by Contribution | 6 mai 2011 21 h 12 min
Jacques Vergès, le 14 août 2007 à Amiens (© AFP Denis Charlet)
Les deux défenseurs français du président ivoirien déchu Laurent Gbagbo ont été refoulés vendredi avant son premier interrogatoire, alors que son successeur Alassane Ouattara doit prêter serment.
Les deux avocats, Me Jacques Vergès et Me Marcel Ceccaldi, ont été interdits d’entrée à l’aéroport d’Abdijan faute de visas en règle et ont été placés dans un avion pour Paris.
Cet incident est intervenu alors que M. Gbagbo, 65 ans, devait être entendu par le Procureur de la République à Korhogo (nord), où il se trouve en résidence surveillée depuis son arrestation il y a près d’un mois à Abidjan.
Il devait être interrogé dans le cadre d’une enquête préliminaire portant sur la crise née de la contestation du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, au cours de laquelle 3.000 personnes ont trouvé la mort, selon les autorités.
Des accusations d’exactions, de concussion et d’appels à la haine pèsent notamment contre M. Gbagbo, qui avait refusé de reconnaître la victoire de M. Ouattara. M. Outarra doit finalement prêter serment vendredi devant le Conseil constitutionnel.
«Manifestement, on ne veut pas que le président Gbagbo soit défendu. Je suis très pessimiste sur l’avenir d’un régime qui traite les avocats de cette manière», a commenté Me Vergès.
Le célèbre avocat est arrivé à Abdijan muni d’un visa délivré par le consulat ivoirien de Nancy (est de la France), mais les autorités ivoiriennes ont soutenu que le document n’avait pas été validé par l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris.
«Les autorités se livrent à une palinodie de justice», a dénoncé Me Ceccaldi, qui ne disposait pas de visa mais avait écrit au Procureur pour lui demander de «favoriser» son entrée dans le pays.
La troisième membre de l’équipe assurant la défense de M. Gbagbo, l’avocate franco-camerounaise Lucie Bourthoumieux, détentrice d’une carte de résident, a pu passer les contrôles mais a décidé de repartir avec ses collégues vers Paris.
Les trois avocats devaient également assister samedi l’épouse du président déchu, Simone Gbagbo, assignée à résidence depuis le 22 avril à Odienné (nord-ouest).
Ils devaient aussi être présents lors des auditions d’autres membres de l’ancien régime, dont le chef du parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, à Katiola (nord).
«Près de 200 personnalités de l’ancien régime sont concernées par ces auditions», avait indiqué le ministère de la Justice, précisant que le procureur d’Abidjan devrait les entendre «d’ici le mois de juin». Selon le ministère, ces personnalités «figurent pour la plupart sur la liste des personnes sanctionnées par l’Union européenne».
L’audition de M. Gbagbo intervient après l’arrivée mercredi en Côte d’Ivoire de trois experts internationaux indépendants chargés par l’ONU d’enquêter sur les violations graves des droits de l’Homme commises depuis la présidentielle.
«Nous avons exclu (de l’acte d’accusation ivoirien, ndlr) ce qui relève de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), comme les crimes contre l’humanité», avait souligné le ministre ivoirien de la Justice, Jeannot Kouadio Ahoussou.
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a indiqué mardi que ses services préparaient une demande au tribunal pour ouvrir une enquête concernant des massacres commis en Côte d’Ivoire.
(Source AFP)
By: seka
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