“La photo retouchée du boucher de Sindou est “parfaite”. Moi j’aurais voulu que ce soit son cœur qui soit retouché”, écrit un internaute
“Regardez YOMO dans cheveux. Piqûre de botox au visage, teint retouché, cou et visage déridés… Tout ça pour nous sortir une photo mortuaire!” écrit un autre.
“Ah ah ah, la photo truquée. La France ne peut rien faire. Quand on est mossi on est mossi. Tout le monde connait la tête du monsieur, et vous voulez l’embellir, sans compter le sang sur ses mains. Dieu ne dort pas. Quand on est laid, on assume. Quand on tue, on assume, quand on fait des coup d’état, on assume. Eh dieu, quelle drôle de tête !”
“Le BOUCHER de Sindou verse tellement dans l’imposture et la malhonnêteté qu’il triche même avec sa photo. On croirait que c’est son jeune frère de moins de 25 ans. Où est ta bouche et ton œil tordu de sanguinaire rebelle ? Ado tu est vraiment lugubre, sombre et ténébreux que même avec cette retouche de photoshop, j’ai du mal a supporter ton image tellement tu es lugubre. C’est sûrement le reflet sur ton visage de la couleur de ton coeur très noir. Pauvre de toi !!!!”, écrivent encore deux ivoiriens. Pour plus de témoignages, voir ici.
Dommage que Ouattara s’enferme dans sa logique de conquérant rancunier, jaloux de la popularité du président Gbagbo, ne supportant rien qui le lui rappelle.
Pauvre Ouattara … Ce portrait , c’est celui qu’il désire du plus profond de son cœur : pouvoir au réveil et au coucher se regarder dans un miroir et y voir le visage d’un homme honnête, intègre, qui a l’avenir devant lui, une nation riche et une population avenante, des collaborateurs qui sont des amis, une police efficace, des institutions qui marchent. bref, savoir que chaque jour qui passe, il aura apporté sa contribution efficace à un état qui “roule” pour l’embellir encore, à l’image du photomontage, une Côte d’Ivoire encore plus belle que celle que lui aurait léguée son prédécesseur Gbagbo, avant que le guerrier de l’Elysée ne s’en soit mêlé ! Peut-être qu’un petit coup de photoshop -sur les institutions en ruine, les universités détruites, les archives anéanties, les pharmacies vides et les hôpitaux désertés de leurs médecins, les Dozo et taulards en cavale, les faux-billets CFA, le ministre Tagro, une balle dans la bouche, tout les morts, et j’en passe !- suffirait pour rendre la réalité supportable et maintenir l’espérance de jours meilleurs sous la houlette du nouveau berger de la Côte d’Ivoire!
Je pense sans me tromper, que son ami Saint-Nicolas, son bon patron, président en sursis d’une France qui prend l’eau de toute part, lui au moins aime ce portrait, car il maintient l’illusion d’une issue pacifique à la crise électorale ivoirienne : il n’y a pas eu de bidouillage dans les résultats électoraux, la Licorne et l’ambassadeur de France Jean-Michel Simon, – élevé au rang d’officier de l’Ordre national ivoirien en 2003 par Gbagbo, n’ont rien à se reprocher, ils ont agit strictement selon leur cahier des charges, il n’y a pas eu de bombardements français, il n’y a pas eu de coup d’état orchestré par la France, il n’y a pas eu de pertes en vies humaines, il n’y a pas de prisonniers embarrassants pour la Constitution ivoirienne qui bien sûr n’a jamais été violée !
Bref, grâce à ce portrait réussi, un loup s’est transformé en agneau, et l’avenir à défaut d’être radieux – à l’image des nombreuses photos de Laurent Gbagbo- reste encore ouvert, Alassane Ouattara, c’est comme dit le slogan : «Un visage, un regard franc qui parle à chaque Ivoirien, un léger sourire invitant les Ivoiriens à l’optimisme et un drapeau, celui de la République de Côte d’Ivoire, le tout dans un fond neutre».
Tout est dit dans ces non-dits, un visage qui doit rappeler la Joconde, mais rappelons que c’est Léonard de Vinci qui a fait l’histoire, et non son modèle au sourire énigmatique ! Faut-il vraiment que l’appréciation des ivoiriens pour leur chef d’état soit purement esthétique, telle celle de ces anonymes du monde entier venant admirer l’un des joyaux du Louvre ! Quel avenir pour la Côte d’Ivoire et les ivoiriens devant la toile du “Jocond” burkinabé ? L’optimiste est de très courte durée, à l’image de ce sourire qui s’efface très vite, devant la réalité brute d’un peuple martyr, assassiné derrière le drapeau des faux-semblants : l’éléphant à terre, amputé de ses défenses d’ivoire, pour ne garder qu’une image sobre, sur “fond neutre”!
“Cette Renaissance, je suis venu vous la proposer. Je suis venu vous la proposer pour que nous l’accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l’Afrique dépend pour une large part la Renaissance de l’Europe et la Renaissance du monde.”, affirmait Sarkozy dans son discours de Dakar[1] en 2007.
Historiquement, le terme de Renaissance, s’applique à la redécouverte des sources antiques, qui vont vivifier, ouvrir sur des idées nouvelles : la renaissance africaine devrait donc se situer dans le domaine des idées, dans l’optique d’un panafricanisme fécond; alors qu’avec cette nouvelle version black de la Joconde, ne s’agirait-il pas plutôt d’une renaissance françafricaine, version sarkoziste ? Depuis le 11 avril 2011, la renaissance de la Côte d’Ivoire ne se situe plus que dans une approche esthétique et linguistique! Pour pouvoir construire, reconstruire, il faut que Nicolas sarkozy et son maître d’œuvre Ouattara déblaient les décombres, et assainissent la place ! Trop dangereux, il faut gagner du temps et faire patienter les ivoiriens !
Bref, la renaissance de l’Afrique et plus précisément de la Côte d’Ivoire, en cette veille de 14 juillet, s’est réduite à un banal plagiat de l’une des plus célèbres toiles de ce maître de la dite Renaissance!
By: Shlomit Abel