Addis-Abeba – Déjà accaparé par la crise ivoirienne, la naissance d’un Sud-Soudan indépendant ou l’impasse somalienne, le sommet a été rattrapé par les manifes-tations populaires qui ont fait fuir le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et qui menacent le régime du président Hosni Moubarak en Egypte.
M. Ban a appelé à « la retenue, à la non violence et au respect des droits fondamentaux » en Egypte, où au moins 102 personnes ont été tuées depuis le début mardi des manifestations contre le régime.
Le président français Nicolas Sarkozy a, pour sa part, invité les dirigeants africains à tirer les leçons des révoltes en Tunisie et en Egypte pour « devancer » le désir de changement de leurs populations.
M. Sarkozy a également mis au défi les Nations unies de mettre en oeuvre dès « cette année 2011 » une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU unies qui accueillerait un ou plusieurs membres permanents issus de l’Afrique. Enfin, l’organisation continentale s’est félicité du déroulement du référendum d’autodétermination au Sud-Soudan et de l’élection à la tête de la Guinée du premier président démocratiquement élu depuis l’indépendance du pays en 1958, Alpha Condé.
Le Sud-Soudan s’est prononcé à 98,83%, selon des résultats préliminaires complets nnoncés dimanche, en faveur de l’indépendance qui doit être proclamée en juillet. M. Ping a appelé le Nord et le Sud-Soudan à « redoubler d’efforts pour préserver la paix ».
Le président de la Commission de l’UA a enfin rendu un « hommage appuyé à la Guinée qui a su organiser des élections démocratiques » avant de lancer un « bon vent à la Guinée! ». »Ma présence à cette tribune consacre le retour de la Guinée au sein des Nations fricaines », s’est réjoui M. Condé.
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L’Union africaine en sommet pour sortir de la crise ivoirienne
Addis Abeba – Une trentaine de chefs d’Etat africains tentent dimanche de mettre un terme à l’enlisement de la crise ivoirienne, au premier jour d’un sommet à Addis Abeba rattrapé par la révolution tunisienne et les manifestations meurtrières en Egypte.
« Les concepts de démocratie, des droits de l’homme, de bonne gouvernance, ne sont pas des nouveaux thèmes pour l’Afrique, mais il convient plutôt de les adapter à la culture africaine (…) », a déclaré à la tribune celui qui dirige d’une main de fer, depuis 1979, ce petit pays d’Afrique centrale aux importantes réserves pétrolières.
Le sommet, prévu jusque lundi, devrait entériner les décisions prises vendredi et samedi sur la Côte d’Ivoire, lors de réunions préparatoires, et permettre aux chefs d’Etat membres de l’UA de parler d’une seule voix pour résoudre l’imbroglio né du scrutin présidentiel contesté du 28 novembre.
L’UA va mettre en place un panel de cinq chefs d’Etat représentant les différentes régions du continent, chargé de présenter d’ici un mois des décisions « contraignantes ». Il s’agit ainsi d' »amener Alassane Ouattara à exercer la réalité du pouvoir » dans le pays « par la négociation », a précisé samedi le président de la Commission de l’UA Jean Ping, ajoutant que son organi-sation considérait toujours M. Ouattara comme le vainqueur du scrutin qui l’a opposé au président sortant Laurent Gbagbo.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, écartant fermement l’idée avancée par M. Gbagbo d’un recompte des voix, a appuyé la création de ce panel et a appelé « le président Outtara à former un gouvernement d’union nationale ». Ce dernier s’est félicité dimanche de ces prises de positions et a appelé le panel à vite conclure ses travaux.
Certains pays africains comme l’Afrique du Sud ou l’Ouganda ont paru ces derniers jours revenir sur l’intransigeance affichée jusqu’à présent par l’UA envers M. Gbagbo, au nom de la nécessité de trouver une issue pacifique à la crise.
L’islamiste Rached Ghannouchi ne briguera pas la présidence
Tunis – Accueilli dimanche à Tunis par des milliers de partisans après un exil de 20 ans, l’islamiste Rached Ghannouchi a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la première élection présidentielle de la Tunisie de l’après Ben Ali, l’ex-président qui avait laminé son mouvement.
« Je ne vais pas me présenter à la présidentielle, et il n’y aura aucun (candidat) membre d’Ennahda », a déclaré le dirigeant du mouvement islamiste, dans un entretien à l’AFP au domicile de son frère dans le nord de Tunis. Il est en revanche resté vague quant à une participation d’Ennahda aux législatives, qui doivent théoriquement être organisées, comme la présidentielle, dans un délai d’environ six mois.
« Après 20 ans d’absence, mon parti n’est pas prêt à jouer un rôle sur la scène politique, la priorité est de reconstruire Ennahda », a-t-il expliqué. Sa formation, interdite sous le règne de Ben Ali, a été écrasée dans les années 90, quelque 30.000 de ses membres ou sympathisants supposés arrêtés, tandis que des centaines d’autres étaient contraints à l’exil.
Il n’a pas exclu toutefois une éventuelle participation à l’équipe de transition qui s’est mise en place après la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, à l’issue de quatre semaines d’une révolte sans précédent à laquelle les islamistes ont surtout assisté en
spectateurs.
« Si nous sentons que le gouvernement satisfait les attentes de ceux qui ont pris part à cette révolution, alors pourquoi pas? », a-t-il commenté. C’est la première fois que le leader islamiste adresse, depuis le sol tunisien, un message d’ouverture au gouvernement de transition, qui devra répondre dans les jours à venir à une demande de légalisation d’Ennahda.
Au Caire, la police a disparu des rues et les citoyens s’organisent
Le Caire – Dans la capitale égyptienne, des comités de citoyens aux allures de milice d’auto-défense armés de fusils, de gourdins ou de barres de fer patrouillent la nuit les quartiers de cette métropole de vingt millions d’habitants, bloquant le passage des automobilistes, qui doivent justifier leur présence.
Ils étaient partout, à chaque coin de rue, à chaque carrefour, à chaque place publique, pour contrôler la circulation, assurer l’ordre et incarner la présence d’un Etat égyptien fort. Les policiers sont totalement absents des rues du Caire depuis les manifestation d’une ampleur sans précédent de vendredi contre le régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trois décennies.
« Il n’y a plus de police, elle a disparu. Nous avons donc dû nous organiser », explique un homme d’une cinquantaine d’années, une barre de fer à la main. Dans la capitale égyptienne, des comités de citoyens aux allures de milice d’auto-défense armés de fusils, de gourdins ou de barres de fer patrouillent la nuit les quartiers de cette métropole de vingt millions d’habitants, bloquant le passage des automobilistes, qui doivent justifier leur présence.
Une équipe de l’AFP a dû franchir une quinzaine de ces points de contrôle pendant la nuit ce week-end, afin de passer d’un quartier à l’autre de la ville où la population craint les pillards ayant fui les prisons et les saccages de commerces. De jeunes volontaires organisent la circulation sur les grandes artères, où l’armée s’est déployée en force. Une ceinture de chars s’assaut bouclait dimanche Midan Tahrir, la « place de la libération » dans le centre du Caire, où les manifestations antigouvernementales se poursuivaient.
En Egypte, l’armée reste une institution respectée par la population, qui n’a pas visé les militaires lors des manifestations mais bien la police, considérée comme le visage de l’Etat répressif et dénoncée pour sa brutalité et sa corruption. La disparition subite de la police dans les rues du Caire a vite fait de susciter la méfiance. C’est « un complot de la sécurité pour appuyer le scénario du chaos », titrait en Une dimanche le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom.
Sixième journée de révolte en Egypte
Le Caire – L’Egypte connaît une sixième journée de révolte contre le président Hosni Moubarak, sur qui la pression américaine s’accentue, tandis que tous les regards se tournent vers l’armée égyptienne.
20H21 – Priorité – Hosni Moubarak a demandé au Premier ministre Ahmad Chafic de faire du « rétablissement du calme sa priorité », au cours d’une réunion d’une heure et demie avec le Premier ministre et le vice-président, rapporte l’agence officielle Mena. Il a également appelé a « plus de réformes politiques ».
20h19 – Couvre-feu – La durée du couvre-feu en vigueur dans trois grandes villes d’Egypte, dont Le Caire, va être prolongée d’une heure à partir de lundi, annonce la télévision d’Etat.
20h13 – Police de retour – Le ministre sortant de l’Intérieur Habib el-Adli a ordonné le retour de la police dans la rue à travers l’Egypte, après qu’elle se soit retirée depuis vendredi et que des pillages ont eu lieu dans plusieurs endroits, indique la télévision d’Etat.
20h03 – Téléphone – La chancelière allemande Angela Merkel a eu dans l’après-midi un entretien téléphonique avec Hosni Moubarak faisant le tour de la situation, annonce son porte-parole dans un communiqué. Elle estime « indispensable de dialoguer avec la population, en particulier avec la jeunesse, et de s’occuper de ses demandes légitimes ».
19h30 – Omar Sharif solidaire – L’acteur égyptien Omar Sharif, actuellement au Caire, est « solidaire avec le peuple » égyptien et souhaite le départ de Moubarak. « Cela fait 30 ans qu’il est président, ça suffit », confie-t-il au micro de France Inter.
19h26 – Débat – « Je suis d’accord pour qu’ElBaradei dirige la transition, mais je ne le veux pas comme président parce qu’il n’a pas vécu avec le peuple », déclare un manifestant, Mostafa Mabrouk, 25 ans. Un autre, Amer al-Nabraoui, trouve au contraire qu’ElBaradei est « un homme courageux ». »Je voterais pour lui », ajoute-t-il.
19h22 – « Tragi-comédie » – « Tout ça ce sont des calmants », réagit Oussama
« Mini-sommet » sur le Soudan et la Somalie en marge de la réunion de l’UA
Addis Abeba – Un « mini-sommet » sur la situation au Soudan et en Somalie a débuté lundi matin à Addis Abeba, au deuxième et dernier jour du XVIème sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), a constaté un journaliste de l’AFP.
Co-présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la réunion se déroule notamment en présence du président soudanais Omar el-Béchir et de son premier vice-président, le Sud-Soudanais Salva Kiir.
Cette réunion intervient au lendemain de l’annonce des résultats préliminaires complets du référendum d’autodétermination organisé du 9 au 15 janvier au Sud-Soudan. Une majorité écrasante de 98,83% s’est prononcé en faveur de la sécession, et donc de la partition du plus vaste pays d’Afrique.
Le président Béchir s’est déjà engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan, promettant même des relations « fraternelles » avec le nouveau pays, le 193e au monde.Le « mini-sommet tripartite » d’Addis réunit les représentants de l’ONU, de l’UA et de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement), qui compte six pays d’Afrique de l’est, selon une source au sein de la Commission de l’UA.
Dans son discours dimanche devant un parterre de chefs d’Etat africains, le secrétaire général de l’ONU s’était dit « très inquiet des défis de l’après-référendum » au Sud-Soudan. »M. Béchir a tenu ses promesses. La communauté internationale doit porter à son crédit le bon déroulement du référendum. Nous attendons désormais qu’elle nous apporte son assistance, et n’oublie pas le Nord », a estimé pour sa part une source diplomatique soudanaise.