by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 27 novembre 2012 22 h 14 min
Le déplacement officiel dans l’Est de la Côte d’Ivoire du chef de l’état Alassane Ouattara, est le second voyage officiel à l’intérieur du pays en 19 mois de « règne ». Après celui de l’Ouest meurtri au printemps dernier, ce déplacement est un voyage sécurisé digne des plus grands de ce monde, alors que Ouattara va juste se déplacer dans une région tellement déshéritée qu’il a fallu auparavant construire ou refaire les quelques kilomètres de route, lui permettant de passer d’une ville à l’autre, tout en évitant les villages qui l’attendent eux-aussi. Ouattara est le président d’un état aux dimensions humaines, mais il est curieusement plus à l’aise dans un avion à sillonner le monde entier ; il aura d’avantage fréquenté les couloirs aériens, -plus de cinquante voyages recensés – que les routes et les pistes de « son » pays.
Et après ce voyage préparé à grand renfort de communication, les travaux de réhabilitation des infrastructures, la sécurisation des lieux déjà opérée depuis une quinzaine de jours par son staff rapproché, les habitants du Zanzan, à défaut d’apercevoir leur Elu, auront eu le plaisir de découvrir la crème des armées étrangères à son service, et les Frci et leurs homologues qui ont occupé et foulé le moindre kilomètre carré; « Que de treillis partout dans la ville! » s’exclame le journal Nord-Sud dans son édition d’aujourd’hui ! C’est que notre président de la Communauté internationale va se montrer à l’Est pendant quelques jours, et de poursuivre : « Le président visitera les grandes villes que sont Bouna (mardi), Doropo, Téhini, Nassian et Sandégué (mercredi), Transua, Koun-Fao et Tanda (jeudi). Vendredi, ce sera le meeting de clôture au Stade Ali Timité de Bondoukou »
Il sera sous bonne garde, escorté, entouré, protégé, cocooné par l’Onuci et tous les corps armés étrangers, et les frais de son déplacement vont certainement afficher une facture supérieure à celle des dons et investissement du généreux mécène Ouattara à son « cher » Zanzan, à qui il doit d’être sorti premier des urnes, sans avoir eu à les bourrer préalablement.
Voici qu’il vient, le Messie de l’Est, son chemin a déjà été aplani par Mère Dominique de l’Agence Crésus, grâce à ses petites gâteries livrées quelques jours plus tôt, alors qu’elle était en audience à Rome avec son époux.Il vient honorer son électorat et faire son cinéma grandeur nature. « A Bouna comme à Bongouanou, nombreux sont ceux qui se demandent si, à défaut d’une pluie de milliards sur les deux régions, les populations pourront au moins avoir les 450 milliards fcfa qu’Alassane Ouattara avait promis » nous dévoile Notre Voie. Lors de la visite-retour des Wé, notre Economiste célébrissime s’était contenté d’un petit chèque de 200 Millions de Fcfa, pour l’ensemble des circonscriptions, chèque non encore encaissé deux semaines plus tard. Que va-t-il nous sortir cette semaine de son chapeau d’illusionniste pour honorer très concrètement ces régions qui lui ont signé un chèque en blanc lors des précédentes élections présidentielles ? Elles qui ont tant espéré en le privilégiant, que leur région déshéritée décollerait rapidement?
Pour l’instant les grognements l’emportent sur les satisfécits … Quelques récriminations s’étaient fait entendre ces jours derniers, et avaient été relayées dans toute la presse. Alors Ouattara arrivera-t-il à les entendre et y répondre autrement que par un nouveau programme de campagne ? Saura-t-il répondre aux nombreux électeurs déçus autrement que lors de la fameuse conférence de presse du 5 septembre de cette année avec la presse nationale, verte et bleue, et internationale, tout bonnement annulée, parce que ses conseillers français ne l’avaient pas jugé capable de répondre correctement aux questions pièges qui auraient pu lui être posées par la centaine de journalistes conviés ? Le rendez-vous avait été seulement reporté à une date ultérieure, pour « raisons techniques ». Mais ces raisons techniques doivent être graves puisque presque trois mois plus tard, aucun technicien de France et de Côte d’Ivoire n’a su remédier à la panne.
Ici à l’Est, il peut avoir moins peur : il n’aura devant lui que des gens simples, pauvres, manœuvrables, qu’il espèrera encore endormir jusqu’à son prochain mandat. Mais ne se trompe-t-il pas de public ? Avec Gbagbo Laurent, toutes les couches sociales de Côte d’Ivoire s’étaient politisées. Les gens n’acceptent plus simplement de se courber et de dire « merci Bwana, tout ce que vous faites est bien, continuez ainsi! » Très vite, après son investiture, de gens très simples, analphabètes du Nord, autochtones et allogènes, avaient compris qu’ils n’avaient pas gagné au change…
Dommage qu’un homme politique, malade, en sursis comme lui, endetté, mal aimé, se donne encore l’illusion d’être un homme adulé et acclamé par les foules… Son staff d’hyper sécurité en dit long sur ses craintes d’être déboulonné non seulement pas ses adversaires mais encore par les gens de sa maison, les siens qu’il n’a pas su choyer, récompenser comme ils l’attendaient en retour de leur voix…
Alors, comment dit-on déjà à l’Est « Gbagbo Kafissa» ?
Shlomit Abel, 27 novembre 2012
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