by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 23 juin 2015 6 h 52 min
Agé de 54 ans, Emmanuel Karenzi Karake, chef des services de renseignements rwandais, a été arrêté, samedi 20 juin 2015, à l’aéroport de Londres. L’information a été révélée, ce lundi 22 juin 2015, par plusieurs sources qui confirment son arrestation.
D’après l’avocat des parties plaignantes en Espagne, les services d’Interpol en Grande-Bretagne se sont tournés vers Interpol Espagne pour vérifier que les mandats d’arrêt internationaux étaient toujours actifs, ce que leur a confirmé le juge espagnol.
Maître Jordi Palou Loverdos espère désormais que Londres acceptera d’extrader Emmanuel Karenzi Karake pour qu’il soit jugé en Espagne. « Il a été le chef des services renseignements militaires parallèles et secrets en 1994 et 1997. Ça coïncide avec beaucoup de tueries dans le pays pendant le génocide, mais surtout après le génocide et pas seulement au Rwanda, mais aussi au Congo [RDC, NDLR], souligne-t-il. Et pas seulement contre des personnes (espagnoles, rwandaises, hutues et congolaises), mais aussi des pillages systématiques dans l’est du Congo qui d’une façon ou d’une autre avait financé la guerre. »
Il n’est pas impossible qu’Emmanuel Karenzi Karake soit de nouveau au cœur d’une brouille diplomatique. Il avait été commandant adjoint de la Minuad, la force hybride de l’Union africaine et de l’ONU au Soudan de janvier 2008 à avril 2009. Kagame s’était résigné à ce qu’il quitte son poste sous la pression de l’ONU, justement car son nom figurait sur une liste de quarante personnalités visées par la justice espagnole pour avoir commandité des massacres et des assassinats.
Kigali demande une « explication »
Le Rwanda a officiellement demandé une « explication » au gouvernement du Royaume-Uni sur les raisons de l’arrestation du général Karenzi Karake, alors que ce dernier allait s’embarquer dans un avion pour Kigali à l’aéroport de Londres. Cité par le quotidien rwandais New Times, le ministre rwandais de la Justice, Johnson Busingye, a expliqué que le chef des services de renseignements avait été présenté à un tribunal dimanche pour une audience d’identification et a été informé qu’il comparaîtrait à nouveau jeudi.
Il a ajouté que le gouvernement rwandais serait « surpris » si le général avait été arrêté dans le cadre de la procédure judiciaire espagnole, laquelle selon lui ne répond pas aux critères requis par Interpol et « dont la légitimité aurait été sérieusement mise en doute par la justice espagnole », concluant enfin que si c’était le cas, la procédure serait contestée devant les tribunaux.
■ Une figure clé de l’appareil sécuritaire rwandais
Agé de 54 ans, le général Emmanuel Karenzi Karake, dit « KK », est issu, comme le président Kagame, de la diaspora ougandaise. Il a fait partie des chefs militaires de la rébellion du FPR avant qu’elle ne prenne le pouvoir en 1994.
Il a ensuite toujours occupé des postes importants et avait été choisi de janvier 2008 à avril 2009 pour être numéro deux de la Minuad, la force hybride de l’Union africaine et de l’ONU, déployée au Darfour. C’est à cette période que le mandat d’arrêt espagnol a été émis provoquant des tensions entre le Rwanda et l’ONU.
Réputé pour son franc-parler, Emmanuel Karenzi Karake est brièvement tombé en disgrâce en avril 2010 et mis en résidence surveillée pour « mauvaise conduite » avant d’être libéré en novembre de la même année après avoir « demandé pardon ». Retour définitif en grâce en juillet 2011, lorsqu’il prend la tête des renseignements rwandais.
Avec Afrik et RFI
Source URL: https://www.ivoirediaspo.net/le-chef-des-services-de-renseignements-rwandais-arrete-a-laeroport-de-londres/13063.html/
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