Toute violence contre notre Président sera une violence contre nous, Ivoiriens

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 11 janvier 2011 10 h 37 min

La communauté internationale doit savoir qu’elle sera tenue responsable d’une «wandisation» de la Côte d’Ivoire. Si ces «illustres» politiques, aveuglés qu’ils sont par leurs intérêts personnels dans la crise ivoirienne, ne peuvent se donner le temps de la réflexion…eh bien, au nom du respect de la vie humaine, il faudra qu’ils essaient, tout de même, un instant.
Loin de leurs salons feutrés de l’Occident et d’Afrique, ils devront un jour ou l’autre se rendre à l’évidence des réalités politiques ivoiriennes. Quelles sont-elles ?
Alassane Dramane Ouattara est entré sur la scène politique ivoirienne en 1990, en tant que Premier ministre d’Houphouët Boigny. Parachuté en Côte d’Ivoire en sa qualité d’économiste et de haut fonctionnaire du FMI, il fut imposé aux Ivoiriens. Après trois ans d’une politique de juxtaposition des plans d’ajustement structurels (PAS), Alassane Dramane Ouattara quitte la Côte d’Ivoire, après l’avoir déclarée en faillite. Mais c’est par dépit qu’il retourne au FMI, puisque son premier coup d’Etat contre Henri K. Bédié, a lamentablement échoué.
Malheureusement pour nous, l’amertume n’est pas le seul bagage qu’il emporte avec lui. Le goût insatiable du pouvoir et de l’argent extorqué aux Ivoiriens lui font promettre à ces derniers que si, lui, Alassane Ouattara n’est pas président dans ce pays, nous ne connaitrons plus jamais la paix. Force est de constater que le leader du RDR dont on ne prend pas les menaces à la légère, a bien tenu parole. Ce sont huit années de douloureuses souffrances qu’il nous a infligées.
Péniblement, nous avons fini par organiser des élections dont Laurent Gbagbo a été proclamé vainqueur par le Conseil Constitutionnel. Dans tout pays démocratique et souverain, une fois que cette juridiction suprême a parlé, tous se plient à la décision finale et s’occupent au développement de la nation. Mais pas en Côte d’Ivoire. Parce que, quelque part dans l’hexagone et au pays de l’oncle Sam, des présidents au destin chancelant veulent encore financer leur campagne électorale sur le dos de «pauvres» Africains. Et pour ce faire, la personne susceptible de leur offrir ces espèces sonnantes et trébuchantes sur un plateau d’or, n’est autre qu’Alassane Dramane Ouattara.
Alors qu’importe qu’une très contestée option militaire menace la vie de nombre d’Ivoiriens et d’Africains vivant sur notre sol ; c’est cette option qui était bel et bien retenue et martelée par Sarkozy et Ouattara jusqu’à ce que les dirigeants de l’UA et de la CEDEAO, voyant clair dans la manipulation, ne se ravisent et ne les lâchent. Dès lors Ouattara a tu l’option militaire pour placer sa foi dans un commando qui serait lourdement armé et scrupuleusement entrainé par la France. La mission de ce commando ? «Déloger Laurent Gbagbo de la présidence ivoirienne avant la fin du mois de janvier».
Il serait temps que les super activistes de la communauté internationale comprennent une chose essentielle. La Côte d’Ivoire, depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara dans ce pays, est coupée en deux, géographiquement et dans les cœurs. Si Alassane Dramane Ouattra a ses partisans en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo en a autant sinon davantage. Si le PDCI se retirait de l’alliance factice des houphouëtistes, ce qui est en train de se produire en ce qui concerne la base, combien pèserait-il ? 25 % au plus ? Seule une fraude massive aux dernières présidentielles a permis au candidat du RDR de se réclamer d’une fictive majorité. Purgeant, donc, des résultats du deuxième tour, ces fraudes grossières et massives, le Conseil Constitutionnel a proclamé Laurent Gbagbo vainqueur, pourquoi ne pas l’accepter ? Comment veut-on devenir président en ayant toujours méprisé et piétiné ces institutions dont on veut être le garant ? Entre la loi, l’ordre et la criminalité…il faut choisir. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la fille du crémier en même temps.
La Communauté internationale de M. Sarkozy doit savoir que les Ivoiriens, MAJORITAIRES, qui soutiennent Laurent Gbagbo et le veulent comme leur président n’accepteront pas cet énième putsch, qu’il s’agisse d’une déclaration de guerre de l’Ecomog ou d’un commando surarmé, entrainé par la France. M. Ouattara prend même le soin d’assurer aux Ivoiriens que ce n’est pas une violence contre eux mais une violence contre le président Gbagbo. Eh bien qu’il sache que malgré cette hasardeuse «précaution», toute violence contre notre président, sera une violence contre nous, Ivoiriens. A supposer même que vous réussissiez à le déloger, qui prendrait sa place ? Vous ? Etes-vous assez naïf pour croire que vous règneriez paisiblement sur tous les Ivoiriens ? Ou alors comptez-vous encore et encore sur l’usage de la force pour soumettre tous ceux qui vous sont hostiles…et Dieu sait qu’ils sont plus nombreux que vos partisans.
J’avais bien raison, il y a quelques années déjà de dire de vous que vous êtes un dictateur. Et chaque jour que Dieu fait, vous vous découvrez un peu davantage. Alors que le monde entier parle de renoncer à la violence pour discuter, alors que votre adversaire qui tient les rênes du pouvoir vous tend la main du dialogue, alors que c’est précisément grâce à sa signature que vous avez été rendu présidentiable, et j’en passe…vous et vos acolytes persistez et signez dans la voie de l’agression. Sans mentionner qu’après avoir à maintes reprises, incité l’armée et les fonctionnaires à la désobéissance civique et à l’insurrection, voilà à présent que vous les menacez de représailles sévères, voire d’emprisonnement, puisque vos appels à la rébellion ont lamentablement échoué. Est-ce là le comportement d’un démocrate ou celui d’un…dictateur ?
De grâce, vous avez perdu les élections, sortez de votre prison du golf et venez dialoguer avec votre adversaire afin de trouver une issue pacifique à cette crise…ou alors pliez-vous au choix des Ivoiriens parce qu’il n’y aura, à la présidence, aucun autre chef d’Etat que celui qui y est solidement installé ; du moins pas avant cinq ans.

Par Viviane G. Agnéro
Auteur politique

Source: Le Nouveau Courier

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