by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 8 août 2012 0 h 47 min
Les autorités tentent tant bien que mal de coller à ces assaillants une identité qui faciliterait certainement les enquêtes. En attendant, ces hommes armés du lundi dernier ont laissé derrière eux sept (7) cadavres, dont six (6) éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et un (1) élément dans le camp ennemi, ainsi qu’une dizaine de blessés. « Le camp a fait l’objet d’une attaque ciblée par les deux entrées, mais grâce à l’envoi de FRCI en renfort, les assaillants ont été repoussés », a déclaré le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi, lors d’une visite dans le camp quelques heures après l’attaque.
Faut-il le rappeler, c’est aux environs de 03h00 du matin que des individus puissamment armés, une centaine selon des témoins, ont donné l’assaut à la caserne militaire d’Akouédo, avec comme premières victimes les sentinelles. Surprises, celles-ci ne se laisseront pas pour autant faire, et réussiront à atteindre mortellement un assaillant. Ces visiteurs inattendus et pas du tout catholiques mettent ensuite le cap sur l’armurerie, comme s’ils avaient un plan d’actions précises. Là, ils réussissent à soutirer plus de 200 armes en tous genres et des munitions, avant de fondre dans la nature. Le même jour, les FRCI ont lancé une vaste opération de ratissage dans les alentours du camp et la localité mitoyenne de Bingerville, où les assaillants auraient battu en retraite. Pendant les patrouilles des FRCI, la résidence située non loin du camp d’Akouédo, de Me Toussaint Dako Zahui, l’un des membres du collège d’avocats pour la défense de Laurent Gbagbo, a été perquisitionnée pendant des heures. L’avocat a même été interpellé avant d’être relâché plus tard.
Il faut le noter, les assaillants n’étaient pas à leur premier coup avec le camp d’Akouédo. La veille, c’est-à-dire dans la nuit du samedi 04 au dimanche 05 août, c’est le commissariat du 17ème arrondissement et un poste de contrôle des FRCI dans la commune de Yopougon qui ont été attaqués. Bilan : 05 morts. Etait-ce par les mêmes individus armés ? Y avait-il un lien entre les attaques d’Akouédo et de Yopougon ? Difficile de dire. Le commando sans nom n’a pas frappé qu’à Abidjan.
La ville d’Abengourou, située dans l’Est de la Côte d’Ivoire, a eu droit à sa part de violence. Le dimanche 05 août, a-t-on appris, le camp militaire de la ville a été attaqué. Selon des sources, les assaillants ont usé de ruse pour tromper la vigilance des sentinelles avant de passer à l’acte. Ils ont laissé croire à une agression de certains individus dans la broussaille pour attirer la garde. Aussitôt fait, d’autres individus, environ une quinzaine, vont surgir de la broussaille et tenter de prendre la base militaire. Mais ils seront empêchés par d’autres militaires, dont la vigilance était de mise. Cet affrontement entre les individus venus de la brousse et les militaires d’Abengourou a fait, selon plusieurs sources, de nombreux blessés du côté des FRCI. Cette série d’attaques, il faut le souligner, replonge les Ivoiriens dans la lourde atmosphère de la crise post-électorale, et rappelle étrangement les individus puissamment armés et sans visage qui s’étaient installés dans la commune d’Abobo au plus fort de la crise post-électorale de 2010, et qui tenaient tête aux forces de défense et de sécurité (FDS) d’alors sous le régime du président Laurent Gbagbo. Ces hommes armés ont semé la terreur à Abobo, avant d’être reconnus comme des troupes obéissant aux ordres de l’ex-sergent chef des FANCI, Ibrahim Coulibaly. Ils s’attaquaient aux commissariats de police et aux brigades de gendarmerie, afin de récupérer armes et munitions, et consolider ainsi leur position face aux forces fidèles à Laurent Gbagbo. Ce commando invisible a joué un rôle déterminant dans la chute de l’ancien régime, avec des actions sporadiques à travers les communes d’Abidjan, notamment Abobo, Koumassi, Yopougon, qui ont affaibli les positions des ex-FDS. Plus d’un an après cette douloureuse crise, la capitale économique renoue avec cette forme de violence orchestrée par des individus sans visage. Une sorte de guérilla urbaine que le nouveau régime devra freiner par tous les moyens pour éviter que l’histoire se répète.
Le gouvernement opte pour la fermeté
Le gouvernement ivoirien n’entend en effet pas rester les bras croisés face aux violences qui sont perpétrées. Aussi, après les attaques de Yopougon et d’Akouédo, le chef de l’Etat, ministre de la Défense et chef suprême des armées, Alassane Ouattara, a convoqué le lundi 06 août une réunion de crise au palais présidentiel du Plateau avec les généraux commandant les forces de défense et de sécurité, ainsi que les ministres en charge de ces domaines. Un seul message à retenir : la fermeté face aux assaillants. « Le président a donné des instructions sur la fermeté qui doit être le maître-mot de réponse à ces actes de personnes qui veulent perturber la quiétude des Ivoiriens », a déclaré le ministre ivoirien de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, au sortir de cette réunion de crise. Il reste convaincu qu’il s’agit d’une « stratégie de harcèlement pour semer le doute, perturber la confiance qui se consolide.
Le président de la République a donné des instructions et a pris des dispositions pour que nos forces puissent réagir avec fermeté ». Idem pour le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major général des FRCI. « Ce sont des éléments mal intentionnés. Nous n’en avons pas encore arrêté pour l’instant, même si nous en avons éliminés. Nos forces vont intensifier leur présence sur l’ensemble du territoire. Des instructions ont été données par le président, il s’agit d’être ferme, et nous allons appliquer cela avec la plus grande rigueur. A partir de ce jour, vous constaterez la présence de nos hommes dans toutes les rues d’Abidjan et à l’intérieur du pays », a- t-il conclu. Selon le ministre Bruno Koné, porte-parole du gouvernement, hier sur les antennes de la RTI, « la majorité des assaillants ont été repris, ainsi que la majorité des armes qui ont été volées ».
Hamadou ZIAO (L’Inter)
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