by Le Magazine de la Diaspora Ivoirienne et des Ami(e)s de la Côte d’Ivoire | 1 juin 2013 21 h 01 min
Lusaka – Des sympathisants du président zambien Michael Sata ont attaqué vendredi un rassemblement contre la vie chère et frappé les participants qui s’étaient retranchés pour prier dans une église de Lusaka, faisant au moins un blessé, un évêque.
Le rassemblement d’une soixantaine de membres de la société civile, organisé pour dénoncer la suppression des subventions pour le maïs et pour l’essence, avait été interdit. Les manifestants avaient trouvé refuge dans l’église évangélique de la parole biblique (Bigoca) de Matero, un quartier populaire de la capitale, où le défunt président Fredrick Chiluba avait l’habitude de se recueillir.
Un évêque, John Mambo, réputé pour ses critiques du président Sata, a été violemment battu durant l’attaque menée par des supporters présidentiels – reconnaissables pour certains à leurs T-shirts politiques – et qui ont surgi avec des haches et des machettes.
Tenu par deux assaillants qui lui immobilisaient les épaules, Mgr Mambo a été frappé à plusieurs reprises à l’aide d’un manche de hache. Il a été transporté à l’hôpital.
Au nombre d’une centaine, les supporters présidentiels étaient arrivés en chantant « on est au pouvoir, on est au pouvoir » et ont cherché querelle à l’assistance qui chantait des cantiques. De hauts responsables de l’opposition se trouvaient parmi les manifestants.
« Pourquoi vous êtes-là et c’est quoi votre problème, les mecs? On va régler ça », a lancé l’un d’eux, jeune et visiblement sous l’emprise de l’alcool.
Immédiatement après, les coups ont commencé à pleuvoir sur tout le monde, y compris un caméraman de la télévision publique nationale ZNBC. Le journaliste de l’AFP, indemne, s’est échappé par une fenêtre de l’édifice.
La police avait interdit le rassemblement en mettant en avant des raisons de sécurité, et les organisateurs avaient décidé de tenir une prière.
Quand un semblant de calme est revenu dans l’église attaquée, le pasteur Peter Ndlovu a pris la parole pour demander au président Sata de laisser chacun exprimer ses opinions.
« Il n’a qu’à tenir ses promesses. Nous ne sommes pas contre lui mais nous voulons une gestion correcte. C’est un lieu de culte ici, et les gens ne devraient pas venir avec des haches pour tuer les fidèles. Regardez dans quel état est notre frère qui a été blessé, c’est inacceptable », a dit M. Ndlovu.
Le 18 mai, une trentaine d’étudiants avaient été interpellés sur ordre du président zambien après une manifestation de mécontentement contre la vie chère et l’arrêt, coup sur coup, des subventions pour l’essence et pour le maïs, une denrée consommée quotidiennement sous forme de semoule par les Zambiens.
Le taux d’inflation a atteint 7%, contre 6,5% le mois dernier.
Le gouvernement s’est fondé sur un audit pour supprimer les aides au maïs, constatant que cela bénéficiait aux grands moulins industriels, sans que ceux-ci ne les répercutent sous forme d’une baisse des prix.
M. Sata, vieux routier de la politique zambienne né en 1937, a été élu en septembre 2011, renvoyant dans l’opposition le Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) au pouvoir depuis vingt ans.
Surnommé King cobra (« le roi cobra »), il s’était engagé en faveur d’une meilleure répartition des richesses nationales et de l’éradication de la pauvreté. Et durant les premiers mois de son mandat, rien ne laissait penser que la Zambie pourrait verser dans l’autoritarisme.
Sauf, peut-être, que M. Sata avait confessé une admiration pour Robert Mugabe, président du Zimbabwe voisin, souvent critiqué pour ses penchants dictatoriaux.
« Ils (Sata et son équipe, ndlr) sont arrivés au pouvoir en trompant les gens, et maintenant il a du mal à gouverner », a commenté Michael Kaingu, le vice-président du MMD, présent dans l’église. « Les arrestations et le harcèlement ne vont pas nous décourager. On veut que ça s’améliore pour la population », a-t-il ajouté.
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