by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 29 juillet 2013 16 h 09 min
La répétition, dit le sage, est pédagogique. Répétons-le donc. L’article 12 de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire interdit que l’Etat ivoirien ait ses enfants à l’étranger comme des réfugiés, des exilés forcés. «Aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil», dit la loi fondamentale. C’est en se fondant sur cette disposition constitutionnelle qu’il a fortement contribué à inscrire dans la boussole ivoirienne que Laurent Gbagbo a tout mis en oeuvre, du temps où il était aux affaires, pour que rentrent d’exil, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara. Auparavant, il a négocié serré avec le chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, pour que les militaires ivoiriens résidant sur son territoire rentrent en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a même fait appel au président français d’alors, Jacques Chirac, pour qu’il persuade Compaoré à libérer les soldats qui étaient sous sa protection.
Depuis le 11 avril 2011 et même avant, des dizaines de milliers d’Ivoiriens, pour avoir la vie sauve devant les atrocités des combattants de l’armée privée d’Alassane Dramane Ouattara composée de dozos, coxers, mercenaires etc., ont dû se réfugier dans les pays de la sous-région. Tous veulent rentrer dans leur pays mais l’Etat s’y oppose fermement en choisissant plutôt de les traquer. Par des pièges qu’il leur tend à longueur de journée ou par des mandats d’arrêt internationaux. Ceux d’entre eux qui ont tenté de revenir au pays «parce qu’ils ne se reprochent rien» sont enlevés et conduits à la DST où ils sont torturés des semaines et des mois durant avant d’être jetés à la Maca.
La conséquence immédiate de cette politique de chasse à l’homme est que plus personne ne veut prendre le risque de penser à prendre le chemin du retour au pays. Toute chose qui, à y voir de près, arrange le pouvoir si l’on s’en tient aux dernières décisions qu’il entend prendre vis-à-vis des étrangers vivant sur notre sol et à qui il a attribué le nom, ô combien triste, méprisant et opportuniste, d’«apatrides».
Dans la tête du chef de l’Etat et ses hommes, il n’est pas question de dérégler les structures de l’Etat et de désorganiser les chiffres du ministère de Plan tels que reconnus par les institutions internationales pourvoyeuses de billets de banque qui font étrangement défaut. Par ailleurs, la nature ayant horreur du vide, il faut vite faire pour remplacer les absents, «ces récalcitrants qui ne veulent pas faire allégeance au nouveau pouvoir» dont ils ne partagent pas les vues. Qui pour les remplacer alors ? Les «apatrides», de toute évidence !
Voilà donc un Etat qui maintient loin, dans la misère et la déchéance, ses propres fils et filles et qui ne se bat que pour le bien-être des étrangers. Etrange, non ? Pas aussi étrange que ça au regard de la structure même de l’Etat actuel. Persuadé qu’il ne tire pas ses forces du sang et de la sueur des Ivoiriens, averti qu’il n’est pas dans le cœur des habitants de ce pays, il se détourne d’eux et rive ses yeux sur les étrangers. De là les projets de lois spécieux sur le foncier, la nationalité et autres qui arrivent sur les bureaux des députés et qui devraient, s’ils sont adoptés en l’état, transformer des millions d’étrangers en Ivoiriens sans aucune autre forme de procès.
Le but recherché crève les yeux, même ceux des naïfs : obtenir un nombre impressionnant de partisans sûrs sur les prochaines listes électorales, prendre son indépendance vis-à-vis de l’allié qui se fait de plus en plus encombrant, gagner toutes les élections à venir, asseoir complètement un pouvoir assis jusque-là sur la moitié d’une fesse et crier sur tous les toits : «Je vous avais dit que je suis le plus fort dans ce pays». Mais pour qui connaît la marche de l’Histoire, un tel pouvoir fondé sur du sable mouvant n’est jamais à l’abri d’une chute spectaculaire, exposé qu’il est aux agressions multiformes des crabes de mer.
A.V.S.
Par abdoulaye villard sanogo
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