FAUX BRAVE. Il est à Paris, il se cache depuis son escapade « officielle » dans la Perfide Albion. Même ses griots 2.0 – exaltés et si prompts à saturer les réseaux sociaux d’instantanés et de posts à la gloire de l’auguste touriste -, observent un subit silence de cathédrale. Peut-être attendent-ils que leur Conquérant aux abois, qui tente de croiser Bravetchê (son patron) pour une photo destinée à démentir tant de rumeurs, soit en sûreté loin de la Seine pour faire (encore) du bruitage. Pourtant, la « petite juge » parisienne aurait été réellement ravie d’entendre ce grand « homme de mission », toujours enivré par une fausse immunité. Une affaire d’intérêt commun. La peur a vraiment changé de camp.
Afrique
Burkina Faso: Roch Kaboré élu au premier tour
Avec 53,49% du suffrage exprimé, Roch Kaboré est élu dès le 1er tour de la présidentielle du 29 novembre, au Burkina Faso, selon les données de la Commission Electorale Indépendate (CENI) du pays.
Les Burkinabè ont voté pour la première présidentielle sans Blaise Compaoré depuis 30 ans.
Roch Kaboré sera aussi le premier président burkinabè à accèder au pouvoir par des élections.
Michel Gbagbo parle de son père Laurent Gbagbo
Michel Gbagbo parle de son père : Laurent Gbagbo, l’histoire d’une quête de souveraineté
Comment ne dire que quelques mots au sujet de Laurent Gbagbo ? Peut-on décrire un homme qui a parcouru plusieurs vies ? Le temps est bref. Fouiller ma mémoire blesse un cœur déjà fragile. Raconter une anecdote ne suffit pas. Alors je me propose de dérouler le fil analytique de l’histoire d’une quête de souveraineté.
Laurent Gbagbo est d’abord un historien comme en témoignent ses premiers écrits. Il publie aux Editions CLE du Cameroun en 1978 un essai intitulé « Réflexions sur la conférence de Brazzaville »1. Sa Thèse soutenue le 22 juin 1979 à l’université Paris VII-Jussieu s’intitule : « Les ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne (1940-1960) »2. Sa pièce de théâtre écrite en prison et publiée également en 1979 aux Editions CEDA est une œuvre épique retraçant l’épopée de Soundjata : « Soundjata, Lion du manding »3. Toutes ces publications inscrivent leur auteur dans la posture de celui qui décrypte l’histoire de l’Afrique noire. Ce militant engagé à gauche pose peu ou prou le problème de la colonisation. Il soulève la question du néo-colonialisme. Il revendique la souveraineté. Ce latiniste a pu dire : « j’ai abandonné mes études de latin et de grec car je voulais apprendre l’histoire pour faire de la politique et libérer mon pays ».
Laurent Gbagbo est également un historiste. C’est-à-dire un camusien. Il se sait esclave de l’Histoire mais face à la dictature d’abord, à l’impérialisme ensuite, affirme une nouvelle moralité : celle de l’homme politique libre. En voyage à Paris en l’an 2000 il déclare à RFI : « J’ai été élu pour servir les intérêts des Ivoiriens, pas pour servir un autre pays ». Cette incivilité se traduit par un nouveau modèle économique à partir de budgets fondés sur les ressources propres. Et il ouvre l’économie à la compétition internationale. Homme libre il n’hésite pas aussi à pourfendre. « A quoi servent tous ces intellectuels, dit-il en privé, qui glorifient leurs ancêtres, parlent de pauvreté et d’excision ou d’exode rural en faisant semblant d’oublier le fond du problème : quelques grosses fortunes européennes et africaines se sont arrogées toutes les richesses du continent africain ?»
Historien, historiste, Laurent Gbagbo se vêt également du manteau de celui que Jean-Paul Sartre nomme un historiciste refusant toute collaboration avec quiconque (individu ou régime) restreignant la liberté. Le principe de l’autodétermination lui reste toujours présent à l’esprit. Le prisonnier et le mort ne peuvent parler. Mais celui qui accepte de dire que le ciel est vert quand il est bleu avait le pouvoir de ne pas mentir. Et Laurent Gbagbo veut toujours partager son « vrai », même de la Haye d’où il publie en 2014 : « Pour la vérité et la justice4 ». A l’attention de son fils Michel il rappelait en 1987 à Paris ce proverbe latin de Caius Titus : « Les paroles s’envolent, les écrits restent ». Verba volant, scripta manent.
Historien, historiste et historiciste, homme de culture et d’action, Laurent Gbagbo est finalement un nietzschéen. Ou plus exactement un nihiliste positif. Il regarde avec horreur le monde. Il voit avant tous venir le chaos. Mais dans le tumulte possède la faculté rare de garder foi en l’avenir. Plutôt que de fuir et face à la bêtise de ses bourreaux, il possède une arme : l’ironie. « Aidons-les à enlever la honte de leurs yeux » confie-t-il à ses visiteurs de Scheveningen.
Cette ironie est un diadème spirituel de l’Histoire. Laurent Gbagbo fut tellement convoqué dans les discours des candidats aux élections présidentielles de 2015 en Côte d’Ivoire qu’il apparait comme en étant le principal vainqueur. En partageant la même mémoire, quelle que soit leur chapelle, les politiques ivoiriens ressemblent à ces personnages d’ombres Pi ying du théâtre chinois : ils jouent une satire politique à sa gloire. C’est là l’ironie de son nihilisme qui le fait combatif toujours.
L’impunité de Soro Guillaume interroge la communauté internationale depuis 2002. La déportation de Laurent Gbagbo pose problème à l’Afrique depuis 2011. La candidature « dérivée » d’Alassane Ouattara en 2015 ressemble à de la débrouillardise juridique. C’est bien que Laurent Gbagbo – le père du multipartisme en Côte d’Ivoire – aura posé les bonnes questions. Quelles sont les valeurs qui régissent le monde ? Quelle est celle dévolue à la vie humaine ? Quels sont les principes de gouvernance d’un Etat moderne ? Quels sont les attributs de la souveraineté ? Comment remédier aux injustices ? Etc. Il mérite pour cela d’avoir sa place, à la suite d’Houphouët Boigny, dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Il mérite d’avoir sa place dans l’Histoire.
Michel Gbagbo
Hommage à l’occasion de l’anniversaire de la déportation de Laurent Gbagbo
Samedi 28 novembre 2015
(1) Laurent Gbagbo (1978) : Réflexions sur la Conférence de Brazzaville, Yaoundé, Editions CLE, 79 p.
(2) Laurent Gbagbo (1979) : Les ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne (1940-1960), Thèse de Doctorat de 3ième Cycle, Paris, Université Paris VII-Jussieu, 1032 p.
(3) Laurent Gbagbo (1979) : Soundjata: le lion du Manding, Abidjan, Editions CEDA, 95 p.
(4) Laurent Gbagbo et François Mattei (2014) : Pour la vérité et la justice, Paris, Editions du Moment, 320 p.
Roch Kaboré en tête des élections au Burkina Faso
Avec plus de 2/3 des bulletins dépouillés, le candidat Roch Kaboré en tête avec 54% et pourrait élu dès le 1er tour si la tendance continue en sa faveur.
Les Burkinabè ont voté pour la première présidentielle sans Blaise Compaoré depuis 30 ans.
Le vainqueur de cette élection sera aussi le premier président burkinabè à accèder au pouvoir par des élections.
La Côte d’Ivoire rapatrie 44 de ses ressortissants de Libye
La Côte d’Ivoire a évacué vendredi soir 44 de ses ressortissants bloqués en Libye après des tentatives de traversées de la Méditerranée pour gagner l’Europe, a constaté l’AFP.
Cette opération a été pilotée par le ministre ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, Ally Coulibaly qui était du voyage.
Etablies en Libye, ces personnes dont deux femmes et trois enfants ont quitté Tripoli jeudi pour la Tunisie voisine d’où par un vol spécial affrété par le gouvernement ivoirien, elles sont rentrées à la « maison ».
« Le président ivoirien (Alassane Ouattara) a pris cette décision parce qu’il a toujours été choqué par les images de milliers de jeunes migrants dont beaucoup d’Africains, morts dans la Méditerranée », a souligné M. Coulibaly à la presse.
De son côté, Ali Diarrassouba, le porte-parole des « évacués » a « remercié le président Ouattara » de leur « avoir sauvé la vie et sorti de l’enfer libyen ».
Face à la crise migratoire, les dirigeants africains doivent agir pour maintenir leur jeunesse sur leur sol, mais l’Europe doit davantage les aider, avait estimé en août dernier M. Ouattara dans un entretien avec la chaîne TV5Monde.
« Il faut régler le problème à la racine: nous, les responsables africains, nous devons prendre les mesures nécessaires par rapport à notre jeunesse », avait-il déclaré fin août en marge du New York Forum Africa (NYFA) à Libreville au Gabon.
Depuis la fin de la révolte qui a renversé en 2011 le régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est morcelée et sous la coupe de milices rivales formées surtout d’anciens rebelles.
Les combats entre milices rivales, qui ont fait des milliers de morts, et l’insécurité engendrée ont eu aussi pour conséquence de pousser de plus en plus d’immigrés, souvent présents depuis des années, à tenter la traversée de la Méditerranée vers l’Europe.
Les passeurs, qui s’enrichissent grâce au chaos libyen, ont été dénoncés à la suite d’une série de naufrages en Méditerranée, dans lesquels plusieurs milliers de personnes ont péri en avril.
Elections Présidentielles 2015 au Burkina Faso
Les chiffres de la Convention des organisations de la société civile pour une observation domestique des élections (CODEL) à la mi-journée :
– 86% des bureaux de vote ont ouvert aux alentours de 06h15 ; près de 99% étaient ouverts à 7h00 (les bureaux de vote de la région du Sud-ouest ont ouvert avec un léger retard : 71% des bureaux y ont ouvert aux alentours de 6h15).
– 94% des bureaux de vote ont enregistré la présence des quatre membres de bureaux
– 93% des bureaux de vote sont sécurisés par les forces de l’ordre, cependant seulement 75% des bureaux dans la région du Plateau Central et 73% dans la région de l’Est enregistrent la présence effective de forces de l’ordre.
Le couvre-feu suspendu dans la nuit du 29 au 30 novembre 2015
Le Président du Faso Michel Kafando, a voté ce 29 novembre 2015 au Lycée Bambata aux environs de 9h à Ouagadougou. Voici l’intégralité de ce qu’il a ensuite confié aux journalistes.
« Je dois d’abord vous dire que c’est un grand jour pour le Burkina Faso, comme vous le savez. Je viens d’accomplir mon devoir civique en exprimant mon vote aussi bien pour la présidentielle que pour les législatives.
Je crois qu’il faut le dire franchement. C’est une victoire d’abord pour la transition qui avait mis son point d’honneur à organiser ces élections dans le cadre d’une année. Nous avons eu ce que vous savez, au cours de ces évènements. Malgré tout, nous restons dans le cadre de l’année 2015 et nous pensons que le processus ira à son terme.
C’est une victoire aussi pour le peuple burkinabè, qui depuis 1978, où nous avons vraiment eu des élections vraiment démocratiques avec ballotage du chef de l’Etat de l’époque, le Président Sangoulé Lamizana.
C’est une victoire parce qu’après une éclipse de 27 ans, nous en revenons au système d’un vote pleinement démocratique, transparent, clair. Nous l’avons voulu ainsi, parce que pour aller à l’étape suivante, à savoir mettre en place les autorités que vous allez élire et promouvoir une véritable société de changement, il fallait véritablement que ce scrutin soit crédibilisé.
Le président de la CENI à côté de moi, ces collaborateurs ont mis tout, je dis bien tout pour que nous relevons le défi. Je dois vous dire que c’est un jour capital. C’est aussi une victoire pour la jeunesse du Burkina, parce que si nous sommes à cette étape-là, c’est parce que cette jeunesse en 2014 s’est exprimée, a exprimé sa volonté d’un changement net, a exprimé sa volonté d’une application de la liberté, de la démocratie au Burkina moyennant quoi, la transition que nous conduisons n’a fait qu’appliquer ce programme et mettre en œuvre cette volonté.
Je dirais aussi que c’est une volonté du monde entier parce que je vous l’ai dit souvent, le monde entier attendait de voir de ces élections-là, quel résultat en sortirait pour être un exemple non seulement un pour l’Afrique mais pour l’extérieur.
Je pense que c’est un jour vraiment important pour le Burkina. Nous prions Dieu pour que les choses aillent jusqu’à terme. Je suis optimiste parce que du côté sécuritaire, toutes les dispositions ont été prises tant à l’intérieur ici qu’à nos frontières pour que véritablement ces élections se passent dans la sécurité, dans la paix et la sérénité.
Je voulais profiter de vos micros pour féliciter le président de la CENI et ses collaborateurs parce que de loin on pense qu’organiser des élections comme cela, c’est facile. Non, quand vous entrez dans les détails, vous voyez que ce n’est pas facile, parce que vous êtes confrontés à beaucoup de problèmes, à des incompréhensions, à des problèmes d’argent, à des problèmes organisationnels.
Ils ont réussi à braver tous ces défis. Nous sommes là au jour J. Je pense vraiment que le peuple burkinabè s’exprime. Je l’ai dit. Les jeunes doivent sortir pour voter, parce qu’ils doivent choisir leur véritable leader. Il ne faut plus qu’on se plaigne après parce que tel ou tel homme politique n’est pas parfait.
Non choisissez maintenant, déterminez-vous maintenant. Et si vous le faites, vous verrez que vos voix porteront et que véritablement le Burkina Faso à l’issue de ces élections amorcera une heure de démocratie, de liberté, de compréhension.
Alors, je souhaite bonne élection à tout le monde. Je souhaite surtout que nous puissions en sortir sans violence, qu’il y’ait un fair-play. Je l’ai dit. Je le répète. Le fair-play, nous acceptons les résultats. Nous avons un organe légal, le Conseil Constitutionnel. Si nous avons des problèmes, allons vers le Conseil Constitutionnel, mais ne portons pas les divergences sur la place publique.
Bonne journée à tous et que Dieu nous aide à véritablement réussir ces élections. »
Avec Burkina24