Elections en Côte d’Ivoire: Taisez-vous, Monsieur Sarkozy!
by Contribution | 9 décembre 2010 0 h 42 min
Les élections présidentielles auraient dû mettre un terme à dix années de crise politique et militaire en Côte d’Ivoire. Elles débouchent malheureusement sur une partition de fait du pays.
Ouattara l’emporte largement au Nord. Et, Gbagbo au Sud
Les partisans de Gbagbo dénoncent des scores staliniens au Nord, sous contrôle des rebelles. Ouattara fait notamment 97,84% dans le Denguélé. 93,55% dans les savanes. 94,70% dans le Worodougou. Et 85,40% dans la très cosmopolite Vallée du Bandama.
Il y aurait eu, selon les réclamations transmises au Conseil Constitutionnel ivoirien, des fraudes massives, des bourrages d’urnes, des contraintes physiques empêchant les partisans de Gbagbo de remplir leur devoir citoyen. A Korhogo, par exemple, dans le bureau de vote de Soba, Soro Bakari, le réprésentant du candidat Gbagbo, aurait été exécuté.
Ces scores nous invitent à la réflexion. On ne les a plus vus en Côte d’Ivoire depuis trente ans et la fin du parti unique. Normal, à l’époque, Houphouet se présentait seul, sans adversaire.
Selon Mr CHOI, réprésentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire, il s’agit d’incidents qui ne sont pas de nature à changer le résultat. Il confirme le résultat de la Commission Electorale Indépendante, intervenu en déhors des délais légaux. Ouattara serait le vainqueur du scrutin.
Ce n’est pas l’avis de la Cour Suprême de Côte d’Ivoire qui, invalidant certains de ces résultats au Nord, proclame Gbagbo vainqueur du scrutin.
La Côte d’Ivoire se retrouve ainsi avec deux Présidents de la République. Laurent Gbagbo, désigné par la Cour suprême, le juge en dernier ressort du contentieux électoral. Et Alassane Ouattara, désigné par la Commission électorale, qui a pour mission de ne donner que des résultats provisoires.
Le pays a aussi deux Premiers ministres. Mr Gilbert Aké Marie N’gbo, Professeur émérite d’université, issu de la société civile, nommé par Gbagbo. Et Mr Soro Guillaume, chef des rebelles du Nord, nommé par Ouattara.
Et enfin, deux armées. Les Forces de Défense et de Sécurité; l’armée régulière de Côte d’Ivoire qui reconnaît Laurent Gbagbo comme Président . Et les Forces Armées des Forces Nouvelles; la rébellion armée qui, elle, soutient Ouattara.
Ouattara, Gbagbo, la balle est dans votre camp! Taisez-vous Sarkozy!
La communauté internationale emmenée par la France a décidé de ne reconnaître que le résultat de la Commission électorale, certifié par Mr Choi, au motif que la cour suprême de Côte d’Ivoire est présidée par un proche de Gbagbo. Oubliant au passage que le président de la Commission électorale est, lui, un proche de Ouattara.
En réalité, vu les circonstances du scrutin, il n’y a pas un vainqueur incontesté. Il n’y a qu’ un seul perdant incontestable, le peuple ivoirien.
Une solution s’impose: un nouveau vote dans les zones contestées. C’est la solution prônée par la convention de la société civile ivoirienne (CSCI).
Mais la France qui n’est grande que lorsqu’il s’agit de « chausser les talonnettes de l’Afrique », et la communauté internationale peuvent s’agiter et gesticuler dans tous les sens. La Côte d’Ivoire n’est pas un pays sous tutelle de L’Onu. C’est un Etat souverain.
Seuls Gbagbo et Ouattara ont, entre les mains, la solution pour sauver la Côte d’Ivoire. Qu’ils s’asseyent ensemble! Qu’ils discutent tous les deux! Qu’ils sortent enfin de ce bourbier le peuple qu’ils prétendent aimer.
Alors Mr Sarkozy, vous qui faites de nos frères Africains, les boucs émissaires de votre politique nationale. Vous qui avez, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, insulté notre mémoire collective. Vous êtes, de tous les présidents de la V ème République, le plus illégitime à parler au nom de l’Afrique. Permettez-moi donc cette irrévérence… Taisez-vous!
Anicet Djéhoury
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