by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 5 mars 2014 12 h 47 min
« Une source m’informe que l’ex garde du corps d’ AFFI jusqu’ au 11 avril 2011 du nom de Adobi Grégoire, gendarme de profession a été abattu ainsi que son épouse à leur domicile de la Riviera.
Les enfants étaient à l’ école ce matin quand a eu lieu l’assassinat. C’est la consternation totale. Paix à leurs âmes ». Voilà ce que révélait Joël Curtis hier sur son mur FB.
Ces faits sont très graves. Dans une république dotée d’une Constitution, de lois, d’une justice pour les appliquer, ceci s’appelle un meurtre, même un double assassinat. J’ai guetté toute la journée s’il n’y aurait pas eu de déclaration de la part de son ancien patron Pascal Affi N’guessan pour confirmer ou non cette information. Vers minuit, voyant que rien n’avait filtré, je me suis permis de contacter certaines personnes, de mener une petite enquête au sein de la gendarmerie pour savoir si les faits étaient avérés, si effectivement Mr et Mme Adobi Grégoire ont été assassinés.
Ce matin j’ai eu la réponse, la confirmation que Joël Curtis disait vrai, que ce n’était pas une simple rumeur pour attiser le feu, et je vous livre ce que j’ai pu apprendre. « Les faits malheureusement sont vrais : l’ancien garde de corps de Affi avait conservé le véhicule qu’il avait avant la crise, véhicule de service, et ce matin-là, monsieur était dans la chambre encore quand Madame a démarré le véhicule pour faire ses courses; c’est alors que des individus armés ont fait irruption dans la cour au moment où le véhicule allait sortir de la maison. Lorsque Monsieur a entendu les discussions dans la cour, il est sorti pour voir ce qui se passait, alors ces hommes ont ouvert le feu, tiré sur Monsieur ensuite sur Madame, avant de s’enfuir à bord de leur véhicule. » Mes sources sont sûres et bien informées.
Plutôt que de s’occuper dès son retour de chantiers, de veiller à la rapidité de leur avancement, afin faire sortir plus vite les richesses du sol et du sous-sol, Alassane Ouattara ferait bien de prendre enfin les mesures adaptées à la situation de grand banditisme, de corruption et de violence de ses milices armées. L’enquête diligentée pour retrouver les assassins du journaliste Wé Désiré Oué a-t-elle abouti? Plus le temps passe et plus les enquêtes s’éloignent. D’ailleurs Nahibly va bientôt reprendre vie en accueillant un projet immobilier avec pleins de « logements sociaux ». Il n’y a plus de temps pour enquêter sur un massacre, place maintenant au bétonnage des preuves, avec l’aide de l’Onuci.
Pourquoi les fameux FRCI non reclassés n’ont-ils toujours pas rendu leurs armes ? Pourquoi ce gendarme, probablement non armé, puisque la normalité dans une démocratie bananière comme la Nouvelle Côte d’Ivoire émergente, c’est de voir des voleurs armés appliquant la loi en tuant et volant les gendarmes…
Triste émergence. Encore une famille brisée, des orphelins laissés pour compte. Et ne me dites pas que la première Dame va venir présenter ses condoléances, laisser une enveloppe comme elle l’a fait hier en visitant la famille du ministre des Eaux et Forêts, Mathieu Babaud Darret, pour prendre part au chagrin de la famille, à l’occasion du décès de son épouse. Évènement important dans cette Ouattarandie aux chagrins sélectifs, consignée déjà sur son site officiel. A noter en passant que l’article suggère qu’elle s’était déplacée avec son époux; mais aucune photo de lui, aucune signature sur le registre. Ouattara est guéri, il saute et gambade au point que les photographes n’arrivent pas à l’immortaliser sur leurs clichés…
Madame Ouattara ne s’était pas déplacée pour la veuve du journaliste désiré Oué, enceinte, à deux jours de son mariage. Et l’argent qui soulagerait des familles en difficulté va de préférence dans cette ploutocratie à ceux qui ne manquent de rien : le ministre des eaux et forêts n’avait-il pas déjà mis à contribution ses chers employés du ministère, depuis les collaborateurs directs jusqu’au portier et la femme de ménage? Se déplacerait-elle maintenant pour consoler et aider des orphelins ? Ce devrait être dans le registre de ses compétences et de ses attributions. Attendons de voir.
J’aurais déjà voulu écrire hier, j’attendais en fait la confirmation des faits, et un communiqué de celui qui aurait pu le mieux lever le doute: l’ancien patron de ce gendarme, le président Affi N’guessan. Parce que entre un gendarme garde du corps et son patron, il y a des liens qui se tissent, tant d’heures passées ensemble, le gendarme connait la famille de son patron, entend ses coups de téléphone, vient le chercher à son domicile. Et un patron digne de ce nom rentre aussi dans l’intimité de celui qui est censé le protéger et donner sa vie pour lui.
Et là silence. Rien, aucune nouvelle. Il n’était pas au courant ? Si, via FB il savait, et même des amis lui ont écrit pour le prévenir; à l’ère des téléphones cellulaires de 4èmegénération, je ne comprends pas. Je n’appartiens pas au sérail, je n’ai pas à m’embarrasser de sourires, de courbettes pour être « diplomate »,mais ce silence me gêne. Les manœuvres politiciennes passeraient-elle donc avant le cœur et les témoignages de compassion auxquels on s’attendrait en pareil cas? Pourquoi n’avoir pas réagi immédiatement ? Affi certainement-mieux que moi- connaissait des amis dans la gendarmerie à même de lui signaler si les faits étaient avérés, si son compagnon d’avant le 11 avril avait perdu la vie avec son épouse pendant que les enfants étaient à l’école. Bien sûr aujourd’hui le communiqué tombera, bien pesé bien adapté à la politique actuelle de rapprochement du FPI avec le gouvernement. Une sympathie taillée sur mesure, pesée en fonction des calculs de l’heure adaptée aux manœuvres politiciennes.
La parution de Notre Voie ce matin évoque sur sa page de garde « crime crapuleux :l’ex garde du corps d’Affi tué avec son épouse ». J’aurais voulu hier cette réaction à chaud, celle de l’ami, pas celle du politicien. Je vais arrêter là. Peut-être sa réaction est-elle consignée dans le journal. Je ne l’ai pas encore reçu, mais c’est la spontanéité que j’aurais désirée, avec tous mes frères ivoiriens pour bien voir que l’objectif de cette opposition c’est pour le moment de dénoncer les crimes, les emprisonnements d’un régime placé sous les projecteurs, que l’on déshabille, avant de prendre sa place en 2015, si les urnes sous contrôles vous y autorisent. La vérité est à ce prix, la réconciliation aussi. Et si la justice n’est pas au cœur des héritiers immédiats de Laurent Gbagbo, alors il y a à désespérer d’aujourd’hui et de demain.
Shlomit Abel, 5 mars
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