by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 28 février 2011 12 h 40 min
Alassane Ouattara et sa rébellion amorcent le franchissement du Rubicon, si ce n’est chose déjà faite. Alors que les décisions « contraignantes » du panel de l’Union Africaine étaient attendues au plus tard pour ce début de semaine, son parrain Blaise Compaoré aurait demandé une semaine supplémentaire avant la tenue de la réunion de Nouakchott, censée délivrer les Ivoiriens. Le poulain met ce temps à profit pour parvenir à un nouveau rapport de forces sur le terrain. Après les échecs successifs de ses appels à la mobilisation, l’usage des armes s’est imposé à lui, étant allé trop loin et ayant engagé trop de pays pour pouvoir reculer. La très populaire commune d’Abobo a vécu un week-end d’enfer. Le dépôt de la Sotra (Société de Transports Abidjanais) qu’abrite cette commune est parti en fumée, calcinant bus et ateliers. L’émetteur de la télévision ivoirienne a été endommagé à l’arme de guerre. L’objectif de cet acharnement sur ledit émetteur est clair: empêcher son adversaire de communiquer et surtout le couper du peuple pour laisser le champ de la propagande à la radio de l’Onuci et à la télévision et radio pirates de la « République du Golf ». Il s’agit ainsi d’intoxiquer et de couvrir ses nombreux forfaits en évitant toute contradiction. Avec la suspension des Sms, pour contrecarrer les informations fantaisistes de déstabilisation, la galaxie patriotique aurait perdu un puissant instrument de communication et de ralliement. Mais le réflexe de ceux qui sont acculés étant de décupler les énergies, les techniciens de la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne), sous la houlette de leur ministre Ouattara Gnonzié, ont réalisé le miracle de la remise en service des équipements en déroutant le trafic sur d’autres équipements et surtout en usant d’ingéniosité par l’utilisation d’autres technologies. Qui a dit que ce n’est pas dans l’épreuve que naissent les nations? En trois mois de crise postélectorale, l’ingéniosité des Ivoiriens a fait parler d’elle et la nation a découvert de grands talents et compétences alors que la « République du Golf » s’enfonce chaque jour davantage dans la violence, le cynisme et l’intoxication. Et cette violence a fait pleurer plus d’un ivoirien ce week-end.
En même temps que l’émetteur d’Abobo, les assaillants aux ordres du Rhdp ont brûlé vifs des ivoiriens. Les images insupportables diffusées à la télé ont plus que indigné mais surtout éloigné Alassane Ouattara du pouvoir.
Combien étaient-ils, les hommes, femmes, enfants et vieillards à sortir d’Abobo, fuyant la mort et les roquettes de la drôle de « révolution orange » de Guillaume Soro et Alassane Ouattara? 200 mille? 300 mille ou 500 mille? Le dernier chiffre ne paraît nullement exagéré et il pourrait même être sous-estimé. Dès 5 heures du matin, en cette journée dominicale consacrée au Seigneur, les populations d’Abobo n’ont pas eu droit à leurs messes et cultes. En colonnes compactes et sur des longues processions, ils sont sortis par Aboboté pour rejoindre Angré à l’Est de leur Commune. Des images insoutenables de vieilles femmes épuisées et de vieillards transportés en brouette. Sur le chemin de leur culte, des âmes sensibles n’ont pas résisté et se sont improvisées en transporteur. Peut-on aller chercher Dieu à l’église quand il est juste à côté de vous, au travers de ceux qui appellent à l’aide ou qui souffrent? Des familles disloquées en reconstitution aux différentes jonctions du Boulevard Latrille. Une mère de famille qui refuse de se laisser embarquer tant que ses autres enfants n’ont pas rejoint le groupe. Quand on lui propose de nous autoriser à aller chercher ses enfants, elle refuse, car le déplacement, même en voiture, serait trop dangereux pour les enfants d’une autre mère. Quel sens de l’amour, en ce dimanche! Quel refus de la cupidité! La Côte d’Ivoire des valeurs et de la dignité se forge, dans l’épreuve et la souffrance. Un membre de notre groupe bénévole, militant Lmp, a transporté deux vieilles femmes et leur fille de la Djibi à la Riviera 3. A destination et après les présentations d’usage, elles ont fondu en larmes, remerciant le ciel. En fait, elles sont toutes Pdci et ne comprennent pas…
Aux abords de l’église catholique Ste Ambroise, nous avons dû assister impuissants et démunis à l’accouchement d’une femme avant de la conduire en taxi à la maternité Marie Thérèse des 220 Logements. Cette église est devenue la mission catholique de Duékoué. Des « déplacés urbains » s’y entassent et ont même reçu le réconfort du gouvernement à travers la visite du ministre Dosso Rodel.
Tant de cruautés pour une élection perdue! Tant de cruautés contre son propre peuple ou des populations que l’on considère comme telles! Alassane Ouattara joue certes son va-tout mais cela lui donne-t-il le droit de tant de cynisme? La politique ne s’accommodant pas de morale, les Ivoiriens s’attendent à de terribles souffrances. Puissent-ils avoir, à la fin de toutes ces souffrances, le sourire de la mère à qui l’on présente son bébé, après la délivrance. D’une délivrance à une autre, la souffrance reste identique et le bonheur partagé.
Par Sékou Assegoué Godpeace (Le Nouveau Courrier)
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