by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 4 mai 2012 1 h 23 min
Les sites internet patriotiques sont ces portails créés sur la toile par des patriotes d’ici et d’ailleurs pour permettre à la disposa ivoirienne, africaine au monde d’être informés sur la Côte d’Ivoire. Par leur résistance et leur pugnacité, les démocrates ivoiriens sont en train de remporter la victoire de la communication. Mais qui sont ces sites ? Enquête.
Dans une dictature comme celle de la Côte d’Ivoire où la télévision nationale (Rti) est devenue un instrument de propagande du régime Ouattara, l’Internet joue un rôle primordial dans la diffusion de l’information plurielle. Comment informer la diaspora et la communauté internationale sur les faits et méfaits, les crimes et autres exactions contre lesquels luttent quotidiennement les populations ? L’Internet constitue un réel contrepouvoir.
Car les sites patriotiques relaient les publications des journaux libres, les articles allant dans le sens du combat pour les libertés et les opinions d’analystes et de politologues indépendants. Bien sûr, que les partisans de la dictature ont leurs sites web pour les conforter, désinformer et manipuler. Mais au moins l’Internaute a le choix de ne pas être intoxiqué, en allant sur les sites qui lui montrent la Côte d’Ivoire telle qu’elle souffre en ce moment. C’est pourquoi il convient de présenter l’essentiel de ses sites et leur rendre hommage pour leur travail bien souvent bénévole, mais combien formidable !
Outil de résistance
Au fort de la crise, lorsque le site abidjan.net a montré sa proximité avec l’agresseur de la Côte d’Ivoire, les patriotes et amis de notre pays, ont été heureux de découvrir un autre portail, relayant les informations, les vraies préoccupations de la Nation en danger. Il s’agit de telediaspora.net, site patriotique populaire administré par Demba Traoré (ancien Dg de Vitib) et sa jeune et dynamique équipe. On a également, un groupe qui, en un temps record, fait autorité dans le milieu des sites patriotiques non seulement dans la spontanéité du relai de l’information, mais surtout dans la particularité et l’adaptation géniale des images illustrant ses informations. Le groupe se nomme Spri (Sites pionniers de la resistance ivoirienne : Infodabidjan.net; ivorian.net; Abidjandirect.net ; Côtedivoire-lavraie.fr; ivoirediaspo-Abidjanici.net-Afrik53.com). Mais comment est né infodabidjan.net, le premier du groupe?
Nous sommes en novembre 2010. Un groupe de jeunes intellectuels ivoiriens décide de s’engager dans la campagne présidentielle en Côte d’Ivoire, en participant au débat démocratique à travers leur analyse des projets de société des différents candidats. Pour être efficaces, ils décident de produire des écrits de facon quotidienne, des articles destinés à être publiés sur les sites internet gérés par des ivoiriens. Mais malgré leurs efforts, très peu de sites acceptent de publier leurs écrits. Leurs articles sont segrégués. Ou alors certains sites ivoiriens établis à l’époque, demandent à se faire payer, parfois jusqu’à 50 dollars américains, « pour publier de simples contributions ». Comment dans ces conditions, peut-on contribuer à éclairer l’opinion nationale et internationale sur les abus et mensonges ressassés de façon effrénée sur nos pays?
L’administration légale de la Côte d’Ivoire a des difficultés pour se faire entendre. La crise sévit. Il est difficile de retrouver des informations assez élaborées autres que celles relayées par les réseaux de Alassane Dramane Ouattara. Il suffit de faire une simple recherche sur Google en écrivant Côte d’Ivoire, pour s’en rendre compte. Que faire ? Pas question de laisser les impérialistes malmener la Côte d’Ivoire comme pendant la traite négrière ! Le 7 mars 2011, infodabidjan.net est lancé, avec un objectif clair: « donner au monde entier des informations non tendancieuses sur notre Afrique et susciter le débat entre les Africains en général et les Ivoiriens en particulier », explique son administrateur et Coordinateur général du Spri, Don Sihi Luc olivier, résidant en Allemagne. Et le site a pris. Si bien que, grâce à ses collaborateurs et la bonne volonté d’amis et de contributeurs bénévoles dont Hassane Magued, Eliahou Abel et bien d’autres, infodabidjan.net met à nu les mensonges et violations de droit de l’homme dans nos pays. Crimes dont sont coupables nos autocrates, soutenus momentanément par les prédateurs de nos ressources.
Le combat contre les oppresseurs du peuple ivoirien
Presse et portail d’informations générales, www.ivorian.net est créé en novembre 2002 par Severin Labé, quelques mois après l’attaque de la Côte d’Ivoire par une rébellion armée. Ce portail ivoirien se voulait dans un premier temps un support de communication pour relayer et élargir les informations de sources authentiques sur la Côte d’ivoire et un portail d’informations générales sur l’Afrique et le Monde. Ivorian.net, membre et partenaire de l’Organisation de la Presse africaine, connaît, selon ses dirigeants, près de 40 000 visiteurs par jour. Le site est devenu de ce fait, l’un des instruments de communication de référence les plus prisés.
Le réseau des sites patriotique compte également abidjandirect.net. Un site créé en janvier 2011 pour contrer la désinformation menée à outrance par les sites ivoiriens au service du camp Ouattara. Il est l’œuvre de jeunes Ivoiriens et Africains. Il a fait de la vraie information son leitmotiv. Aujourd’hui ce site a plus de 7.000 visiteurs par jour repartis dans plusieurs pays.
Quant au site www.cotedivoire-lavraie.fr, il est créé le 10 décembre 2010 et totalise à ce jour, selon sa gestionnaire Prisca Joelle Stani, plus de 2 000 000 de pages visitées. Il a vu le jour pour faire face à la désinformation des médias français sur les vrais enjeux de la crise postélectorale. C’est un site d’information générale : actualité ivoirienne, internationale, politique, économique, militaire, religieux, sportif, culturelle et touristique. De même, www.ivoirediaspo.net, créé en novembre 2002 et dirigé par Daniel Atteby, mène sans relâche la résistance contre les oppresseurs du peuple ivoirien.
Les nouveau-nés du groupe S p r i
Les derniers nés du groupe S p r i sont eburnienews.net ; civox.net ; ladepechedabidjan.info. Pour ce groupe, l’image de l’Afrique, berceau de l’humanité, mérite d’être peinte en des termes plus glorieux que cela ne l’est par les occidentaux. Eburnienews.net, un des dernier-nés du groupe, est lancé dans cette ambiance. Il se présente comme un site d’information générale conçu par des ivoiriens soucieux de donner au monde entier des informations nuancées sur la Côte d’Ivoire en particulier et l’Afrique en général. ”A l’écoute des souffrances de nos peuples africains, de la Libye à la Côte d’Ivoire, en passant par le Mali, la Rdc ou encore le Sénégal, notre coeur a vibré au son des baillonettes des boureaux de nos peuples. Nous avons donc pris partie pour la liberté d’expression et pour le droit de nos peuples à réflichir par eux-mêmes et pour eux-mêmes.”, explique la Direction de publication basée en Europe.
Détermination et bénévolat
A écouter ces hommes et ses femmes engagés, ce qui fait leur fierté, c’est leur liberté d’esprit, justifiée par leur indépendance de tout groupe de pression. L’amour de la patrie sublimant toute autre considération. La production du contenu de eburninews est le fruit d’une franche collaboration entre des journalistes de la rédaction, des experts, des passionnés de l’information juste et vraie, des témoins et tous les visiteurs du site. Les visiteurs et utilisateurs sont appelés à participer à l’animation de l’information sur le site à travers leurs commentaires, leurs contributions et leurs réactions. Et le résultat est bon.
Un autre de la dernière génération : www.civox.net. Officiellement mis en ligne le vendredi 13 avril 2012 par le confrère Zéka Togui, ce site est un organe d’informations générales, relatives à la Côte d’Ivoire, à l’Afrique et au reste du monde. Il est également au service de la diaspora dont il procède. Ses dirigeants tirent leur fierté de son caractère d’outil de résistance patriotique. Une résistance, selon eux, grosse de promesse de restaurer la démocratie, la liberté, la souveraineté et la prospérité de la Côte d’Ivoire. A travers sa rubrique « Pensées politiques », il se veut un site de formation politique.
La dépêche d’Abidjan (ladepechedabidjan.info) est créée en 2009 par Axel Illary, journaliste-réalisateur ivoirien résidant en France, pour combler un déficit communicationnel. Le site met essentiellement en avant l’actualité ivoirienne, africaine mais aussi celle des Ivoiriens et Africains de la diaspora. En plus d’être un relai de publications diverses, ladepechedabidjan.info produit de l’audiovisuel et des articles. Si le site www.abidjandici.net, du groupe Spri n’existe plus, son combat mérite néanmoins d’être salué.
Au-delà de ce groupe, il y a d’autres sites patriotiques qui mènent la haute lutte pour la libération de la Côte d’Ivoire des mains des prédateurs. Ainsi on a ivoirebusiness.net de Christian Vabé, deboutciv.com, legrigriinternational.com ; cameroun24.net, etc. La résistance est également bien menée au sein d’autres réseaux sociaux dont Facebook où des Ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire, à travers leurs pages directement connectées sur Tweeter, animent intensément l’information. Les blogs de Théophile Kouamouo et Dindé Agbo Ferdinand sont parmi tant d’autres, des relais et sources d’opinions confortées.
C’est donc pour leur rôle important que les sites web patriotiques sont bien souvent l’objet d’attaque d’hackers et autres cybercriminels.
Les attaques contre les sites
Les sites patriotiques sont confrontés à deux types d’attaque : les attaques d’origine externe et les attaques de source interne. Les attaques d’origine externe sont le fait des adversaires connus. Les attaques internes sont celles émanant de personnes malveillantes, issues du milieu même de la résistance qui, à un certain moment de la lutte, pensaient que ces sites devaient leur servir de lieu de dénigrement interne. C’est le constat du contraire qui les a retournés. Tous ceux-là agissent ainsi dans le but de saboter et de paralyser la résistance en ligne ou de nuire au propriétaire du site. Ce qui revient au même. Les attaques se caractérisent par l’indisponibilité temporaire du site. Ou alors les internautes se rendant sur le site découvrent autre chose en lieu et place de la page d’accueil. Les hackers détruisent des pages ou les remplacent par d’autres produites par eux-mêmes. Ils paralysent tout, bloquent le fonctionnement du site.
« A la nomination du porte-parole officiel du Président Gbagbo, nous avions mis les sites de notre rayon à la disposition du Porte-parolat afin de mieux expliquer la ligne de conduite voulue par le Président. C’était un travail immense. Il fallait en même temps inonder les pages Facebook, les forums, etc. et on avait donné aussi priorité à tout communiqué venant des exilés », explique Don Sihi Luc Olivier. Et ce moment crucial ne fut pas de tout repos pour les administrateurs des sites patriotiques. Don Sihi poursuit : « On était attaqué par les adversaires grâce à des génies de l’informatique. Des gens qui allaient jusqu’à l´hébergeur, après localisation du lieu de résidence du propriétaire du site. C’est la raison qui pousse à ne jamais dévoiler dès le commencement, qui était derrière le site. Lorsqu’ils remarquent durant une semaine que la presse en ligne était totalement Pro-Gbagbo, ils attaquent le site moteur. Ils se demandent: Qui est le site ? D´où part la première mise en ligne d’un important communiqué repris par d’autres sites qui marquent Source : manioc.net, par exemple ?»
Dans ces conditions, Don Sihi par exemple, appelle les différents responsables de son rayon par téléphone ou email et les informe qu’il a un important communiqué à mettre en ligne. Et leur demande donc de se préparer. Une fois trois sites mettent simultanément l’important communiqué en ligne, les cybercriminels ont du mal à repérer le site moteur. Quand un site est attaqué, il demande à un autre d´informer les lecteurs du site en difficulté. « Je restais souvent devant mon ordinateur jusqu´à 3h du matin pour voir si un site de mon rayon n’est pas attaqué », confie-t-il.
Lorsqu’ils remarquent que le repérage du site moteur est devenu difficile, ils adoptent le brouillage du pays où les sites ont le plus de visites. Mais là encore, les résistants finissent par trouver une solution. La lutte est donc permanente. « Mais je pense que leur jalousie est due au fait que leurs sites web, qui ont les soutiens financiers, ont perdu la lutte de la presse en ligne. Une bataille que nous avons remportée grâce à la volonté, au sacrifice de notre temps, à la vie de nos foyers… Et je suis heureux de voir que les sites ce créent aujourd’hui comme un jeu ». Car il est bon de le savoir, tous ces sites, les patriotes les créent sur fonds propres ou en associations de moyens.
Dans un paysage où sévit le Conseil national de la presse (Cnp), que serait aujourd’hui l’information sans les sites internet et autres blogs patriotiques ? On peut le dire, ces canaux en ligne sont d’excellents outils où s’expriment de plus en plus aisément les intellectuels du monde pour participer aux débats d’ici et d’ailleurs, donnant ainsi de la matière à la presse locale. C’est vrai, il faut prendre soin de bien trier les contributions et ne pas céder au sensationnel, mais il est indéniable qu’à travers les sites patriotiques, l’Internet joue un rôle majeur dans la résistance de l’Afrique digne.
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr
Le Temps
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