by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 2 novembre 2014 21 h 30 min
Je le dis fermement. Je me méfie du nouvel homme fort du Burkina Faso et marque mon accord avec l’opposition politique et l’Organisation de la société civile burkinabè, qui ont appelé à manifester ce matin, place de la Nation de Ouagadougou. Pour plusieurs raisons.
Un : le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, 49 ans, qui s’est proclamé Chef de l’Etat, fait partie de ceux sur qui Blaise Compaoré comptait pour modifier la constitution, acte entêté, par lequel son propre malheur est arrivé. En effet, Zida était le commandant en second du Régiment de la sécurité présidentielle, une unité d’élite bien équipée et entraînée, située à la périphérie de la milice privée et de la garde prétorienne. Le nouvel homme fort du Faso est donc aussi responsable du pourrissement de la situation politique née de la volonté acharnée de son patron Blaise Compaoré, d’instaurer dans le pays, un pouvoir dévot et à vie.
Deux : jusqu’à ce qu’il rallie la cause des manifestants, Zida défendait le palais de Kosyam, siège du pouvoir au Burkina Faso, et dernier bastion de Blaise Compaoré, qui, du fait de la détermination des militaires du Régiment de la sécurité présidentielle, n’a jamais pu passer sous la coupe des révolutionnaires du 30 octobre. Cette capacité à retourner sa veste, de façon aussi spectaculaire que surprenante, est un indice de félonie. Et un militaire félon n’a jamais été un politique intègre.
Trois : le lieutenant-colonel Zida est ambitieux. Je m’explique. Pour qu’il arrive à braver le Général chef d’Etat-major Honoré Traoré, devenu recordman du monde pour le règne le plus bref (il s’est proclamé chef d’Etat le matin, et le soir, il ne l’était plus) et le contraindre par la suite à lui faire allégeance publiquement, il lui fallait non seulement un sacré cran, mais une forte dose d’ambition personnelle. Un militaire ambitieux n’a jamais été un bon serviteur de la démocratie.
Quatre et enfin : le lieutenant-colonel Zida, par ses premiers actes, nous montre comment il va diriger le pays. A savoir diviser pour régner (il s’est allié à une partie des leaders de la contestation anti-Compaoré) et mépriser royalement l’opposition politique qu’il n’a pas pris soin d’associer à sa prise de pouvoir.
En définitive, je suis d’accord avec les leaders de la fronde anti-Zida que ”la victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple et par conséquent la gestion de la transition lui revient légitimement”.
A mon avis, la communauté internationale (Onu, UA, Cedeao) et les leaders politiques et de la Socité civile burkinabè, tout comme l’Etat-major de l’armée et les manifestants; doivent amener Zida, officier compétent du reste, ex-étudiant en anglais à l’université de Ouagadougou et qui a obtenu récemment un master en management international à l’université Jean Moulin de Lyon 3 ; à céder le pouvoir, dans le cadre d’une transition légale. Comme au Mali avec le capitaine Sanogo, ex-étudiant en… anglais. Force doit revenir à la normalité constitutionnelle au Faso. Qui vivra verra !
André Silver Konan,
Journaliste-écrivain
Spécialiste du Burkina Faso
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