Ouattara avait promis la pacification avant le 14 juin…
by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 15 juin 2011 0 h 24 min
14 avril 2011. Alassane Ouattara affirmait, au cours d’une conférence de presse qu’il se fixait « deux mois maximum » pour « pacifier » la Côte d’Ivoire.
Aujourd’hui 14 juin 2011, cela fait exactement, deux mois jour pour jour. La pacification annoncée est-elle effective? Quelle est, à l’heure actuelle la situation sécuritaire du pays ?
Il n’ya plus de combats à Abidjan, certes. Plus de miliciens dits ‘’pro-Gbagbo’’ ou de mercenaires libériens. Pourtant, l’insécurité permanente demeure la grosse inquiétude des ivoiriens.
Les nouvelles autorités quant à elles refusent toujours de reconnaître les violations graves des droits de l’homme perpétrées par les combattants appelés Forces Républicaines (FRCI). Des violations qui ont d’ailleurs fait l’objet de différents rapports de plusieurs organisations des droits de l’homme, telles que Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, Comité d’enquêteurs de l’ONU, International Rescue Comittee (IRCC), etc.
Ces rapports mettent clairement en cause les FRCI dans les tueries et massacres qui ont eu lieu en divers endroits du pays.
Ouattara et ses proches, exigent plutôt d’attendre les résultats de prétendues enquêtes, avant de sanctionner les fautifs.
Pendant ce temps, à Abidjan comme partout, dans les autres régions de la Côte d’Ivoire, les FRCI d’Alassane Ouattara continuent leurs sales besognes :
- Les enlèvements et exécutions sommaires se poursuivent : des étudiants ont été interpellés et enlevés à yopougon Siporex. Plus de nouvelles d’eux à ce jour. Depuis le 31 mai dernier, près de 300 jeunes civils ivoiriens, supposés miliciens pro-Gbagbo étaient encore retenus prisonniers dans des conditions inhumaines à yopougon Niangon, terminus du bus 27. Des rançons sont exigées pour la libération de certaines personnes enlevées.
- Des Assassinats de civils non armés : Un rapport récent de Human Rights Watch pointe du doigt, le chef de guerre Chérif Ousmane, dans des assassinats d’au moins 95 civils non-armés à Yopougon.
- Les arrestations sur fond de dénonciations calomnieuses, tribales, ethniques et religieuses : on assiste à des descentes musclées de combattants FRCI dans des villages. Des commandos armés ont semé la terreur dans des villages tels que Yakassé-mé (s/p d’Adzopé), Sériyo (centre-ouest), Larabia (Bonoua) le 26 mai, etc. Les villageois sont molestés, battus à sang et subissent des tortures sans noms. A Okrouyo (soubré), le chef du village a été abattu. Ces braves paysans sont accusés d’être tout simplement pro-Gbagbo ou de cacher des armes dans leurs maisons. Les jeunes gens sont systématiquement pourchassés.
- Des villages entiers brûlés, des chefs tués, les populations en fuite errent dans la brousse.
- A Duékoué ont dénombre officiellement plus de 800 personnes massacrés, vers fin mars. France 24 en a même consacré un reportage entier.
- Des femmes violées ou mises à nue publiquement, lors de fouilles dans les domiciles, sous prétexte de recherche d’armes dissimulées. Les pillages des maisons et vols de biens personnels pour le même motif.
- Les militants ou sympathisants LMP traqués comme des bêtes sauvages.
- Les tracasseries routières, les rackets des voyageurs et des transporteurs ne se comptent plus. Les sont innombrables sur les routes.
- Plusieurs milliers d’ivoiriens sont encore refugiés dans des pays comme le Libéria et le Ghana, et refusent de rentrer en Côte d’Ivoire, car n’ayant aucune garantie de sécurité.
A côté de tout cela, la situation sociale du pays est peu reluisante, eu égards les récents développements de l’actualité :
- Le prix d’achat bord champ du cacao, principale matière première, de la Côte d’Ivoire a chuté de 1100 f cfa à 500 f cfa. Le café lui est passé de 300 f cfa à 150 f cfa.
- Plusieurs concours de la fonction publique ont été annulés, dès la prise de pouvoir d’Alassane. Ruinant ainsi tous les efforts consentis moralement et financièrement, par les candidats.
- Le licenciement abusif d’employés de banque, accusés d’avoir prêté main forte au régime de Gbagbo, lors de la fermeture des banques.
- Plusieurs membres du gouvernement Aké N’Gbo (premier ministre de Gbagbo) et leurs familles, des proches du Président Gbagbo, ce dernier lui-même et sa femme, sont maintenus, sans motif d’inculpation officielle, en résidence surveillée. Certains sont gardés à l’hôtel Pergola à Abidjan. D’autres ont été déportés au Nord de la Côte d’Ivoire.
- La TCI (télévision gracieusement offerte à Alassane par Sarkozy), continue de squatter le matériel et les locaux de la RTI. La chaine de télé TCI, n’a pourtant aucun statut réel, et sert de propagande au RDR (parti d’Alassane) et au RHDP (son groupement politique).
- Les Cités universitaires d’étudiants ont été vidées. Les étudiants sont à la rue. Les locaux administratifs saccagés et le matériel pillé. Les chambres des étudiants sont à l’heure actuelle, occupées par des éléments des FRCI. Se promener de nos jours avec sa carte d’étudiant est un acte suicidaire. Tous les étudiants étant considérés par les partisans de Ouattara, de facto, pro-Gbagbo.
- Les FDS (forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire), fidèles au Président Laurent Gbagbo, refusent toujours, dans leur grande majorité de rejoindre les rangs de leurs ennemis d’hier, car pas du tout rassurés par ces derniers.
- Après la formation du nouveau gouvernement et les nominations d’Alassane, certains cadres du PDCI crient déjà à la trahison. De part et d’autre, entre RDR et PDCI, la confiance ne semble plus de mise.
D’autre part, le régime de Ouattara vient d’essuyer une grosse déconvenue, suite aux agissements des éléments de FRCI.
En effet, après avoir obtenu la promesse du retour de la BAD dans un délai minimum de six mois, en Côte d’Ivoire, une autre décision repoussant ce retour à trois ans, vient de tomber, et ce, par la faute des FRCI, qui sèment partout l’insécurité.
La récente manœuvre de Soro, dite ‘’opération coup de poing’’, visant à démanteler les barrages anarchiques des FRCI, cache mal le malaise du régime Ouattara.
Il est, dès lors à craindre la colère de ces FRCI, qui voient d’un mauvais œil cette manip et menacent de se révolter.
Dans un tel contexte, comment envisager alors une réconciliation nationale annoncée en grande pompe ?
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