by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 17 novembre 2010 15 h 55 min
A peine rentré d’Asie, Pete Souza a mis une nouvelle rafale de photos de Barack Obama sur Internet : la visite au Raj Ghat, le lieu de la crémation de Gandhi, à New Delhi, une plate-forme de marbre où Michelle et Barack, pieds nus, ont dispersé des pétales de pétales de fleurs. La limousine américaine (‘The Beast’) encadrée par 24 chevaux de la garde d’honneur indienne, devant le palais présidentiel, une sorte de Versailles moghol (4 étages, 350 pièces, 700 millions de briques, des fontaines et jets d’eau jusque sur les toits).
Les photos du G20 de Séoul sont nettement moins glorieuses. Barack Obama arbore un sourire presque contrit, aux côtés de Frau Merkel. Avec Hu Jintao, il se penche aimablement mais le dirigeant chinois préfère regarder l’objectif, droit sur sa chaise. Après la chaleur de l’Asie du Sud, Barack Obama a été battu froid par ses collègues, furieux que l’Amérique fasse marcher la planche à billets tout en leur demandant de dépenser plus ou de faire une cure d’austérité… Ce à quoi le président nobélisé a répondu que tout ce qu’il fait est, par définition, pour le bien commun de la croissance mondiale…
La Maison Blanche entretient sa propre ‘galerie’ sur le site de partage de photos Flickr. Elle y ajoute 75 clichés par mois, destinés à montrer la présidence, côté coulisses. Le fonds contient déjà 2 500 photos dans lequel tout le monde peut puiser gratuitement, le public comme la presse. L’administration Obama se flatte d’une transparence sans précédent. Les photos qu’elle diffuse en temps réel étaient jusque-là ensevelies aux Archives pour vingt ans. Toutes les semaines, elle met aussi sur le site WhiteHouse.gov un petit résumé en images, façon ‘actualités’ des salles de cinéma des années 1950. La vidéo, ‘The West Wing Week’ est vue par quelque 20 000 personnes en moyenne sur YouTube. Le producteur est Arun Chaudhary, un ancien de la campagne présidentielle.
La plupart des photos sont l’oeuvre d’un photojournaliste de 55 ans, Pete Souza, un homme qui a toujours l’air prêt à bondir sur l’instantané. Tout jeune, il a travaillé à la Maison Blanche de Ronald Reagan. Il a aussi couvert la chute de Kaboul et enseigné à l’université de l’Ohio. Il était photoreporter pour le Chicago Tribune quand Barack Obama a fait ses débuts à Washington début 2005. Fasciné, il a accompagné l’ascension du jeune sénateur et publié un livre qui montre en couverture le candidat escaladant les marches du congrès quatre à quatre. Comme souvent dans les photos de Pete Souza, Obama est vu de dos. Le spectateur le suit.
Pete Souza estime faire oeuvre d’historien et ses photos sont souvent figées dans le marbre, comme suspendues dans le temps. Barack Obama lui a donné un accès total, à condition qu’il ne trahisse pas les conversations. Il assiste à toutes les réunions et s’incruste autant qu’il lui plaît, même pendant les tête-à-tête. L’une de ses photos préférées est le gros plan sur les mains de Michelle et Barack jointes sur le bastingage d’un bateau pendant la marée noire en Floride. Ou Bo, le chien d’eau portugais, couvert de neige. « Bo et moi, cela fait deux Portugais à la Maison Blanche », plaisante-t-il. Pour ce qui le concerne, l’héritage remonte à ses grands parents, qui ont émigré des Açores. Mais il a grandi dans le Massachusetts et la langue s’est perdue.
C’est John Kennedy qui a le premier eu un photographe en résidence permanente à la Maison Blanche. Depuis, Jimmy Carter est le seul à ne pas avoir succombé à la tentation de penser que tout ce qu’il faisait devait entrer dans l’Histoire et être répertorié. A une époque de tout-numérique, Pete Souza fait de 500 à 1 100 photos par jour, selon l’emploi du temps du président. Dans les grandes occasions, comme l’investiture de janvier 2009 ou le vote de la réforme de l’assurance-santé, il a fait plus de 1 500 clichés sur la journée. En moyenne : 20 000 photos par mois. Au bout du mandat, à ce rythme-là, il aura accumulé près de 1 million de photos. Et en vertu de la loi sur les archives présidentielles, aucun cliché ne peut être effacé.
La galerie de la Maison Blanche est une mine d’informations. Sur l’agencement des réunions sur l’Afghanistan (Tiens, Hillary n’était pas là ?). Sur les petits détails de l’ordonnancement (chaque membre du cabinet possède un fauteuil de cuir marqué d’une petite plaque à son nom, comme les réalisateurs de cinéma, et quand il quitte l’administration, il emporte la chaise avec lui). Avec Pete Souza, on est dans le bureau Ovale quand le fils d’un collaborateur, du haut de ses 4 ans, demande à voir si l’occupant a vraiment la même coupe de cheveux que lui. Ou à l’intérieur de la limousine quand le président, happé par toutes ses obligations, essaie de téléphoner tout en remercient les passants qui font une haie sur son passage.
Mais on se demande où sont les clichés du reste de l’actualité à la Maison Blanche, les colères prêtées par la presse au chef de cabinet, les délibérations houleuses sur l’Afghanistan. Les soirs de défaite électorale. En date du 3 novembre, la photo du jour montre un Joe Biden en pleine hilarité, entre deux portes. Les photos de Pete Souza sont toujours très cadrées. Une fenêtre, un miroir, un pan de mur. Peut-être parce qu’il se sent très encadré.
S: lemonde.fr[1]
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Source URL: https://www.ivoirediaspo.net/un-million-de-photos-dobama/1538.html/
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