by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 15 mars 2011 1 h 25 min
Un principe sacro-saint du droit indique que « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. » Autrement dit, personne ne peut se plaindre d’être victime de sa propre démesure ou des conséquences néfastes de ses errances.
Dans le même ordre d’idées, le reggæ man ivoirien Alpha Blondy pourrait dire par ailleurs que « Les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains. »
Lorsqu’on jette un regard sur le passé du continent noir, même s’il y a bien des recherches qui tendent à nous disculper, on imagine mal que l’Afrique ait pu être dépeuplée de plusieurs millions de ses bras valides à travers l’esclavage, sans le concours conscient ou inconscient d’autres africains.
C’est également incroyable que le colon ait pu réussir le coup consistant en la mainmise sur nos territoires sans une certaine complicité africaine. S’il faut être tout à fait responsable, aujourd’hui encore, 50 ans après l’indépendance officielle, les grandes puissances ne continuent-elles pas de maintenir l’Afrique dans une position d’ « éternel assisté » ? Et ce malgré nos nombreuses ressources qui font la richesse des autres, sans compter sur la complaisance coupable, la collaboration active de certains chefs d’Etat africains.
Comment l’Afrique, bientôt le milliard d’habitants, peut-elle se développer lorsque ses Etats, dont les territoires arbitrairement délimités par l’ex colonisateur, cultivent le nombrilisme politique jusqu’à son comble ? En d’autres termes, est-il possible que la voix de l’Afrique compte un jour dans le concert des Nations ? Comment l’Afrique peut-elle réussir le pari du développement lorsque bon nombre de ses « dirigeants » reçoivent leurs instructions de Paris, Bruxelles ou encore Washington, avant de prendre une position sur des questions concernant son avenir ?
Il ne faut pas avoir peur des mots simples. « Une maison divisée contre elle-même ne peut tenir. » L’Union Africaine, la CEDEAO et bon nombre d’institutions africaines censées promouvoir l’unité politique ainsi que le développement économique des états Africains ont été complètement noyautées par les grandes puissances occidentales avec la complicité de certains chefs d’états Africains aux ambitions hégémonistes.
Ces organisations ne sont que des succursales du « nouvel ordre mondial », et elles ne représentent que très peu les états africains et encore moins leurs populations.
Par ailleurs, l’Afrique est restée impuissante face à de nombreuses crises identitaires qui ont finalement débouché sur des guerres fratricides et meurtrières, notamment au Soudan, en Sierra Leone, au Liberia ou encore en Côte-d’Ivoire où, si on n’y prend garde, on assistera à une reprise des affrontements sanglants entre le Nord et le Sud du pays.
Quelle est la cause de toutes ces tergiversations, si ce n’est les contradictions entre chefs d’Etat africains. Pendant que l’un s’engage pour la paix, l’autre attend de prendre des instructions de l’Hexagone ou du Pentagone, torpille les pourparlers de paix et ce, au nom des intérêts immédiats et égoïstes qu’on lui a garantis.
Somme toute, s’il est vrai que les grandes puissances font feu de tout bois pour que l’Afrique n’émerge jamais en dépit de ses nombreuses richesses (et c’est de bonne guerre !), il n’en demeure pas moins vrai que rien de cela ne serait possible sans la complicité d’Etats africains « clients » qui, de par leur position, servent de « base arrière » à la domination post-coloniale de nos pays.
Il faut que les Africains prennent conscience de la situation en travaillant à l’émergence d’une nouvelle classe politique affranchie de « l’esclavage mental » et comprenant les enjeux géopolitiques modernes. Cela étant dit, ces « états-clients » ne sont pas l’abri de surprises désagréables. Tout comme en Tunisie, en Egypte ou ailleurs, ces chefs d’Etats doivent savoir qu’ils peuvent être lâchés à tout moment par leurs « protégés » qui, de toutes les façons, n’ont d’amis que leurs intérêts. L’histoire récente de l’Afrique noire à travers des personnages comme Hamani Diori du Niger,Amadou Ahidjo du Cameroon, Jonas Savimbi de l’Angola ou Mobutu Sese Seko du Zaire,(tous adoubés par l’Empire en leur temps) nous enseigne d’ailleurs que les leaders Africains installés par les grandes puissances et téléguidés depuis l’extérieur sont quasi systématiquement renversés par ces forces impériales qui les manipulent.
L’Afrique ne peut réussir son développement que par la prise de conscience collective de ce qu’ensemble on est fort, mais divisé, on ne pourra rien construire de grand. Il est temps que les autres nous respectent aussi. Enfin !
Par Femi B. Oyeniyi
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