toute prudence ( ?) sur des œufs extrêmement fragiles. Sa voix ne porte plus car inaudible à peine à un mètre. Le conseil de sécurité est devenu aphone. L’Ue qui sanctionne à tout vent est tétanisée. Et pourtant, c’est la vogue. Faire bouillir le front social partout.
J’ai écouté comme vous, le reportage d’une radio étrangère qui y tronque certainement les faits. Ce reportage me fait entendre la voix d’une pauvre dame qui s’en fuit des- dits lieux de conflit mais qui a tout de même le temps de dévisager les pilotes des chars. Qu’est-ce qu’elle est courageuse, cette dame ! En un laps de temps qu’elle doit partager entre sa fuite et son instinct protecteur de sa personne, elle a vu les pilotes des chars en action ; mais mieux, elle sait qu’ils ne sont pas Libyens. Ce sont des Soudanais, soutient-elle. Franchement, si ce n’est pas du sensationnel, ce n’est pas non plus un reportage sérieux. Dans mon pays en Côte d’Ivoire, on a vu et entendu pire que ça. En dix ans de lynchage et mensonges médiatiques, nous avons fait école avec des termes haineux et révoltants. De « Côte d’Ivoire poudrière identitaire, nous sommes aujourd’hui, au « président élu selon la commission électorale indépendante et reconnu très rapidement par une quasi communauté internationale » ; non sans oublier les passages des « enfants qui travaillent dans les grandes plantations de cacao », du « conflit entre le Nord musulman et le Sud chrétien », de attitude de xénophobie, de blablabla….
C’est l’ordre mondial new look que nos enfants découvrent maintenant. L’Onu dans des habits de morts et de guerre qui sillonne l’Afrique riche en minerais. L’Onu qui déchire les constitutions des pays membres et y crée par conséquent le désordre. L’Onu qui aime tant Ben Laden et ses lieutenants comme Soro et Allassane. C’est la mode, il faut tout bouleverser dans le monde dans la violence au détriment d’innocentes personnes.
Y a-t-il quelque chose que reproche fondamentalement le peuple libyen à Kadhafi à part qu’il y a eu une révolution non loin de là en Tunisie qu’il faut imiter ?
Y a-t-il quelque chose que reproche fondamentalement la France à la Côte d’Ivoire autre que la volonté de Sarkozy de mettre son filleul de mariage au pouvoir en Côte d’Ivoire ?
Quel est le vrai problème de la nouvelle communauté international dans son commerce avec les Nations et les autres personnalités du monde ?
Pourquoi tant de mépris et de manquements à l’endroit de l’Afrique ?
Dans le dossier ivoirien, le dialogue avec Laurent Gbagbo est-il si difficile qu’il faille par des moyens mafieux et terroristes l’écarter du pouvoir pour imposer au peuple un parvenu ?
N’est-il pas possible de marcher dans les pas de disgrâce de Alliot Marie pour refaire les choses diplomatiques entre Paris et Abidjan ?
Il suffit de se replier, en effet, sur soi pour ne rien comprendre dans les attitudes cyniques de Ban Ki-moon et de Sarkozy. Mais nullement vous ne trouverez comme moi une raison valable à de tels agissements.
Encore des dizaines de milliers de morts en Afrique ; encore des dizaines de milliers de sans abris en Afrique ; encore des dizaines de milliers de sans emplois en Afrique. C’est le résultat des appels intermittents et assourdissant à la guerre et à la révolution ( ?) que lançait sans cesse la prétendue communauté internationale. Par de puissants medias, ils ont mis le feu à nos foyers. Parviendront-ils un jour à prendre conscience de notre vulnérabilité existentielle ? Pas si sûr, tant notre division est profonde.
Abidjan, Yamoussoukro et l’Ouest-montagneux sont encore à feu et à sang. Est-ce cela la révolution dont parlait Guillaume Soro avec tant de suffisance et de désinvolture ? Si oui, étonnons-nous de ce qu’elle paraît bien curieuse. Une révolution qui ne mêle pas à son existence ceux pour qui elle est.
Les « pro révolutionnaires » préfèrent s’éloigner des théâtres de la révolution. L’âme en peine, ils montrent par les traits tirés de leurs visages, un réel effondrement physique et moral. Ils ne s’attendaient pas peut-être à si dure que ça. En ce moment, précis qu’ils traversent, chacun des « révolutionnaires » sait qu’une prétendue victoire de leur mentor ne leur restaurerait plus jamais leur dignité. Sincèrement, ils sentent que beaucoup de choses ont été détruites en eux ; le profil bas,
ils ont non seulement le cœur en peine, mais aussi et surtout des regrets d’avoir collaboré. Or, plutôt nous l’avions dit à travers ces mêmes lignes et dans ces mêmes parutions qu’un contentieux électoral fut-il présidentiel ne méritait pas tant de passion et de parti pris.
Le quartier pro-Ouattara qui avait accueilli ces tueurs d’un autre âge avec joie et déférence, se cherche à travers sentiers et ruelles aujourd’hui. Balluchons sur la tête, ils s’en vont vers aucune destination. Voici venu ce moment. Les cris de joie ainsi que les sauts de bonheur, que les pro- Ouattara poussaient hier, au vu des rebelles qui les visitaient, se sont mués en reflexes stressants et douloureux aujourd’hui. Même son excellence Jacob Zuma tout- puissant président de l’Afrique de Sud a fait les frais de leurs excès. Ils scandaient les mots de haine et de défiance au nez et à la barbe des agents de l’Onu, leurs alliés dans la guerre ivoirienne. En faisant confiance aux soldats rebelles de l’Onu, PK 18 pensait réussir son coup d’Etat contre Gbagbo.
S’il y a une constance à révéler, c’est que l’une des traces la plus profonde en dehors de Guitrozon, Petit-Duekoué et Lakota… des mercenaires de l’Onu ; c’est bien PK 18. Là-bas, ils étaient accueillis en frères et amis. Ils y étaient même des gendres. Ne me demandez pas ce qui reste de toute cette sympathie. Vraiment et sincèrement, je ne saurais vous répondre.
Alain Foccart doit ouvrir son micro. Car nous sommes hélas sur la route de la guerre civile en Côte d’Ivoire. Seule l’histoire nous dira un jour avec toutes ces preuves de quel côté se trouvait la vérité.
Les terroristes ivoiriens, mauvais perdants des élections et soutenus par la France et Ban KI-moon ne veulent rien lâcher. Ils sont certes finis mais ils veulent mourir avec le peuple. L’Afrique digne a pourtant parlé à ces rebelles du Golf Hôtel, pour leur dire que le pouvoir d’Etat ne se prend pas de cette façon. Car de cette façon, ce pouvoir sera dénué de tout son essence. Comme ils mettent à contribution notre armée, il reste que cette dernière prenne ses responsabilités pour leur parler aussi à sa façon. C’est la seule issue car il nous semble nous autres que c’est ce langage qu’ils aiment beaucoup. Entre-temps, Libyens et Ivoiriens, prions pour demain.
Daniel Ourega Gnadja