Les analystes politiques voyaient dans la décision de l’Union Africaine de créer un Panel pour la résolution de la crise ivoirienne, un blâme pour la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.
A part la Galaxie patriotique de Charles Blé Goudé, aucun politique n’avait donné de la voix pour appeler les choses par leur nom en confirmant le désaveu de la CEDEAO par l’Union Africaine.
Toutefois, comme avec le temps toute vérité finit par s’établir, c’est M. James Victor Gbeho, le chef de la CEDEAO qui vient de mettre sur la place publique les dissensions entre la CEDEAO et l’Union Africaine.
Dans son réquisitoire contre l’UA le chef de la CEDEAO a dit dénoncé les agissements de l’Union Africaine dans sa « tentative de contrer ce que cette région (l`Afrique de l`Ouest) fait ». Au récent sommet africain d’Addis-Abeba qui s’est tenu pendant le dernier weekend du mois de février, la CEDEAO avait été invitée à présenter la situation en Côte d’Ivoire. Toutefois selon le mode opératoire de l’UA les Organisations sous régionales présentent les dossiers brûlants mais c’est à l’Union Africaine qu’il revient de prendre les décisions.
En ce qui concerne le dossier ivoirien, la CEDEAO ayant pris fait et cause pour Alassane Ouattara au lieu de tenter de dénouer la crise, plusieurs chefs d’états africains, surtout ceux de la zone australe du continent, avaient requis que le dossier soit examiné dans sa totalité par l’Union Africaine. Ils exigeaient que le dossier ivoirien soit retiré à la CEDEAO. Apparemment, ils ont été entendus par l’Union Africaine qui a décidé d’envoyer à Abidjan des experts pour répertorier toutes les solutions pacifiques qui permettront d’éviter un bain de sang en Côte d’ivoire.
Assurément, comme il fallait s’y attendre, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest s’est sentie blâmée. Pour M. Gbeho, ce blâme signifie une prise de position pour le camp de Laurent Gbagbo. « Certains parmi nous encouragent Gbagbo à ne pas céder ». Allant plus loin, il évoque même l’érosion « au sein de la communauté internationale ». Parmi les pays qu’ils soupçonnent de « encourager M. Gbagbo à ne pas céder » le chef de l’Organisation Ouest Africaine nomme l’Afrique du Sud de M. Jacob Zuma.
« Je suis surpris qu`un pays aussi éminent que l`Afrique du Sud décide
d`envoyer une frégate en ce moment en Côte d`Ivoire… Au moment où nous parlons, un navire de guerre sud-africain est à quai en Côte d`Ivoire… Cela ne peut que compliquer les choses ».
En effet, le navire de guerre SAS Drakensberg de l’Afrique du Sud est actuellement dans les eaux territoriales de la Côte d’Ivoire. Mais selon les journaux indépendants d’Abidjan, la mission du bateau Sud Africain serait de servir de cadre de dialogue direct entre le président Laurent Gbagbo, constitutionnellement élu et M. Alassane Ouattara, proclamé par les ambassades de France et des Etats-Unis.
Par ailleurs, sur invitation de la CEDEAO, des navires Français et Néerlandais sont aussi actuellement dans les eaux ivoiriennes. Ces bâtiments de guerre avaient été mobilisés pour attaquer la Côte d’Ivoire et chasser le président constitutionnellement élu pour installer M. Ouattara.
C’est justement cette manière de procéder de la CEDEAO à faire appel aux forces étrangères à l’Afrique pour régler la crise ivoirienne qui n’a pas fait pas l’unanimité au sein de la grande communauté des Présidents Africains.
Avant le sommet d’Addis-Abeba, le Président Ougandais Yoweri Museveni avait estimé que la position des Nations unies sur la Côte d`Ivoire transposée dans la CEDEAO était “simpliste” et avait réclamé des enquêtes sur l`élection présidentielle de novembre. Dans le même courant, M. Jacob Zuma de l’Afrique du Sud avait plaidé pour trouver “quelque chose d`autre que demander à l`un des deux chefs, notamment à Laurent Gbagbo, de partir”.
Dans le recul, la sagesse africaine aura prévalu sur les positions va-t-en-guerre de la CEDEAO car à part quelques pays étrangers aucun état africain ne bénéficierait d’une quelconque guerre en Côte d’Ivoire. Il s’imposait donc à l’Afrique de rechercher la vérité par les Africains eux-mêmes contre les affirmations intempestives du représentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire et des autorités Françaises et Américaines.
Souhaitons vivement que la commission des experts dépêchée à Abidjan par l’Union Africaine permette d’établir la vérité sur les dernières élections présidentielles et surtout d’éviter un bain de sang sur les bords de la Lagune Ebrié.
Par Daniel Atteby