L’économiste Kako Nubukpo parle du Franc Cfa et son audience cinquante ans après

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 6 octobre 2012 15 h 14 min

(Xinhua) — L’économiste et universitaire togolais Kako Nubukpo, président de l’Association africaine d’économie politique a fait état jeudi de sa tendance à penser que le franc Cfa commun à l’Union économique et monétaire ouest- africaine (Uemoa-huit Etats) est « instrument de domination avec une soumission volontaire des Africains » de cette zone franc, en invité spécial jeudi d’une émission sur la radio locale Kanal Fm de la capitale togolaise.

« J’ai tendance à penser que c’est un instrument de domination mais, je vais plus loin, un instrument de domination avec une soumission volontaire des Africains de la zone Franc qui sont sensés gérer cette monnaie », a déclaré avec amertume l’économiste et universitaire togolais.

« C’est ce que j’appelle, finalement au plan monétaire, la servitude monétaire des banquiers centraux d’Afrique zone franc », a-t-il ajouté.

La réaction de Kako Nubukpo intervient dans un contexte de préparation d’un symposium, les 5 et 6 novembre sur le 50e anniversaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) à Dakar au Sénégal au siège de cette institution de l’Uemoa.

Il dénonce le fait que, soient effacés, des communications à ce symposium les intellectuels et universitaires de l’Union monétaire ouest-africain (Umoa) spécialisés sur la problématique de la monnaie en Afrique de l’Ouest. « Pas un seul universitaire de l’espace UMOA comme intervenant principal et le seul à avoir été invité à prendre la parole devant cette auguste assemblée se contentera de commenter un exposé d’une universitaire française dont les liens consanguins avec la zone Franc sont avérés », a déploré M. Nupukpo dans une lettre ouverte au gouverneur de la BCEAO, qualifiant cela de braderie de délégation de souveraineté concédée par les Etats à la BCEAO.

Sa désapprobation vient du fait que, sont plutôt retenus, à « cette grand-messe programmée » des personnalités dont le gouverneur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le gouverneur de la Banque centrale américaine (la FED), Ben Bernanke, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, le Prix Nobel d’Economie, Paul Krugman, le Prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz.

« A l’extraversion réelle et monétaire de nos économies, vous ne pouvez pas ajouter l’extraversion intellectuelle, plus de cinquante ans après l’indépendance de nos Etats », a relevé l’économiste Nubukpo dans la lettre ouverte.

« A la servitude monétaire issue du pacte colonial, vous ne pouvez pas ajouter la servitude volontaire de la délocalisation de la pensée sur le bilan et les perspectives de la gestion de notre monnaie commune », a-t-il poursuivi dans cette lettre ouverte au gouverneur de la BCEAO.

Interrogé sur la question par la radio locale, Kako Nubukpo indique que dans le fait le franc existe depuis 1945, bien avant les indépendances et que c’est une affaire qui dure depuis « quasiment un siècle ».

« Tout le monde peut observer que nos économies ne se sont pas diversifiées, que les taux de croissance sont désespérément bas et que nous n’arrivons absolument pas à gérer les questions liées à la pauvreté, à l’emploi des jeunes », a-t-il déploré.

« La question, elle est simple, est ce que cette monnaie est un outil de développement ou un instrument de domination », a-t-il laissé interrogateur.

Selon cet économiste, la place des doyens des facultés des sciences économiques et de gestion des universités de l’espace UEMOA audit Symposium ne devrait pas être celle qui leur est assignée « à savoir celle de spectateurs disciplinés de discussions qui les concernent au premier chef ».

« Elle devrait au contraire être celle des conducteurs du véhicule de la pensée sur notre avenir commun. La recherche africaniste est vieille de ses écoles de pensée et riche des faits stylisés issus de ses multiples terrains de recherche », a-t-il fait noter.

« Il n’y a aucune raison que les solutions aux problèmes que vivent les populations africaines soient corsetées par les recettes du prêt-à-penser idéologique, provenant de Washington, de Francfort, de Paris, et nous en oublions », a indiqué l’économiste et enseignant chercheur à l’Université de Lomé, M. Kako Nupukpo.

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