by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 3 mai 2011 15 h 40 min
Militaire ayant le grade d`adjudant à la garde républicaine, Dramé Abdramane se souvient encore de la journée où l`ex-sergent-chef Ibrahim Coulibaly et ses éléments ont fait irruption à son domicile lors de leur fuite du quartier général (QG) du commando invisible situé à la cité Coccinelle, à quelques encablures de la société Unicafé. Le vendredi dernier, il a accepté de nous raconter le calvaire que son épouse, ses enfants et lui ont vécu, ce jour-là.
Avant hier (Mercredi 29 avril 2011:Ndlr), quand ça commencé à tirer vers le QG de IB, des éléments qui lui sont proches ont commencé à fuir. Or lorsqu`on est assis chez moi, on aperçoit les rails. Donc on a vu des groupes de personnes passés. C`était des gens d`IB. Ils étaient en tenue civile et se dirigeaient vers la route d`Anyama. En regardant où ma voiture est garée (…il nous montre sa voiture totalement endommagée par les échanges de tirs de roquettes), juste après le mur, on a vu des gens en tenue civile, armés de kalachs. Lorsqu`on a constaté ce fait, j`ai dit à ma femme qu`on dirait qu`il y a des gens en kalachs dans le quartier qui tentent de fuir. C`est en regardant ces gens en fuite qu`on a vu une de nos sœurs qui allait sans le savoir tout droit en leur direction. Immédiatement, j`ai signalé à ma femme la présence de notre soeur qui s`appelle Awa. Quand elle s`est rendue compte que des gens armés étaient face à
elle, elle a commencé à fuir. J`ai donc crié en malinké à maintes reprises: Awa vient ici! Elle a fui pour venir se réfugier chez moi. Lorsqu`on a ouvert la porte, ma femme les a vus se diriger vers notre maison. Comme je suis connu comme un militaire, ma femme s`est inquiétée du fait que ces hommes armés pourraient en vouloir à ma personne. Elle m`a conseillé de me cacher et que s`ils me demandaient elle leur dira que je ne suis pas là. (Quelques instants, son épouse arrive Ndlr). Quand ils sont venus, ils ont salué et ont demandé si j`étais là. Elle leur a dit que j`étais allé au travail, avant de leur demandé s`il y avait un problème. Ils lui ont dit qu`ils sont en train de sécuriser le quartier. Ils ont tourné là quelques instants et sont sortis de la maison. Après quelques minutes, ils sont revenus, cette fois-ci en compagnie d`IB lui-même et de son staff, près de dix personnes en armes. IB lui-même était armé. Il
avait près de trois à quatre armes sur lui, selon ce que ma femme m`a dit parce que moi, je m`étais déjà caché. Ils sont venus et sont allés directement dans mon salon et se sont installés. Ils ont demandé qu`on leur donne de l`eau glacée. Ensuite, ils ont rassuré ma femme en lui disant de ne pas s`inquiéter et que rien n`allait lui arriver si elle respectait ce qu`ils lui diraient. Ils ont pris nos téléphones portables et promis de partir la nuit tombée. Ils ont demandé qu`elle leur fasse du thé. Après ça, elle m`a retrouvé dans la chambre et m`a demandé si j`entendais ce qu`ils disaient. J`ai répondu non et souhaité qu`elle laisse la porte entrouverte. C`est là que j`ai entendu IB parler au téléphone à un général togolais. Il disait à ce général qu`il ne comprenait pas l`attaque menée contre lui alors qu`il était sur le point de rassembler ses éléments aujourd`hui (mercredi dernier) pour le désarmement. Il a
invité le général à demander aux Frci de se retirer afin qu`il rejoigne son QG et rassemble ses hommes et rende les armes. C`est alors que j`ai su que c`était réellement IB. Ça n`a pas mis du temps quand les éléments des Frci se sont signalés vers notre domicile. Les hommes d`IB ont dit à ma femme de sortir pour aller dire qu`il n`y avait personne ici. Quelques instants après, on a entendu une voix nous invitant de sortir de la maison. Des tirs se sont ensuite fait entendre. C`était des tirs de sommation. Un des éléments d’IB a répliqué en tirant en leur direction. IB s`est fâché et lui a demandé pourquoi il tirait. C`est en ce moment qu`il y avait la débandade chez moi. Ils ont occupé toute ma maison. Et c`est là que j`ai vu IB en personne. Quand ils ont tiré, les Frci n`ont pas fait de cadeau. Ils ont « rafalé« et ils ont envoyé une roquette qui est partie directement dans ma chambre. On a entendu un bruit terrible. Il y a
l`un des gars d`IB qui a soulevé mon lit et voulait se mettre en dessous mais comme il est en forme, il n`a pas pu. C`était la panique. Ils ont demandé à ma femme de leur donner ses boubous. Elle leur a dit qu`elle n`en avait qu`un seul. Et c`est ce qu`elle portait ce jour-là. Un deuxième coup de roquette a retenti. Et le plus baraclé d`entre eux s`est écroulé. Le sang coulait de partout. Prise de panique, ma femme a commencé à les supplier en malinké: pardonnez, pardonnez, je suis avec ma famille. C`est là où les tirs ont cessé. Et elle m`a aidé à sortir en me mettant au dos. Quand on est sorti, il lui ont demandé qui j`étais, elle leur a dit que j`étais son mari. Ils nous ont emmenés par la suite vers Zakaria (Commandant mystique des Frci Ndlr). Zakaria nous a demandé si IB était bel et bien chez nous. Je lui ai dit oui qu`il était effectivement dans ma chambre. Ensuite, il a cherché à savoir si on avait des gens là-bas. Ma
femme lui a dit qu`on y avait nos enfants. Il a promis de les faire sortir. Un premier groupe a pu sortir. Le plus grand des enfants a été conduit chez les voisins. Ce qui nous a énormément soulagé. C`est après cela qu`il y a eu le bombardement de la maison. On a rien vu par la suite si ce n`est qu`IB avait trouvé la mort au cours de ces affrontements. Quand tout est fini, Zakaria et Vetcho m`ont reçu. Sincèrement, j`ai eu la plus grande peur de ma vie. Surtout lorsqu`une roquette a pété dans ma chambre. C`était comme un éclair.
Propos recueillis par
DIARRA Tiémoko Soir Info
Source URL: https://www.ivoirediaspo.net/voici-le-film-de-la-mort-dib/5718.html/
Copyright ©2024 Ivoiriens de l'étranger | Diaspora Ivoirienne | Ivory Coast unless otherwise noted.