France: Immigration et délinquance – « C’est le bal des hypocrites »

by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 15 septembre 2010 12 h 29 min

Hugues Lagrange
Hugues Lagrange

France-Soir.fr – Pourquoi avoir osé étudier le facteur « culturel » dans les problèmes d’intégration et d’immigration et mis en exergue une ethnie au risque d’être accusé de stigmatisation ?
Hugues Lagrange –
Je n’ai pas choisi ce facteur. C’est un constat : dans les quartiers de la grande banlieue parisienne, les comportements sont variés. En France, il n’y a pas de différence dans l’immigration. Le terme « Noirs » apparaît comme une population unifiée. En réalité c’est une notion trop globale. Parmi les familles d’origine africaine, les inconduites scolaires ou judiciaires des adolescents varient par exemple entre les migrants d’origine des pays du golfe de Guinée (Congo, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin…, ndlr) et ceux originaires des pays du Sahel (Sénégal, Mali, Mauritanie…, ndlr). On me reproche de catégoriser ces derniers. Mais il faut introduire à côté des données économiques et sociales, étudiées comme à l’accoutumée, une distinction des trajectoires migratoires dans nos politiques d’intégration pour trouver des solutions. C’est le bal des hypocrites parce qu’on ne veut pas reconnaître que l’ensemble de nos politiques renvoie à la ségrégation de ces familles.

FS -En quoi ces familles subissent-elles des ségrégations ?
H.L –
On le voit très bien à Mantes-la-Jolie par exemple, où les familles pauvres autochtones d’immigration rurale sont à côté de l’Église en ville et les familles africaines dans les quartiers HLM plus excentrés. Mais il faut aussi prendre en compte l’adaptation des cultures africaines à ces quartiers français ghettoïsés. Dans les familles d’Afrique sahélienne, les fratries sont plus grandes (entre six et sept enfants) et l’écart entre les époux est plus important (le père étant souvent plus âgé). En moyenne, avec une fratrie plus étroite, comme dans les familles d’origine du golfe de Guinée, de meilleurs résultats scolaires sont associés. A l’opposé de ce que l’on entend souvent, ces enfants ne souffrent pas d’un grand manque d’autorité mais d’autoritarisme patriarcal très fort. En effet, les structures familiales autoritaires sont plus fortes s’il existe un grand écart d’âge dans le couple parental. Au Mali, par exemple l’éducation est faite par le groupe et la collectivité. La femme est entourée de ses frères et de ses parents, elle subit donc moins de discriminations au sein de la famille. Et le père n’a pas besoin d’assoir autant son autorité. Or, souvent ces jeunes femmes sont recluses et ne travaillent pas alors que la condition la plus partagée pour une réussite scolaire passe par le niveau culturel de la mère. Comment pourraient-elles éduquer leurs enfants si la génération d’en-dessous prend le dessus ?

F.S -Quelle serait selon vous, la solution pour éviter ces inconduites parmi les adolescents originaires des familles sahéliennes ?
H.L –
Il faut une solution qui se tienne au contexte occidental, où le travail des femmes est la voie de leur émancipation. Pour lutter contre l’autoritarisme patriarcale dont le premier danger est l’infériorisation de la femme, il faut accentuer le taux d’activité féminin dans les quartiers pauvres. La première critique de cette démarche serait l’accroissement des divorces et des familles mono-parentales. Mais selon mes constats, il existe déjà des « mères-courage » parmi ces populations d’origine sahélienne qui travaillent et éduquent leurs enfants. C’est ce que j’appelle des conflits de modernisation qui ont parfois été très bien acceptés par les pères. Et pour répondre aux critiques : dans ces foyers, l’échec scolaire n’est pas lié à la mono-parentalité. Car l’activité de ces femmes contribue à une nouvelle solidarité dans le couple, favorise de ce fait une fierté des enfants pour  leur mère et une meilleure intégration de la famille.

Le Déni des cultures, (Le Seuil, 350 pages, 20 euros), sortie prévue le jeudi 16 septembre.

S: francesoir.fr

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