by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 31 octobre 2012 22 h 09 min
Avant même de parler de Nahibly, dont l’attaque du camp « fait l’objet d’une enquête judiciaire en cours », je rappellerai au signataire du communiqué que nous attendons toujours le rapport détaillé et circonstancié des exactions de Duekoué ! Qu’appelle-t-il « nombreuses réformes et des actions de sensibilisation et de formation aux droits de l’homme » ? Probablement parle-t-il des “chers” compatriotes Wé , avec lesquels l’Homme fort, imposé par la force, s’est essayé à la plaisanterie comme le faisait son prédécesseur, se faisant wé avec les Wé, leur arrachant de timides sourires, ou plutôt des grimaces, et croyant que la réconciliation et le pardon se passent de gestes concrets, d’actions concrètes, sur le terrain.
La récente rencontre entre les habitants de l’Ouest et le sieur Ouattara, après la première grosse plaisanterie de son déplacement au pays meurtri en avril dernier, le 21 avril précisément, comme l’Hirondelle qui est censée « faire le printemps ». Mais cette venue, annoncée à grand renfort de battage médiatique, engloutissant bien des fonds qui auraient été utiles aux familles endeuillées et sans abris, n’a pas débouché sur grand-chose : certains journaux avaient même titré « la montagne accouche d’une souris ». Alors, la semaine passée, pour cette deuxième rencontre, les cadres wé ont envoyé leur discours aux journaux bleus et se sont abstenus de paraître à la mascarade présidentielle; quant aux Wé recrutés pour la circonstance, ils avaient probablement été convoyés par bus entiers, avec à la clé petit bakchich et formation accélérée pendant la durée du trajet, pour s’entraîner à mieux sourire, applaudir et ovationner anachroniquement par des « Ado président !», celui qui depuis le 21 avril 2011 n’est plus en campagne électorale.
Mais comme la député PDCI Madeleine Oulaï de Bloléquin, tous se sont abstenus de parler de l‘essentiel -telle une femme terrorisée qui essaie de calmer un mari psychopate aux accès de colère incontrôlables…-, et n’ont dit que ce que l’on attendait d’eux…
Heureusement que le gouvernement « ne se contente pas d’une profession de foi » (laquelle ?), mais œuvre concrètement pour la réconciliation : le regroupement de la jeunesse dite LMP dans des camps de jeunes où on leur apprend l’électricité et ses effets sur le corps, de même aussi que la douce sensation du plastique fondu sur le dos et autre parties dénudées… Merci, cher gouvernement, pour vos joyeuses colonies de vacances et votre réconciliation en chansons; la musique adoucissant les mœurs, tout va bien, puisque de l’avis même des ménestrels, votre caravane n’attire guère les mélomanes et les candidats à la réconciliation ! Probablement êtes-vous tellement avancés dans la réconciliation que cet article d’Amnesty est totalement inutile : la paix est ce long fleuve tranquille qui est en train de submerger progressivement toute la Côte d’Ivoire !
Merci, cher gouvernement, de dessiner cette Côte d’Ivoire de demain, et d’avancer sur ce « chemin du respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit», un modèle du genre qui comme la croissance à deux chiffres, deviendra bientôt la référence du monde africain : tout le monde aura les yeux tournés vers la Côte d’Ivoire, car les premiers qui sont devenus les derniers, seront en vertu de cette même loi propulsés par le mensonge, la corruption, la violence et le meurtre à la première place : un Etat voyou, un Dozoland, une capitale internationale de Maçons sans ciment reconstructeur mais aux bulldozers assainisseurs, où les droit de l’homme resteront indéfiniment des paroles vaines dans une bouche toujours prête à communiquer avec l’Etranger mais pas avec les Ivoiriens, les autochtones, ceux-là même que l’on mate, que l’on dresse, que l’on manipule, que l’on infantilise, que l’on asservit, et que l’on tue.
Mon espérance, c’est que nous ne sommes plus dans les années de guerre où pendant un temps très long, des bourreaux ont pu cacher des camps de concentration et d’extermination, des fosses communes, où des collabos ont pu donner le change et s’enrichir éhontément, sans être inquiétés. Non, ce génocide, cette Shoah qui ne dit pas son nom ne pourra pas indéfiniment rester cachée, secrète, ces bourreaux ne pourront pas indéfiniment jouer les bons pères de famille, les bons patrons, les bons guides…
Et puis, il y a le facteur Temps : si par sa volonté, l’homme méchant peut s’associer avec d’autres méchants dans ses projets funestes, le Temps qui est l’autre nom de Dieu, comme aime à le dire le Président Gbagbo, va faire et défaire ce que l’homme n’avait pas prévu ; il va abaisser celui qui se croyait au sommet et élever celui qui avait été jeté à terre. Jamais aucune dictature ne s’est inscrite dans la durée, et aucun dictateur n’a eu une belle fin de vie, ni son conjoint, ni ses associés dans le crime et le mal. Je ne peux rien contre vous, je n’utiliserai pas les armes contre vous, peut-être d’autres s’en chargeront-ils. Mais j’ai cette foi, armée de la prière, qui me fait croire que la Justice existe, pas celle honteuse de la CPI et des tribunaux civils et militaires ivoiriens, mais celle d’En Haut, cette Justice après laquelle soupirent tous les Ivoiriens qui en sont épris : je crois que cette justice est agissante, qu’elle s’exerce, qu’elle rend des sentences et que ces sentences seront exécutées !
Shlomit Abel, 31 octobre 2012
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