Crise ivoirienne : Le paysage médiatique français aux ordres de Nicolas Sarkozy selon Michel Galy
by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 12 janvier 2011 8 h 56 min
» Il y a une certaine uniformisation très curieuse de certains médias français, une sorte de formatage de l’opinion publique ». Ces propos sont du politologue Michel Galy, chercheur au Centre sur les conflits et animateurs de la revue « Culture et conflits » lors d’une interview avec Yannick Urrien sur les ondes de Kernews donnée le 6 janvier dernier.
De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le traitement quasi-partial des informations sur la Côte d’Ivoire par les médias français. Le chercheur Michel Galy fait partie de ceux qui refusent les discours calibrés et systématiquement empruntés quand il s’agit de dépeindre la crise ivoirienne. Il n’a pas manqué de fustiger les médias français aux ordres.
Ce qui explique la posture inflexible de ces médias vis-à-vis des autorités légales ivoiriennes. Aux dires de Michel Galy, « pendant qu’Abidjan, Alassane Ouattara, perdant des élections du 28 novembre et Guillaume Soro, chef de la rébellion des Forces Nouvelles sont enfermés à l’Hôtel du Golf, où ils sont de plus en plus isolés à l’international, des médias à l’image de France 24 ou Radio France Internationale, qui dépendent du Quai d’Orsay et donc une peu de l’Elysée, présentent une autre réalité des faits. »
On sait, en effet depuis l’accès au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui est aussi son accès à l’écran, comment les médias français restent à sa solde et donc au service de ses amis Africains, prompts à brader leurs souverainetés et à utiliser ses instruments de politiques étrangères comme agence de Relations presse.
Les journalistes français sont ainsi méfiants quand au traitement des informations qui touchent au Président et à ses actions (politiques, publiques ou privées), mais aussi à certains de ses fidèles amis sur le continent noir. Les médias sont-ils plus libres à Abidjan qu’à Paris ? La question ici mérite d’être posée avec ces discours restés monolithiques et surtout dictés par les autorités françaises.
« … Il y a une opinion tellement dominante qu’il devient très difficile d’aller à l’encontre et surtout un manque de recul… « , fait savoir Michel Galy. Ceci expliquant donc cela.
Mais, cette manière d’avoir un agenda bien dicté répond au grand souci de faire plaisir à Nico et ses amis de la République hôtelière du Golf qui pourraient éventuellement financer sa campagne pour 2012, et aussi permettre de rentabiliser des médias dont l’entretien revient cher. Parlant de rentabilité, il faut noter que la conquête de l’audience demeure l’objectif à atteindre et la Côte d’Ivoire est un sujet qui fait vendre.
Avec les outils simples d’analyse d’audience pour site web, nous avons effectué petit test sur les sites de RFI et France 24. Les résultats sont à la fois ahurissants et édifiants. France 24 et RFI ont atteint des piques dans les mois d’octobre, novembre et décembre qui sont les périodes qui coïncident avec la phase concrète du processus électoral, c’est-à-dire la présidentielle qui a vu le 1er tour le 30 octobre et le second tour le 28 novembre 2010. On comprend aisément pourquoi depuis près de deux ans avant même le scrutin, des pages spéciales, des débats et autres articles faisait la part belle à la Côte d’Ivoire et surtout à ses « patrons ».
Depuis la réélection du Président Laurent Gbagbo, la France tente d’imposer sans succès son filleul Alassane Ouattara à travers ses médias internationaux. Ils n’ont pas hésité à tordre le cou au Droit et proclamer le sieur Ouattara vainqueur sur les antennes de France 24 sur la base des résultats provisoires de la CEI.
Le CNCA (Commission Nationale de Communication Audio-visuelle), organe de régulation des médias ivoiriens, a même suspendu ces chaînes pour avoir violé les règles de l’éthique et la déontologie.
Heureusement, les médias publics ivoiriens ont pu apporter la réplique, aidés de médias indépendants sur le continent, mais aussi à l’étranger. Désormais, les débats sur les plateaux de télé sont plus équilibrés, les thématiques ou sujets cherchent à comprendre le fonctionnement des Institutions ivoiriennes. Le 5 janvier dernier sur France Ô dans l’émission « Toutes les France »avec Ahmed El Keiy sur la crise ivoirienne, on a assisté pour la première à un vrai débat. A cet effet, on peut dire que la pression depuis quelques jours est tombée.
Les médias qui avaient chaque jour, à chaque édition de journaux, la Côte d’Ivoire en ligne de mire ont déchanté pour faire du vrai journalisme ou s’acharner sur d’autres pays africains. Et en ce moment, la Tunisie de Ben Ali ou encore le Niger avec Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) sont bien dans le collimateur de ces industries aux ordres.
S: rti.ci
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