by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 9 mars 2011 13 h 53 min
Les révolutions citoyennes en Tunisie et en Égypte vous ont-elles surpris?
Oui, comme elles ont surpris tout le monde. Je me souviens avoir assisté à de nombreux entretiens avec le président Ben Ali où nous, Africains, le félicitions du développement économique et social dans son pays. Sans voir qu’il s’agissait d’une façade visant à priver les Tunisiens de leurs libertés civiques et de les empêcher de contester le système mafieux imposé par le clan dirigeant.
Et en Égypte?
On y décèle la même aspiration à la liberté et à la démocratie; mais, aussi, comme partout ailleurs dans le monde, la même contestation face à des inégalités trop criantes. Dans les deux cas, il faut noter que l’islamisme n’a rien à voir avec la révolution.
Doit-on à l’intervention des Etats-Unis la retenue de l’armée égyptienne?
N’oubliez pas que le premier soulèvement citoyen s’est produit aux Etats-Unis avec la mobilisation sans précédent ayant permis l’élection de Barack Hussein Obama. Il est normal que celui-ci se sente une dette, politique et morale, envers les peuples du monde entier. La grande différence, c’est que le président des Etats-Unis ne suscite plus les révolutions; il les accompagne.
En quoi le cas de la Libye diffère-t-il des deux autres?
Les peuples refusent désormais les successions dynastiques
Au nom de la lutte contre l’impérialisme américain, les milices de Muammar Kadhafi vont se défendre et tuer beaucoup de gens. Pourtant, le Guide la révolution a su gouverner intelligemment pendant quarante ans, redistribuant la manne du pétrole. C’est sans doute pour cela qu’il pense qu’on l’aime. Mais il n’a pas compris que son peuple aspire au changement. Il a aussi beaucoup dépensé d’argent en Afrique dans des projets hôteliers ou autres et de nombreux ressortissants africains travaillent en Libye.
Quel impact pour l’Afrique subsaharienne?
Cette déferlante n’est pas qu’une affaire arabo-arabe; elle concerne le continent africain dans son ensemble. D’autant que les peuples refusent désormais les successions dynastiques. Il est assez facile de prévoir où surviendront les prochaines révolutions. D’autant qu’en Afrique noire, les partis politiques traditionnels se sont complètement décrédibilisés.
Qu’en sera-t-il au Sénégal?
J’ai créé un Mouvement politique citoyen avec pour slogan « Luy Jot Jotna » – Il est urgent d’agir! Dans les dix premières semaines de notre existence, nous avons rallié un grand nombre de cadres, professeurs, banquiers et fonctionnaires. Sans doute parce que nous sommes les premiers à lier une forte demande sociale en souffrance aux écueils de la succession.
Par Christine Holzbauer
© Copyright L’Express
Source URL: https://www.ivoirediaspo.net/cheikh-tidiane-gadio-le-soulevement-citoyen-ne-va-pas-sarreter-au-monde-arabe/4933.html/
Copyright ©2024 Ivoiriens de l'étranger | Diaspora Ivoirienne | Ivory Coast unless otherwise noted.