by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 22 septembre 2012 14 h 49 min
Sidiki Konaté et IB expliquent:
1) – Sidiki Konaté (ex-porte-parole des Forces nouvelles) :«Ce qui opposait Soro à IB» (Nord-Sud)
Dans cet entretien exclusif qu’il nous a accordé sur la crise militaro-politique déclenchée le 19 septembre 2002, Konaté Sidiki, ancien porte-parole, lève un coin de voile sur ce qui a divisé Guillaume Soro et Ibrahim Coulibaly dit IB.
Sous quel signe placez-vous la commémoration du déclenchement de la crise armée de septembre 2002 ?
Cet anniversaire, pour nous, est placé sous le signe du souvenir de cette grande aventure faite d’espoir et de désespoir, d’embûches, mais aussi de grandes prouesses. Elle a mobilisé beaucoup d’énergie et de personnes dont certaines vivent encore et d’autres qui sont mortes, souvent tragiquement, et avec qui nous avions le même dénominateur commun, c’est-à-dire mettre fin à l’imposture et la forfaiture des élections anti-démocratiques d’octobre 2000 ; mettre définitivement fin à l’injustice que subissait une grande partie de cette population du fait du refus du pouvoir central de leur reconnaître leur identité et de les intégrer définitivement comme des citoyens à part entière de ce pays.
En tant que militant de la deuxième heure, qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre ce combat ?
Non, il y a eu un mouvement progressif. Nous sommes venus en novembre 2002 pour prendre part aux négociations de Lomé. Il y a l’aspect militaire parce que ce sont les militaires qui ont tiré les premiers. Ils n’avaient pas tiré pour le plaisir de le faire. Ils avaient tiré pour se faire entendre. Et le monde entier a entendu ces tirs et beaucoup de gens sont venus aux nouvelles pour comprendre les raisons de cette révolte militaire. Evidemment, aux côtés des militaires, il y avait des populations qui vivaient le même drame, et parmi elles, il y avait des civils qui ont participé à cette lutte en constituant le camp politique. C’est donc dire que nous avions affaire à une organisation militaro-politique dans laquelle le militaire créait les conditions d’un bon débat politique, les conditions d’échanges francs pour la mise en place de vrais instruments qui puissent nous amener vers la parité, vers la légalité et la justice, à une élection démocratique. Nous étions donc complémentaires pour la même cause. Sauf que chacun jouait dans son registre.
On vous a pourtant prêté une posture d’opposant à ce combat. Etait-ce une légende ?
Exactement ! C’était une légende et la preuve est là. A un moment donné, l’on a vite fait de caricaturer. Aujourd’hui, avec le recul, tout le monde voit que nous avons de longues amitiés politique, idéologique et même sentimentale avec Guillaume Soro. C’est bon à savoir parce que l’articulation de la lutte que nous avons menée mérite plus de récit. Mais ce que je peux dire, c’est qu’elle était fondée sur un engagement de toute une génération. Nous avions donc des militaires et des civils. Le secrétaire général des Forces nouvelles qui vivait en exil avec l’ensemble des militaires a décidé, une fois sur le terrain, de faire appel à des amis, à des camarades pour construire la dimension politique de l’organisation chargée de mener la lutte. Tout se faisait simultanément. Quand la crise a éclaté, les négociations ont été immédiatement enclenchées. Il n’y a pas eu de temps mort entre l’engagement militaire et l’engagement politique. C’est dans cette même circonstance que nous avions participé avec lui aux premières négociations à Lomé en tant que porte-parole du mouvement. Donc, vouloir aujourd’hui comprendre qui était combattant de première ou de deuxième heure, ce serait se tromper d’analyse. Les militaires sont venus les premiers. Ils ont ouvert le feu. Concomitamment, une organisation politique s’est mise en place qui a fait appel à d’autres compétences, à d’autres enfants de ce pays qui, eux aussi, partageaient les mêmes valeurs que les militaires et qui ont joué leur partition politique quand les négociations ont été ouvertes, en travaillant sur les différents accords pour montrer aux yeux du monde la valeur politique de ce combat.
Dix ans après, seriez-vous disposé à reprendre le combat si c’était à refaire ?
Si les mêmes conditions se mettent en place pour produire le même système, nous n’aurons pas d’autres choix que de nous engager à nouveau.
Même si vous deviez affronter les difficultés que vous avez connues ?
Je vous dis que nous n’aurons pas d’autres choix que de nous engager de manière frontale dans le combat, même si c’est pour affronter les difficultés que vous évoquez.
Aujourd’hui, certaines personnes essaient d’établir un parallèle entre le combat que vous avez mené et les récentes attaques contre les positions des Forces républicaines de Côte d’Ivoire…
Oser faire cette comparaison, c’est faire de l’amalgame. En 2000, il n’y a pas eu d’élection démocratique en Côte d’Ivoire, le monde entier le sait. Il n’y a pas eu de volonté de la part du pouvoir de créer les conditions de normalisation de la vie politique. Les tensions vives qui existaient avant le coup d’Etat de décembre 1999 se sont même exacerbées dans la gestion quotidienne du pouvoir, à tel enseigne qu’on n’avait plus d’issue politique. On avait donc un régime illégal, illégitime qui, en plus, ne créait pas les conditions optimales d’une discussion politique. Pour preuve, il y a l’échec de la mise en œuvre des résolutions du forum de réconciliation nationale. Nous étions dans un blocage politique, ajouté à une illégitimité politique, et la pression et la tension politique surtout dirigées contre une communauté. Les ingrédients d’une lutte armée pointaient à l’horizon parce que les conditions n’avaient pas été créées par le pouvoir en place pour amorcer un véritable dialogue politique. Aujourd’hui, quel est le schéma ? A l’issue d’une transition acceptée par tous, nous avons organisé une élection, en passant par l’identification des populations. Elle a vu la participation des leaders des partis qu’on appelait le G4. Nous avions donc un processus politique de consensus mené de manière consensuelle qui nous a permis d’arriver à l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques en 2010. Nous avions eu un premier et un second tour. C’est à l’issue de ce second que l’un des camps, en l’occurrence celui du perdant, a refusé de reconnaître sa défaite et, profitant de ses dix ans de pouvoir qui lui ont permis de placer l’administration sous son contrôle, a voulu perpétrer un coup de force, un coup d’Etat contre le processus de démocratisation. Dès cet instant, nous nous sommes mis tous ensemble pour défendre la légalité constitutionnelle, pour défendre la vérité des urnes, mais aussi pour préserver les acquis des Forces nouvelles, c’est-à-dire la démocratie. Donc là où en 2002, nous avons fait barrage à l’imposture et à la forfaiture électorale, à la démagogie politique, ceux qui opèrent en ce moment veulent perpétuer le coup d’Etat contre la démocratie qu’ils ont débuté lors de la crise postélectorale. Leur logique ne peut être celle des Forces nouvelles en 2002. C’est un amalgame de croire que le fait de s’embusquer pour tirer comme des terroristes sur des soldats ou des civils, c’est engager le même combat que les Forces nouvelles en 2002. 2002, c’était autre chose qui n’a rien à voir avec les actions de certains individus en 2012. Ce n’est pas comparable.
Considérez-vous que le combat des Forces nouvelles soit terminé ? Le Fpi n’est-il pas en train de continuer ce qu’il avait commencé en 2000 ?
Les Forces nouvelles ont eu deux postures au cours de ces dix dernières années, qu’il faut distinguer. Nous nous sommes constituées progressivement sur la base de la revendication qui était qu’il faille créer les conditions d’une vraie démocratie en Côte d’Ivoire, en permettant à tous les enfants du pays de se présenter à une élection démocratique, en demandant à l’armée de se mettre en dehors du cadre politique, en permettant à tous les fils et filles du pays d’avoir les documents administratifs nécessaires pour concourir lors d’élections transparentes et démocratiques. Nous l’avons réussi. En 2007, cette revendication a été mieux formulée dans un accord qu’on a appelé l’accord politique de Ouagadougou. Le responsable des Forces nouvelles est même devenu le Premier ministre et le garant de ce processus qui lui a permis, jusqu’en 2010, d’organiser une élection démocratique et transparente dont l’issue est sue de tous. Donc à partir de ce moment, les Forces nouvelles qui avaient le statut de belligérant de 2002 à 2007, sont devenues arbitre et garant du processus. Elle se sont acquittées de façon noble de leur tâche. Dès l’instant que l’objectif majeur qui était la démocratisation du pays par l’organisation d’élections libres et transparentes a été atteint, les Forces nouvelles ont considéré que leur mission était accomplie. Les militaires, après cette mission, on intégré l’armée et. Aujourd’hui, à différents niveaux de responsabilité, ils s’acquittent de leur tâche en défendant notamment les institutions de la République. Les animateurs de la branche politique ont chacun choisi, pour ceux qui le veulent, de faire autre chose. Certains continuent la politique et se sont pour la plupart retrouvé au sein du Rdr qui répond le plus à leurs aspirations. C’est notamment notre cas. Nous occupons pour la plupart, des postes de député. Le secrétaire général des Forces nouvelles tient le perchoir de l’Assemblée nationale. La phase militaro-politique du combat, c’était donc de 2002 à 2010. Les institutions démocratiques étant établies, nous animons le paysage politique comme tous les Ivoiriens. Nous ne sommes donc plus les Forces nouvelles telles qu’on les a connues. Nous contribuons, à notre manière, sous d’autres formes, à la consolidation de la démocratie.
Durant ces dix années, n’avez-vous jamais douté de l’issue du combat ?
On ne peut jamais mener un tel combat et dire qu’on est resté optimiste tout le temps. Il y a eu de graves moments d’incompréhensions entre nous. Vous conviendrez qu’il n’est pas facile pour des milliers de personnes qui n’ont jamais eu l’expérience dans la gestion des hommes, autant au niveau militaire que civil, de se retrouver au-devant de la scène. Il n’y a avait plus d’Etat dans les zones que nous occupions. En l’absence de l’Etat, nous nous sommes retrouvés dans notre configuration militaro-politique, à remplacer l’administration. Il fallait donc avoir les ressources humaines et financière pour combler ce vide, avec la manière puisqu’on ne construit pas comme ça une administration du jour au lendemain, dans le feu de l’action. Il y avait ce vide à combler. A côté de cela, nous étions confrontés à un grand défi. Ceux qui ont pris les armes et qui s’attendaient à en finir en 24 heures maximum avec le régime en place, se retrouvent à gérer un vaste espace, à le sécuriser, à le défendre, souvent avec des hommes qui n’avaient pas la formation requise. Alors, nous avions dû faire plusieurs réformes. Au départ, nous avions un conglomérat de chefs d’opérations dans lequel chacun était son petit chef, dans un petit carré. L’administration militaire n’existant pas, c’était la porte ouverte à tous les excès, souvent contre les populations que nous étions venus protéger. Nous avions pris conscience de ce fait et avions tenté d’asseoir une administration militaire en créant des zones à la tête desquelles il y avait les commandants de zone pour faire disparaître les chefs d’opérations. Nous avions donc un état-major pour régler la question de la prise en main des militaires sur toute l’entendue du territoire que avions. Après la question militaire, il nous fallait mettre en place l’administration civile pour palier l’absence de l’Etat, pour gérer la question de l’école, de la santé, l’économie, etc. La tâche était donc ardue, sans oublier que nous devrions continuer de négocier pour ne pas apparaître comme des sécessionnistes. Le dilemme pour nous était vraiment grand.
Comment avez-vous géré aussi la suspicion qui aurait pu mettre à mal votre cohésion et le combat en lui-même ?
Dans toute organisation, il y a la suspicion, surtout dans la notre qui n’avait pas été créée pour demeurer. Nous avions à maintenir la sécurité dans notre zone et à travailler pour faire en sorte que le combat aboutisse. Nous devions continuer de voir comment renverser Laurent Gbagbo, ou voir comment nous pouvions discuter avec lui en prenant appui sur les zones que nous contrôlions. Dès cet instant, on pouvait y laisser sa peau puisqu’il était fort probable qu’on se suspecte, qu’on affabule.
C’est dans ce climat qu’est survenu l’attentat du 29 juin 2007 ?
Non. Au-delà des attentats, il y a eu des contradictions. Il ne faut pas croire que tout était beau. C’était des débats, des positionnements. La problématique était par exemple de savoir comment convaincre certains commandants de zone que l’action politique engagée avec Laurent Gbagbo pouvait nous permettre d’atteindre l’objectif que nous voulions atteindre militairement. Comment faire comprendre à un militaire qui est persuadé qu’il n’y a que les armes pour faire partir Laurent Gbagbo, qu’on peut réaliser ce même objectif en parlant, en discutant ? Surtout que Laurent Gbagbo lui aussi ne nous facilitait pas la tâche avec ses partisans. N’oubliez pas que chaque fois qu’on signait un accord, on le prenait toujours en flagrant délit de roublardise. Cela créait donc dans notre dos, des suspicions, même au-delà des zones Cno. Des gens normaux qui n’avaient rien contre nous, n’arrivaient pas à comprendre notre démarche face à Laurent Gbagbo, réputé grand roublard. Ce que les gens ont oublié, c’est que ce n’était pas de simples discussions. Nous avions une position militaire. Nous avions une armée, un espace. Nous avions donc un backh-up solide qui nous évitait d’aller faire de la compromission avec Laurent Gbagbo. C’est donc cette force qui nous permis d’aller discuter franchement avec lui en nous accordant sur l’essentiel. C’est ce qui nous a permis d’être là où nous sommes aujourd’hui.
Comment avez-vous aussi géré les contradictions avec le Rhdp avant la présidentielle ?
Vous savez qu’une élection est faite de passions. Mais permettez-moi d’évoquer le rôle de leader qu’avait Guillaume Soro qui est peut-être un amis de 20 ans, mais que j’ai appris à connaître et à apprécier durant ces dix ans de combat. J’ai vu en lui un homme capable de s’engager résolument sur une voie s’il a l’intuition profonde que c’est cette voie qui peut déboucher sur la solution. Nous savions qu’en allant discuter, ne serait-ce qu’une minute avec Laurent Gbagbo, on ouvrait la porte à toutes les suspicions légitimes et illégitimes. Ceux qui nous suspectaient ne le faisait pas parce qu’ils ne croyaient plus en nous. Ils nous suspectaient parce que pour eux, nous pouvions nous faire avoir par Laurent Gbagbo. Ce n’était donc pas tant notre crédibilité qui était en cause. C’était la peur de perdre cette crédibilité en discutant avec Laurent Gbagbo qu’il estimait être un redoutable roublard. La suspicion était alimentée par la peur de nous faire rouler, et de perdre les premiers acquis. Les gens se disaient sans doute : « si Guillaume Soro sur qui nous comptons se compromet avec Laurent Gbagbo, c’est que la lutte est perdue, tout va foutre le camp, il n’y aura plus d’espoir, l’espoir qui devait venir du Nord va se dissoudre ». Nous comprenions, mais en même temps, il fallait y aller parce qu’il ne fallait pas rester otage de la peur de notre camp, puisque nous savions, à un moment donné, que militairement nous ne pouvions pas défaire Laurent Gbagbo. Pas que nous n’en avions pas les moyens, mais avec les accords signés et la présence des Nations unies, toute aventure militaire devenait impossible. Il fallait donc discuter et c’est ce que notre secrétaire général avait compris. Il est resté cantonné sur cette option. Il n’a pas eu le temps de gérer toutes ces peurs, toutes ces suspicions pour ne pas inhiber son action. C’est donc un vrai leader qui est capable de regarder sa base et lui dire « critiquez moi, mais je ne quitterai pas la voie que j’ai choisie parce que je suis persuadé que c’est là que se trouve votre salut, et que je veux vous obtenir contre votre gré ». C’était donc une mission risquée, pleine de doute, qui a failli être dramatique notamment avec l’attentat de Bouaké, sans compter la guéguerre entre nous qui a fait beaucoup de victimes. Tout cela rentre dans le cadre des grands regrets dans l’histoire des Forces nouvelles.
Est-ce justement parce qu’il est obstiné, qu’il y a eu des incompréhensions entre lui et Ibrahim Coulibaly ?
Bien entendu. Ibrahim Coulibaly qui est un frère a péri dans des conditions que nous regrettons. Nous aurions aimé, après toutes ces années passées en exil du fait des incompréhensions entre nous, qu’il soit là aujourd’hui pour aider la démocratie à se consolider. Il avait sa place, comme tous ces militaires que nous connaissons et qui occupent de hautes fonctions. Il avait sa place en tant que grand militaire. Malheureusement, les incompréhensions ont perduré et nous avons eu cette issue dramatique parce qu’il n’y avait pas deux options. L’option militaire a prévalu. Mais, pour avoir été proche de Guillaume Soro, notamment en tant que porte-parole des Forces nouvelles de décembre 2002 jusqu’en 2007, j’ai participé à toutes les discussions politiques en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Ce que je retiens de Soro et d’Ibrahim Coulibaly, c’est qu’ils s’appréciaient énormément. Soro aimait profondément IB. Ils ont travaillé ensemble à un moment donné parce qu’ils partageaient le même rêve pour le pays. Ce qui les divisait était beaucoup sur le comment contribuer à réinstaurer la démocratie dans le pays. Soro était plutôt soucieux de créer les conditions pour que les politiciens puissent s’asseoir pour discuter et aller à des élections libres et transparentes, sans se mettre devant les choses. A contrario, Ibrahim Coulibaly se mettait dans la posture d’un acteur majeur dans ce processus. La division est donc venue de la perception du rôle qu’ils voulaient, chacun, jouer dans le processus de démocratisation. Ibrahim Coulibaly estimait qu’il ne pouvait pas créer les conditions d’une élection et ne pas prendre part à cette élection. Cette vision a donc commencé à ébranler notre cohésion depuis 2004 et s’est poursuivie de manière dramatique avec les différents camps, notamment celui d’Ibrahim Coulibaly qui était dehors, et qui voulait prendre le dessus sur celui de Guillaume Soro dans les zones Cno et dont l’issue a été la bataille d’Abobo.
Quel rôle Soro, qui a contribué à la réinstauration de la démocratie, peut-il jouer dans le processus de réconciliation ?
On a une grande chance pour réussir cette réconciliation. Premièrement parce qu’on a un président de la République qui n’est pas revanchard. Il est la somme de toutes les frustrations subies par les Ivoiriens, il est le creuset de toutes les humiliations qu’une partie de la population a subies. A la tête du pays, il n’a pas créé un système de revanche. Bien au contraire, il a mis en place, une commission pour conduire un processus de réconciliation. Et, il n’a pas confié cet instrument à quelqu’un de son bord politique. Travaillant dans son sillage, le président de l’Assemblée nationale qui bénéficie de sa confiance, peut apporter beaucoup à la réconciliation. S’il y avait des députés du Fpi qui siégeaient à l’Assemblée nationale, les choses seraient plus simples à gérer pour lui. Il allait déjà utiliser le parlement comme instrument de réconciliation parce qu’il en a la capacité. Parce qu’il a été un leader étudiant incontesté. Il a géré une structure estudiantine qui était proche de la coalition de la gauche et plus particulièrement du Fpi. Il a donc l’avantage d’avoir travaillé avec la plupart des jeunes qui se retrouvent dans le clan Gbagbo et avec lesquels il entretient toujours de bons rapports même si c’est de manière discrète. Ceux-ci placent d’ailleurs beaucoup d’espoir en lui pour être le catalyseur de cette réconciliation parce qu’ils sont persuadés que l’ami Bogota qu’ils ont connu, ne peut pas les abandonner. Ça c’est un acquis important. Mais, en plus, il a dirigé une rébellion. Donc à un moment donné, il a eu de la belligérance forte avec le camp Gbagbo. Mais, cinq ans après, il s’est surpassé pour signer un accord avec M. Gbagbo dont il a été le Premier ministre. Ce qui a permis de tisser d’autres types de relations avec des membres de ce clan. C’est vous dire qu’il a beaucoup d’interlocuteurs, je dirai 60% des cadres du clan Gbagbo. Cet aspect des choses peut donc être considéré comme un acquis. Deuxième chose, il est un fils du Nord et il a un pied au Sud. Car, n’oubliez pas que ses enfants sont métis. Il a des amitiés au Centre et au Centre-Ouest et il bénéficie de la confiance de ses beaux-parents. Au-delà de cela, il a travaillé avec beaucoup de cadres du Sud quand il était Premier ministre. Tous ces atouts peuvent rassurer tous ceux qui ont peur, aujourd’hui. Troisièmement, nous qui sommes ses collaborateurs, nous avons aussi quelques amis en commun dans le camp Gbagbo. Je veux parler de Blé Goudé, Dama Pickas, William Attéby avait qui j’ai milité dans la section de la Fesci de Yopougon. Nous sommes tous des anciens de la Fesci. Or, comme on le disait à notre époque, l’esprit Fesci qui nous unissait, est important.
Est-ce que vous appelez souvent Attéby ?
Je ne l’ai pas eu depuis mais, si l’occasion se présente, je n’hésiterai pas à lui parler. Je profite d’ailleurs de cette interview pour lancer un message à tous ces amis pour leur dire de rentrer parce que pour nous, la vie en exil est très dramatique. Je leur dis surtout de saisir la main tendue du président de la République parce qu’il est très sincère. Ils ont été des leaders. Ils peuvent encore jouer ce rôle. S’ils ont besoin qu’on les aide, nous nous engageons à servir d’intermédiaire entre eux et le gouvernement.
Interview réalisée par Choilio Diomandé & Marc Dossa
2)- Voici le testament d’IB avant sa liquidation
Le Nouveau Courrier-20/9/2012
Meneur du coup d’Etat de 1999 qui a propulsé le général Robert Guéi au pouvoir, le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB est rentré dans la clandestinité lorsqu’il s’est brouillé avec son patron au sein du Conseil national de salut public (Cnsp).
Commence pour lui une série d’actions de déstabilisation du président Laurent Gbagbo avec des soutiens extérieurs. Mais ses adversaires, en interne, auront raison de ses ambitions démesurées. Le Nouveau Courrier vous livre ses confessions quelques heures avant l’assaut des FRCI qui l’ont assassiné dans son fief à Abobo.
Ceux qui pensent qu’ils doivent être les porte-parole, les porte-voix doivent dire la vérité aux Ivoiriens. Mais cela fait des années qu’ils ne disent pas la vérité aux Ivoiriens. Ils mentent, mais on ne peut pas construire un pays sur le mensonge. Quand vous créez une société sur le mensonge, la société tombe parce que Dieu n’a pas sa main dedans.
Dieu n’est pas dans le mensonge. Il a sa main dans la vérité. Ceux qui disent que je veux être chef d’état-major, que je veux être Premier ministre, que je veux diriger le pays, n’ayons pas la mémoire courte car ce n’est pas aujourd’hui que notre révolution a commencé. Soyons sincère et disons la vérité à nos parents. Certains de nos parents n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, ils ne savent pas lire les journaux. Vous qui avez la capacité de lire les journaux et d’approcher les jeunes combattants qui sont autour de moi et d’avoir la vérité, ne soyez pas passionnés. Ne restez pas dans le mensonge pour induire nos parents en erreur.
J’avais 31 ans quand nous renversions Bédié. Je pouvais m’assoir dans le fauteuil présidentiel. Ce n’est pas Guéi qui nous a envoyés. Nous étions sept jeunes que je dirigeais. Bédié est tombé, mais nous ne lui avons pas fait du mal, nous lui avons permis de partir en exil. Nous avons trouvé mieux d’aller chercher un de nos anciens, le général Guéi qui avait subi des humiliations pour le mettre au pouvoir. Au général Guéi nous avons dit : «Le président Bédié a créé un fossé entre les Ivoiriens à travers l’ivoirité. Cela ne peut pas permettre aux Ivoiriens d’avancer, d’avoir un pays uni, fort et lui permettre de se développer. Nous souhaitons que vous rameniez la paix, la cohésion entre tous les Ivoiriens. Mettez dans la tête des Ivoiriens que tous les étrangers sont chez eux ici en Côte d’Ivoire et qu’il faut permettre à tous ceux qui le désirent, de se présenter à l’élection présidentielle. Ne faites pas d’exclusion. Faites en sorte qu’en 6 ou 8 mois, nous puissions finir une bonne transition et organiser des élections libres et transparentes.»
Le général Guéi était d’accord avec nous. Mais malheureusement, chemin faisant, il s’est fait entourer de ceux que nous avons chassés le 24 décembre. Ceux-là ont mis dans sa tête que c’était son tour de gouverner et qu’il fallait se maintenir au pouvoir.
J’étais son chef de sécurité. Je n’ai pas voulu être ministre. A ce poste, j’avais la possibilité d’avoir la main et les yeux sur tout ce qui se faisait autour de lui. Et je voyais le ballet politique qui se déroulait autour du général Guéi à vouloir l’obliger à rester au pouvoir. Plusieurs fois je lui ai dit : «Mon général, la parole est sacrée. Quand vous prenez un engagement devant le peuple pour dire que nous venons pour une transition de 8 mois, que nous venons balayer la maison, il ne faut pas changer du coup de position en disant qu’il faut que nous restions au pouvoir. C’était ça le débat entre le général qui était mon patron et moi et je lui ai ouvertement dit que je ne suis pas d’accord.»
Il était inquiet parce que les gens lui rapportaient qu’IB veut mettre Alassane Ouattara au pouvoir c’est pourquoi il n’est pas d’accord avec toi. Pis, ceux qui lui rapportaient ça le poussaient à vouloir m’éliminer. Un matin, le général vient me voir et me dit «IB, je veux que tu ailles prospecter deux ambassades, l’ambassade de Chine et l’ambassade du Canada.» Je lui réponds que cela peut attendre, d’autant plus que dans quelques mois nous allons finir la transition. Il me dit qu’il faut que j’aille maintenant. C’était en présence de l’ambassadeur Georges Ouégnin
Le rôle joué par l’ambassadeur Georges Ouégnin
Il est arrivé à mon bureau pour me convaincre en me demandant d’exécuter les exigences du général Guéi. «Le général est ton patron, vas faire ce qu’il t’a demandé de faire. Exécute, il n’y aucun problème.» L’ambassadeur m’a promis par la suite un cadeau qui, selon lui est très significatif. L’après-midi, son chauffeur vient me voir avec un cadeau emballé. J’ouvre le cadeau et je découvre trois singes en statuettes.
Une semaine après, tous ceux qui étaient autour de moi, Zaga Zaga, Wattao, Shérif Ousmane, la Grenade, tous ceux que vous connaissez ont été arrêtés. Toute la brigade spéciale qui assurait sa sécurité a été arrêtée et mis à la poudrière d’Akouédo.
C’est étant au Canada que je joins le général pour lui demander ce qui se passe, ce que mes collaborateurs qui vous ont permis d’être au pouvoir ont fait pour se retrouver en prison. Ensuite, je constate que d’une prospection, je suis passé à une affectation. J’ai joint le général pour en savoir davantage. C’est en ce moment que j’apprends que nous voulons le tuer et que, selon lui, il a eu la certitude de ce que nous voulons le tuer. Je lui ai rétorqué que si c’était le cas, on l’aurait fait depuis. J’ai alors plaidé pour la relaxe de ces jeunes gens.
Mais au lieu de la relaxe, le lendemain j’apprends que le général Guéi a donné des instructions pour que la Grenade soit exécuté. C’est à partir de cet instant que je l’ai joint pour lui déclarer la guerre. J’ai démissionné ensuite du poste d’attaché militaire au Canada où je n’avais pas moins de 4 millions Fcfa par mois. Je suis rentré en France et ensuite au Burkina Faso.
Le rôle de Blaise Compa oré dans la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002
C’est à partir du Burkina Faso que j’ai commencé à appeler tous mes amis. Nous avons mis un système en place le jour des élections de sorte que dans le cafouillage nous sommes allés attaquer la poudrière d’Akouédo pour libérer nos amis, Wattao, Shérif Ousmane, etc. qui s’y trouvaient. Nous avons réussi à les faire évader et je me suis arrangé pour qu’ils me rejoignent à Ouagadougou.
Pendant ce temps, Guillaume Soro était encore à Abidjan. Quand il y a eu accalmie, il s’est présenté aux élections à Port-Bouët en tant que colistier d’Henriette Diabaté et ils ont échoué. Donc Blaise Compaoré m’a permis de recueillir tous ceux, y compris Guillaume Soro, qui étaient dans des situations clandestines en Côte d’Ivoire. Tuo Fozié, Zaga Zaga, Adam’s, Wattao, etc.
Mais avant, Guillaume Soro me joint pour me dire que sa situation est difficile et qu’est-ce que je peux faire pour lui. Je lui réponds ceci : les journalistes ne cessant de m’appeler pour m’interviewer et compte tenu de ce que je n’ai pas le temps eu égard aux moyens que je recherche pour nous permettre de rentrer dans notre pays triomphalement, viens t’occuper des journalistes.
C’est ainsi que Guillaume Soro s’est retrouvé auprès de moi comme porte-parole. Nous avons fait 2 ans et demi à Ouagadougou. Mais pour préparer mes hommes à l’attaque du 18 septembre, nous nous sommes retirés dans un camp et je les ai préparés pendant 6 mois (…) Il faut préciser que l’Etat Burkinabé nous a donné des villas. Après la formation, un ami libanais m’a aussi envoyé 60 millions Fcfa. L’intendant c’était Gaoussou alias Dja Gao (actuellement commandant du camp commando d’Abobo) qui a fait des enveloppes de 300 000 Fcfa pour tous les éléments qui devaient rentrer en Côte d’Ivoire. Il y a eu trois groupes parce qu’il devait avoir trois attaques simultanées à savoir Abidjan, Bouaké et Korhogo.
En ce qui concerne les chefs de groupe, à Abidjan, c’était Kobo, à Bouaké c’était Zaga Zaga. Jusqu’en 2003 avant que je ne parte en France et qu’on m’arrête, tout le monde avait une bonne image de la rébellion. Nous sommes rentrés en Côte d’Ivoire, les choses n’ont pas fonctionné véritablement comme nous voulions, mais nous avons réussi à couper le pays en deux. Les négociations sont alors arrivées. Il y a eu Lomé, ensuite Marcoussis. Je voudrais m’expliquer pourquoi aux premières heures de la rébellion, l’on ne m’a pas vu au devant de mes troupes.
Il faut dire que j’ai été reçu dans un pays, par un chef d’Etat qui m’a accordé le statut de réfugié politique contrairement aux autres éléments qui étaient sous ma coupole. J’avais voulu rentrer, mais le grand frère Blaise Compaoré m’a dit non je ne pouvais pas rentrer. Parce que si je rentre, la démonstration que le Burkina Faso était notre base-arrière et que c’est lui qui nous a équipé était claire. Le président Blaise Compaoré a clairement dit que cela le mettait dans une situation très difficile.Il m’a donc dit de laisser les jeunes progresser et qu’au moment où nous aurons toute la situation en main, je pourrais sortir la tête. Nous sommes tombés d’accord.
L’ambassadeur de France et son attaché militaire venaient me rendre visite chaque semaine pour se rendre compte que j’étais effectivement sur le sol burkinabé. Et cela a permis au Burkina Faso d’avoir son honneur sauvé et d’empêcher à la France d’avoir une pression pour attaquer la rébellion au nom des accords de défense qu’il y a entre elle et la Côte d’Ivoire parce qu’on a réussi à faire intégrer dans l’esprit de l’opinion que c’était une crise ivoiro-ivoirienne.
Voilà comment nous avons pu résister sans que les Français nous chassent du territoire ivoirien. Après les accords de Marcoussis, le ministre Seydou Diarra, après avoir discuté avec Guillaume Soro qui leur apprend que c’est moi le chef militaire de la rébellion, m’envoie deux émissaires pour m’informer qu’ils nous donnent 9 postes ministériels. Dans ces 9 postes ministériels, j’avais la latitude de nommer des personnalités de mon rang.
C’est ainsi que je nomme Guillaume Soro ministre de la Communication et tous ceux qui m’ont aussi apporté de l’aide quand j’en avais besoin tel que Gueu Michel que nous avons capturé à Bouaké comme prisonnier. Il a été nommé ministre des Sports. Pour la petite histoire, lorsque nous avons attaqué Bouaké, le colonel Soumaïla Bakayoko, qui est actuellement chef d’état-major, a fui pour se rendre dans son village qui est proche du mien. C’est là que j’ai envoyé des éléments le chercher pour nous rejoindre, ce qu’il a fait sans hésiter. Il en est de même pour Bamba Sinima et tous ceux qui se reconnaissaient dans notre action (…)
L’origine du clash entre les «frères rebelles»
Quand ils sont devenus ministres et qu’ils ont commencé à prendre goût à du beurre, à rouler carrosses et à côtoyer le luxe, ils ont commencé à se départir de la mission originelle qui est de faire partir le président Laurent Gbagbo du pouvoir. L’atmosphère a donc commencé à se dégrader entre nous.
C’est ainsi que je suis allé demander au grand frère Blaise Compaoré de me laisser rentrer au pays. Je lui ai qu’il faut que je rentre parce que les choses sont en train de se dégrader. J’apprends par ci que deux de mes ministres ont trinqué du champagne avec deux de ses ministres ; j’apprends par là que d’autres sont en voyage avec lui. Je les appelle pour leur dire que jusqu’à preuve du contraire, Gbagbo demeure notre adversaire, qu’il n’est pas notre allié. Mais ils en faisaient à leur tête.
Le président Blaise Compaoré me demande alors de rentrer à Paris et qu’à partir de là-bas, je pouvais annoncer officiellement que je rentre en Côte d’Ivoire. Cela l’aurait permis de rester en marge des accusations selon lesquelles c’est lui qui a apporté un soutien à la rébellion contre le président Gbagbo. C’est ce que j’ai fait.
Le troisième, lorsque je décide de rentrer en Côte d’Ivoire, on m’arrête à mon hôtel à Paris. Les raisons évoquées, c’est que je suis allé recruter des mercenaires, que je suis un terroriste et que je pars tuer un président. Je fais 21 jours de prisons, je sors de prison, on me garde en France sous contrôle judiciaire pendant 2 ans. Mais j’ai réussi à sortir de la France pour me retrouver au Benin en passant par la Belgique.
Là encore, je reçois des informations selon lesquelles mes amis ont décidé de me faire la peau avec la complicité des autorités béninoises si je ne sors pas de ce pays. C’est ainsi que je me suis retrouvé au Ghana. Mais lorsque j’étais en prison en France, pour justifier pourquoi ils ne m’ont pas soutenu, certains de mes amis que j’ai fait nommer ministre font croire à qui veut les écouter que j’ai pactisé avec le président Gbagbo qui m’aurait donné des milliards Fcfa. Ceux qui étaient encore acquis à ma cause, tels que Adam’s, Kass, Baladji, Bauer ont été ciblés, mis en prison, certains ont été assassinés. Ils ont construit leur révolution sur du mensonge.
Beaucoup de choses se sont passées en zones CNO. Il a y eu tueries, viols, pillages, etc. Depuis que la rébellion, après mon arrestation, a quitté la voix originelle qui est la protection du peuple, elle n’a plus progressé. Elle n’a fait que des victimes. Comme nous sommes parvenus aux élections, pour ne pas dire que c’est IB qui ne veut pas d’élections, qui s’oppose aux élections, mes hommes et moi nous nous sommes repliés.
Mais nous étions convaincus d’une chose, c’est que ces élections allaient se terminer par les armes. C’est ainsi que mes hommes et moi nous nous sommes préparés. Et quand il y a eu une crise armée, nous sommes entrés en scène et nous nous armions sur le matériel que nous récupérions sur nos adversaires qui tombaient en embuscades.
Nous avons réussi à déstabiliser le dispositif de l’état-major des Fds (Forces de défense et de sécurité sous le président Gbagbo). Ils ont envoyé le CeCOS, la Bae, le bataillon blindé, ils ont envoyé toute la coalition, mais ils n’ont pas pu venir à bout de notre résistance. C’est nous qui avons lancé l’offensive pour libérer les prisonniers qui étaient à la Maca, ensuite nous avons lancé l’offensive sur Yopougon.
En 4h, nous avons pris la moitié de ce quartier, il ne restait que la zone de Niangon. Nous avons pris le nouveau camp BAE, on a réussi à sécuriser Andokoi. A ma grande surprise, j’apprends qu’il y a une colonne de militaires sur l’autoroute qui fait mouvement vers Abidjan. Mon adjoint Baeur est décidé à les empêcher d’entrer, je le convaincs d’éviter un affrontement parce que je ne crois pas qu’ils viennent contre nous. Ils rentrent en fanfare, foncent directement sur la RTI et le camp Agban qu’ils pilonnent toute la nuit.
Les Forces militaires de Gbagbo les ont laissé pilonner jusqu’au petit matin avant de lancer une offensive. C’est la débandade dans leur camp. Ils ne connaissent pas Abidjan. Certains ont été recrutés directement au village où ils ont été habillés en treillis militaire. Il y a eu de nombreux blessés et de morts dans la cour de la mairie d’Abobo et dans les hôpitaux. S’ils étaient vraiment venus pour épargner la vie des Ivoiriens, auraient-ils envoyé ces jeunes gens à l’abattoir ? Le minimum aurait voulu qu’ils m’approchent. Ils n’ont pris ni la télévision ni Agban, ils racontent qu’ils ont pris ces deux secteurs stratégiques.
Mes relations avec Alassane Ouattara
Je n’ai aucun problème avec le président Alassane Ouattara. (…) Pourquoi m’opposer au fait qu’il soit président ? Quand j’ai reçu dans mon Qg les imams et les chefs du quartier, en leur présence, j’ai composé le numéro du Dr Alassane Ouattara que j’ai mis sur haut-parleurs pour qu’ils sachent que nous entretenons de très bons rapports. Il était en réunion et j’ai parlé avec son aide de camp, le commandant Diarassouba.
A travers notre causerie, les imams et les chefs du quartier ont compris qu’il y a une affinité entre nous. Et j’ai dit à l’aide de camp que si le grand frère finit, dis-lui de me rappeler pour permettre aux vieux d’échanger avec lui pour les rassurer. Si je n’ai pas de bons rapports avec lui est-ce que je peux me permettre ça ?
Je vous demande de garder votre calme, soyez serein.
Retranscrits par Benjamin Sil
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