by Contribution | 20 août 2012 21 h 04 min
Pour qui connait la Côte d’Ivoire, il n’y a qu’ à observer et se rendre compte que les clivages entre acteurs politiques et autres populations idéologiquement opposées sont encore existants. Des clivages entretenus par les tensions toujours fraiches d’une crise post électorale dont les conséquences continuent de courir.
En effet, les attaques tout azimut de ces 10 derniers jours contre le régime actuel semblent ne pas surprendre l’observateur avisé de la scène politique ivoirienne. Mais l’ampleur de ces attaques fait se dissiper l’assurance des ivoiriens en un système sécuritaire qui commençait à faire la fierté du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. Conséquences de ce regain de violence; les ivoiriens vivent la peur au ventre. les mêmes causes produisant les mêmes effets. Mais à la réalité, y a t-il à craindre une dégradation du tissu sécuritaire ivoirien? Cette éventualité n’est pas à exclure.
Première raison. La réconciliation nationale chère au président Ouattara bat de l’ail. les partisans de Laurent Gbagbo qui demandent des gestes forts au pouvoir actuel semblent ne pas s’y reconnaître. Sur le terrain, les déclarations et autres actions ne sont pas à l’apaisement. Les populations supportant mal la présence des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) dans les villes, villages, campements et autres hameaux. c’est donc très souvent que des heurts surviennent entre populations locales et forces pro Ouattara constituées de FRCI et autres chasseurs Dozo. l’ex premier ministre Charles Konan Banny en charge de la réconciliation nationale n’ a jamais eu autant de mal qu’à donner corps à un processus qui risque de ne jamais prendre forme.
Deuxième raison. le fossé entre le pouvoir actuel et les opposants ivoiriens à leur tète le Front Populaire Ivoirien (FPI) se creuse davantage. Les derniers sont targués de vouloir déstabiliser le régime en place (arrestation de Lida Kouassi, ex ministre de la défense de Laurent Gbagbo, exilés soupçonnés de manœuvres de déstabilisation). De son coté, le régime de Ouattara est accusé de tueries et massacres des pro Gbagbo. Duekoué , Sinfra et autres. Les meetings et manifestations de l’opposition réprimés dans le sang, leurs leaders toujours en prison sans aucune forme de procès, le siège du FPI attaqué. Pouvoir et Opposition , une entente quasi impossible plus d’un an après l’arrestation de Laurent Gbagbo.
Troisième raison. Puis il y a cette cloche: Les forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Un assemblage de militaires, mercenaires burkinabè , d’ex rebelles de Sorro Guillaume, de volontaires , d’opportunistes et autres désoeuvrés venus de çà et là . Une armée pléthorique presque mono-ethnique que le pouvoir essaie de peaufiner par un dégraissage source de mécontentement et de colère. plus de 107 mile hommes selon le Programme National de Réinsertion et de Réhabilitation Communautaire (PNRRC) là ou le pouvoir prévoit en prendre que 30 mile environs. les héros d’hier appelés à retourner à leur petit métier pour ceux qui en auraient. Alors ça grogne. Des laissés pour compte qui seraient en train de se faire entendre.
Quatrième raison. l’armée nouvelle. la reforme de l’armée ivoirienne tant annoncée. Une initiative dont la schématisation parait difficile. les forces de défense et de sécurité (FDS) et autres Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) cohabitent dans une méfiance et une suspicion qui frise l’ironie. Une armée ivoirienne multiforme tenue par les seigneurs de guerre de l’ex rébellion. Une armée dans laquelle les FDS font plutout office de commis de bureau. les FRCI étant jugés plus fidèles et prêts à mourir pour le régime en place. Forces de Défense et de Sécurité et Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, une cohabitation de dupe. Un schéma proche du » je t’aime moi non plus »
Cinquième raison. Les militants LMP, les pro Gbagbo outre mesure, les fanatiques et autres nostalgiques de l’ancien régime, qui supportent mal l’humiliation infligée à leur leader et la manière dont l’armée française et les forces dites impartiales se sont rangées du coté de Ouattara. Ces hommes politiques, militaires, leaders de jeunesse ou simples citoyens qui donneraient tout pour voir tomber le régime en place. Des hommes, femmes, personnalités en Côte d’Ivoire, exilés ou à l ‘étranger encore actifs aux idéaux de Laurent Gbagbo, et qui oeuvrent matériellement, financièrement, idéologiquement, ou sur des réseaux sociaux afin de se faire entendre. Ces personnes qui continuent de croire au combat de l’ex président ivoirien ou qui espèrent son retour. Des gens de tout bord prêts à agir par tous les moyens pour chasser ADO du pouvoir. Pour ces derniers, Alassane Ouattara avait promis rendre la Côte d’Ivoire ingouvernable sous Gbagbo, et il l’a réussi. Il faut donc lui réserver le même sort.
Dans un cas comme dans l’autre, les ingrédients sont réunis pour le retour de la violence en Côte d’Ivoire. Et les récentes attaques n’en sont certainement que les prémices; des signes qui préviennent certainement que la ligne rouge a été franchie. Alors les ivoiriens habitués de ce genre de faits depuis 2000 le savent mieux que quiconque. Et pourtant ce peuple n’aspire qu’ à la paix. une paix durable encore possible, sous des conditions certes difficiles, mais qu’Alassane Ouattara gagnerait à oser.
Serge Pacôme Abonga Journaliste/Consultant Manhattan ,New york
By: serge pacome abonga
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