by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 21 janvier 2011 10 h 14 min
Le scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 censé remettre la Côte d’Ivoire sur les rails du retour à la normalité n’a fait que plonger le pays dans une impasse totale avec deux gouvernements qui se livrent une guerre de légitimité sans merci. Et les différentes médiations menées sous les bons offices de l’Union africaine (UA) et de la CEDEAO, en plus des voix qui s’élèvent de partout dans le monde, n’ont pu donner de succès à la voie pacifique de règlement de cette crise post-électorale. A l’heure actuelle, le chapitre de l’intervention militaire semble être l’ultime recours pour dénouer cet imbroglio politique qui, chaque jour, plonge le pays dans l’abîme. En prélude donc à cette action de force pour installer Alassane Dramane Ouattara donné vainqueur par la commission électorale indépendante (CEI) et qui a aussi l’onction de la communauté internationale, un vaste mouvement de troupes des forces impartiales s’opère depuis un certain temps à Bouaké, fief de l’ex-rébellion qui a pris fait et cause pour ADO dans cette bataille pour le palais présidentiel. En effet, ce mardi 18 janvier 2011 sous le coup de 20 heures 30 minutes, un cortège de la force militaire Française d’interposition baptisée »Licorne » et composé de plusieurs véhicules avant-blindé (VAB), de chars et de camions de transport de troupes, a fait irruption dans la capitale du Centre sous le regard interrogateur de la population. Et ce d’autant plus que depuis bientôt deux ans, cette force licorne a fait ses adieux à la capitale du Centre. Pour bon nombre d’observateurs de la vie politique, le retour de la force militaire française sur ses anciennes bases de l’école baptiste située sur l’axe Bouaké- Brobo n’est pas fortuit. Il s’agit là de signes avant-coureurs du recours à l’option militaire pour chasser du pouvoir, Laurent Gbagbo déclaré victorieux par le Conseil constitutionnel à l’issue du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier. Pour en savoir plus sur les raisons du retour inattendu de la force française d’interposition sur le sol Ivoirien, nous nous sommes rendu sur leur ancienne base de l’école baptiste. Mais une fois en ce lieu, leur présence n’a pas été aussitôt perceptible. Car pour cette mission, la force licorne a préféré élire son quartier général dans l’arrière-base de l’école, loin des regards des usagers de la route et surtout sans disposition particulière. C’est une bâtisse hermétiquement fermée, sans enseigne ni sentinelle qui abrite la force française dont la présence à Bouaké fait couler beaucoup de salive. Selon certaines indiscrétions, ces militaires ne sont pas encore sortis de leur logis depuis leur entrée dans ce lieu, si bien qu’il est impossible de les rencontrer. Outre la présence de la force licorne quant à l’imminence de l’option militaire, il y a également l’expansion de la section de l’ONUCI à Bouaké. L’aéroport est devenu à cet égard un véritable chantier en construction. Ce sont des tentes et des conteneurs qui sont dressés sur une superficie à perte de vue et encerclée de barbelés de fer. Un véritable camp militaire en construction dans le but d’accueillir des soldats. Les soldats pakistanais de l’onuci et certains ouvriers que nous avons rencontrés sur ce site, sont restés de marbre sur les motivations de ces travaux d’une si grande envergure. Seulement, ils ont soutenu qu’il n’était pas question du déplacement de la base située sur la route d’Abidjan, comme cela se racontait dans la ville. Est-ce pour délocaliser le siège de l’hôtel Sebroko d’Abidjan dans la capitale du centre eu égard aux différentes menaces et attaques contre cette base ? Là encore, aucune réponse précise n’a été donnée. Autre lieu, même décor. L’école des forces armées (EFA), située à quelques encablures de l’aéroport et abritant la base aérienne militaire de l’ONUCI, connait elle aussi des travaux d’expansion et de réhabilitation. Les barbelés font désormais place à une clôture et les chambres longtemps inoccupés font l’objet de profond nettoyage. D’autres sources indiquent que plusieurs centaines de soldats étrangers autres que des Français ont également débarqué dans le fief de l’ex-rébellion. En clair, au moment où les différentes médiations ont montré leur limite quant à la résolution pacifique de la crise-post-électorale ivoirienne, ces différentes manœuvres militaires des forces impartiales à Bouaké ne sont pas loin de faire le lit à une intervention militaire avec la capitale du centre comme base.
Francis N’Goran à Bouaké pour L’Inter
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